En ce début d’année 2017, j’ai envie de me replonger dans les quelques mois qui ont clôturé 2016. Plus particulièrement sur ce qui m’est le plus cher : Damien Saez.

J’ai longtemps hésité à faire un report des concerts auxquels j’ai participé au Bataclan fin décembre dernier mais l’envie de poser quelques mots se fait assez forte pour proposer une nouvelle publication « saezienne ».

Tout a commencé à la mi-juin, cette personne, que l’on surnomme aussi bien de façon sarcastique qu’affectueuse « l’Ours », se réveille après quasiment trois ans de silence total.

Au premier message affiché sur le site officiel, nous n’avons aucune idée de ce qui nous attend. C’est non sans émotion que j’embarque pour cette nouvelle aventure. Et quelle aventure ! Entre l’annonce d’une tournée pour le printemps 2017, un nouveau site et ce projet appelé Le Manifeste, on a de quoi se tenir en alerte. Une sorte de « souscription » à ce Manifeste est proposée, un appel à contributions accueilli avec plus ou moins d’enthousiasme auprès des fans, même ceux de la première heure, quoi qu’il en soit, Monsieur compte nous gâter.

Une vidéo est mise en ligne : elle représente un clown triste qui parsème sur une plage une multitude de roses pour prélude à ce « grand voyage », dans une atmosphère musicale des plus mélancolique, assez pesante. Au fil du temps et de ses nuits blanches, Damien Saez publie des textes que seuls les manifestants peuvent lire, aidés de l’application mobile « Requiem » qui aime te réveiller en pleine nuit pour t’avertir d’une dernière publication, d’un mot envoyé, d’une rose ajoutée sur le chemin du futur album.

Cet album intitulé L’Oiseau Liberté est annoncé pour le 9 décembre 2016, soit quelques jours avant les concerts du Bataclan. Deux titres sont en écoute libre via le site créé uniquement pour Le Manifeste nommé Culture Contre CultureTous les gamins du monde et Les enfants paradis. L’un lié à la fusillade perpétrée envers Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 et à la tuerie du Bataclan et des lieux aux alentours le 13 novembre de la même année. Sans se noyer dans ses propres larmes, il est impossible de rester insensible en écoutant ces deux morceaux.

Quelques semaines avant la sortie de L’Oiseau Liberté, rebondissement : un célèbre site de vente à distance propose la pré-commande de l’opus mais aussi et surtout des extraits de chaque piste. Il n’en fallait pas plus pour faire sortir de ses gonds, celui qui préfère se dire artisan plutôt qu’artiste.

De cette grogne sort une missive sur le site : « Quelle honte » et le titre Peuple Manifestant. Réellement en colère, il déverse tout ce qui le saoule au quotidien et tout le monde y passe, y compris son public (et c’est bien fait).

L’orage est passé, la tournée et l’album sont bien maintenus. L’Oiseau Liberté sort à la date prévue. Je suis un peu old-school dans ma manière de faire. Je vais donc chez le disquaire (sic, nous n’en avons plus dans le centre-ville, en vrai, je vais dans un espace culturel dépendant de la grande distribution, ah, tu vois ce que cela engendre la pré-commande sur internet hein ?).

Le dernier album découle directement ou presque des événements de 2015. Certains trouveront que 7 titres ( + 3 autres avec le prélude de l’acte 2), c’est un peu court, mais est-ce nécessaire d’en faire plus pour exprimer un ressenti face à ce qui s’est passé ?

L’Oiseau Liberté est un hommage à la liberté, un hommage aux gamins que nous étions, ces gamins devenus des adultes perdus sous les « likes », le vide ambiant. Un hommage au pays des Lumières qui ne jure plus que par les faits et gestes d’animateurs TV et pour qui le paraître est plus important que de s’occuper des siens, à écouter attentivement : Mon Pays, Je t’Écris ou encore L’Humaniste.

Je rapprocherais la plupart des textes à un autre bien plus ancien Menacés Mais Libres (et si vous cherchez bien, vous trouverez une vieille interview où Damien explique la genèse de ce morceau).

Quant à l’acte 2, c’est encore un peu la surprise. Avec les trois pistes proposées comme mise en bouche, les mots et les mélodies doucement mélancoliques prennent plus de vigueur, le piano se fait muet, rythme légèrement plus soutenu à l’instar de Je Suis, qui n’est pas sans rappeler la Mano Negra. Nous en saurons plus bientôt !

entreebataclan

Et puis, il y a ces dates au Bataclan, trois concerts qui ont eu lieu les 21, 22 et 23 décembre dernier.

Pour beaucoup, ces dates sont mal choisies. Pour moi, c’est le plus beau des « cadeaux ». Trois dates de retrouvailles, trois dates où Damien Saez a livré le meilleur de lui-même. La carapace de la tournée Miami semble s’être envolée.

Présente aux concerts du 22 et 23 décembre, c’est aussi les retrouvailles avec les amis, ces liens créés depuis un peu plus de 10 ans pour la plupart, et oui, c’est aussi important que le concert en lui-même. Tu y crois toi, à la magie des rencontres ?

Les trois soirs s’ouvrent sur Les Enfants Paradis, Mon Pays Je t’Écris, L’Humaniste, À Ton Nom… Des chansons qui ont encore plus de sens en ce lieu. L’album Varsovie-L’Alhambra-Paris est largement représenté avec Ceux Qui Sont en Laisse, Putain Vous m’Aurez Plus, Je Cherche Encore... Damien est bavard, taquin, se moque de lui-même mais a toujours autant de rage au cœur. Et cet Ave Maria, certes ce n’est pas lui au piano, certes bon nombre ont trouvé ce moment barbant, mais que de justesse dans sa voix, avons-nous besoin forcément de mots pour apprécier ?

Des speech à la volée aux allures de discussions entre potes, des sourires, des rires, si un applaudimètre se trouve dans la salle, je pense que nous avons dû le mettre à mal. Et puis le 23 décembre, il y a ce titre Le Dernier Disque, que juste après 2-3 mots entonnés il ne jouera finalement pas.

La veille Damien nous a dit « Je vous lâcherai pas ». Et bien, moi non plus je ne te lâcherai pas, pour ce sourire, pour ce piano, pour ce sang bouillant, pour ces mots, pour ta présence à chaque moment clef de ma vie et tout plein de raisons. A bientôt sur les routes espèce de clown !

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