Bonjour Gavroche Ça sera un peu idiot de vous poser d’où vient l’idée du nom de Gavroche. Mais peut-on dire que GAVROCHE c’est un nouveau mélange, assez croisé entre artiste solo et groupe ?

On peut dire ça comme ça. je suis solo car j’écris en un premier temps les chansons seul avec ma guitare, ensuite avec mes musiciens on fait les arrangements.

Poussons l’imagination un peu plus loin, Gavroche rime bien avec Jahvroche, non ?

c’est le nom que j’ai pris pour l’adresse http de myspace

Pour les gens curieux qui entendent parler de Gavroche partout mais ont du mal à trouver une bio complète même sur votre site web (http://www.gavroche-danslarue.com/), vous n’avez pas du tout mis de biographie. Est-ce c’est volontaire de votre part ou le webmaster s’est loupé?

C’est fait exprès car la bio est dans les chansons que je chante.

Quand je parle de vous, des fois on me répond « Ah c’est l’ancien prof avec le t-shirt Che Guevara et la tête dreadlockée ! ». Mais c’est qui, vraiment, Gavroche ? Peux-tu nous parler un peu de votre parcours humain et musicale ?

Bonne question. Mon parcours c’est le milieu familial dans lequel j’ai grandi, un milieu ouvrier. Le mot ouvrier qui était il y a encore pas si longtemps synonyme de lutte. Mon père s’est battu à coup de grèves et de pneu cramés ( événements de l’usine de la chière à vireux dans les ardennes), et moi à coup de mots. L’humain de ce fait ne ce dissocie pas de l’être musical

Histoire de connaitre votre univers musical un peu mieux, de quoi vous vous inspirez pour écrire vos chansons ? Quels sont vos groupes mythiques ?

j’adore bob marley, léo ferré, leprest mais aussi sliman azem, aït menguellet, idir et bien d’autres chanteurs kabyles.

Tu cites dans tes influences, Matoub Lounes, Lounis Aït Menguellet, Idir, ou bien slimane azem. Tu restes attaché à la Kabylie ? Qu’est ce que ça représente pour toi ?

C’est le pays de mes parents et par conséquent il est le mien de cœur. C’est une chance que de pouvoir parler deux langues, c’est aussi un refuge quand on se sent exclu.

On a déjà eu des artistes en France qui mettent en valeur leur double culture dans leur chanson, de Magyd Cherfi à Dub Inc en passant par quelques groupes de la scène reggae française. A quand du Gavroche qui reprend une chanson en langue kabyle ?

C’est en cours

Etre un artiste issu de culture métissé en France n’est-il pas un lourd fardeau à porter ? Ne sens-tu pas des fois porté comme une croix l’Algérie, la colonisation, la vie misérable des grands-parents et du coup par extension la misère du tiers-monde ?

C’est pas un fardeau. Le plus difficile n’est pas l’histoire passé mais celle que beaucoup voudrait nous faire vivre au quotidien.

Dans la chanson « Kouleur de la terre » tu dis : «Mais j’ai la peau kouleur de la terre, Ce n’est pas dans la langue de ma mère, Mais bien dans celle de Molière, Que moi je leur déclare la guerre ». Ca me rappelle un peu Kateb Yacine et son livre Nedjma. Y a-t-il des écrivains qui t’inspirent pour écrire ?

Il y a un écrivain qui malheureusement n’a pas eu la reconnaissance méritée (et qui d’ailleurs était différent de kateb yacine sur la question de la langue française) : Malek Haddad !!!

Tu as sorti en tout, quatre albums (y compris les maxis), mais on ne peut en trouver que deux seulement sur le marché. Rupture de stock ? Gavroche se vend si bien qu’on y retrouve plus ces disques ?

Rupture de stock

En écoutant « Dans la Rue » et quelques morceaux inédits, je suis dans l’incapacité de vous classer à côté d’autres artistes ou de vous ranger dans un style précis. Pour vous, votre musique, c’est du Reggae ? Chanson française ? Folk ? Ou simplement la vie ?

je dirais chanson française du quotidien

Sur cet album, mes titres préférés sont « Dans la Rue », « Putain de Came » et « Sans papiers » (même si je dois avouer que je savoure toutes les chansons du disque). Ça ne vous effraie pas de dévoiler un album si intimiste et si triste?

Non car quand j’écris une chanson je ne pense pas « album », j’écris selon mes humeurs. j’ai écrit une centaine de chanson que le public n’entendra jamais mais que je continue à chanter dans ma cuisine( disons dans mon salon car dans la cuisine y’a même pas de place pour une chaise Si j’ai appelé mon album « dans la rue » c’est précisément parce qu’il faut l’écouter comme un passant qui marche dans la rue. Il ne choisi pas les gens qu’ils croise mais il peut faire différentes rencontres. Chacune de mes chansons est une rue , leur point commun est de faire partie du même quartier. Y va qui veut.

Et avec des textes qui s’inspirent de l’actualité mais qui parlent de la vraie vie, quel message avez-vous voulu faire passer?

Pas de message mais parfois c’est dans la tristesse qu’on retrouve un second souffle.

Dans une de leurs chansons, la Rue Ket’ disent « Les chansons n’appartiennent qu’à ceux qui les laissent s’envoyager. Pour qu’on puisse encore les chanter sans qu’elles aient besoin de papiers ». Tes chansons sont faites pour le voyage ? Le partage ? La magie des rencontres ?

Elles sont faites pour qui veut les entendre. Je suis toujours content quand un prof me dit qu’il étudie telle chanson avec ses élèves, ou qu’un étudiant chante « sans papier » à son concours d’instituteur, et je suis également content quand on me demande les tablatures de telle chanson. C’est comme tu l’as dit un partage.

« Dans la Rue » c’est loin d’être un album commercial, vous n’aviez pas eu peur de vous cassez la gueule quand vous l’avez sorti ?

Non car au risque de me répéter, je n’ai pas écrit cet album dans l’optique de le vendre. Je l’avais écrit pour moi. C’est quoi un album commercial? Un album qui parle de SMS dans ses chansons, de filles à peine ado qu’on craqué sur un mec à peine ado? c’est quoi un album commercial? Des chansons avec peu de vocabulaire… c’est pas bon je commence à m’emporter. Mon album n’est pas commercial et je m’en moque.

Votre meilleur et plus mauvaise critique que vous aviez pu entendre concernant cet album ?

La meilleure est « pour qui il se prend celui avec ses chansons »? c’est la meilleure car la personne à pris le temps de s’attarder sur les textes. La pire c’est… « pour qui il se prend avec ses chansons »

« Dans la Rue » reste quand même un album très ambitieux. Aviez-vous une idée précise de ce que vous vouliez mettre sur le prochain album, de ce que vous vouliez accomplir ?

Aucune idée, j’ai aucun sens de l’orientation de ce fait je n’ai jamais idée du lieu où mes chansons se poseront .

Pour clôturer les questions concernant votre album, de « Sans papier » à « Ecoute dans le vent », on retrouve dans cet album plusieurs chansons assez ‘engagées ‘. A-t-on essayé de vous récupérer pour une cause précise ? Ou pour être plus direct : Gavroche s’investit-il dans des associations ?

Quand on me demande de chanter pour telle ou telle cause, je demande toujours au responsable de me fournir les plus d’info possible sur tout ce qui touche de prés ou de loin à ce concert. Investissement financier, ou va l’argent, quels sont les partenaires… je m’investis dans des asso mais je ne le cris pas sur tous les toits.

Tu as participé à l’album de Ridan me semble-t-il. Peux-tu nous parler un peu de cet artiste ? De votre rencontre ? De cette tournée entrepris avec lui ? Et qu’est-ce que cela vous a apporté ?

j’ai co-composé les musiques de « j’en peux plus » (dans laquelle je joue la guitare) et de « objectif terre ». La tournée m’a apporté un public plus large et la rencontre de professionnel de la musique qui voudraient bien gérer ma carrière. Vous parler de Ridan? je l’ai rencontré dans une émission dans laquelle lui, magid cherfy et moi étions invités. L’émission était celle de Rébecca sur france inter, dont j’ai oublié le nom? Ah! ça me revient: écléctique. De là j’ai donné à Ridan l’album « dans la rue » et vous connaissez la suite, un an de tournée avec lui…

Vous avez effectué énormément de tournées, partagé des scènes avec les plus grands (d’Idir à la Rue Ketanou), y a t-il eu des rencontres marquantes ?

la rencontre avec Jimmy oihid à Lyon quand il est venu me voir en concert. On a passé une partie de la soirée avec lui et son manager et en plus d’être un grand chanteur Oihid est un super gars. Et j’ai rencontré également Stephane ramzy directeur de la chaine de radio « la mou » le jour de mon concert à la cigale. Un type très chaleureux et très humain.

Gavroche sait chanter, écrire, composer et jouer… Qu’aimerais-tu encore accomplir en tant que musicien? Et en tant que humain ?

Fonder une asso pour les orphelins et les SDF.

Quels sont tes projets musicaux ou littéraires pour l’après « Mal à l’âme » ?

Je suis entrain d’écrire un livre dans lequel il y aura des pensées, des vaudevilles, de la poésie et un roman.

Sortir un roman, c’est ne pas se détacher de son passé ?

Non, c’est immortaliser le présent.

Ça ne vous manque pas trop le métier d’instituteur ?

Non !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Tu vivais bien en étant prof, qu’est ce qui t’as motivé à changer de vie ? C’était quoi le déclic qui t’as fait prendre conscience que ta vie c’est ça : faire de la musique et partager avec les gens toutes ces émotions.

Un ulcère, voilà le déclic!

Vous avez une page sur Myspace, et tu es souvent en contact avec tes fans, tu sembles être très disponible pour répondre à chaque mail. C’est nécessaire de garder contact avec ces fans ? Que penses-tu de ces nouveaux moyens de communication pour se faire connaître? Internet c’est l’avenir ?

Malheureusement je ne suis pas souvent sur myspace, manque de temps. cela n’empêche pas de répondre à tous les messages de mes « amis ». Internet c’est l’avenir certes mais cela pose aussi un problème quand il y a téléchargement abusifs de nos chansons car n’oublions pas que notre seul revenu est la musique.

Seriez-vous assez content si dans l’avenir proche, vous tombez sur un site qui propose en libre téléchargement tous vos lives ? Ou bien à l’inverse, vous vous opposerez à ce genre de pratique ?

Je viens d’y répondre. La moindre ces choses est que l’on demande à l’artiste son avis. Sur mon site j’ai mis des chansons en téléchargement libre mais je ne peux pas mettre l’album car dans ce cas je me retrouve sans le sou.

Et pour terminer, tu dis à un moment «Je me tairais pas. On m’enterra pas»… je voudrais te remercier pour toutes ces émotions, cette prise de conscience, cette envie de se bouger le cul, et l’envie de vivre tout simplement qu’on découvre à travers tes chansons…Jah bless you l’ami et au plaisir!

Merci à toi d’avoir pris l’initiative de cette interview. paix amour et connaissance