Eiffel, ça nous fait plaisir de vous voir ! On peut dire que vous revenez de loin. Pouvez-vous nous raconter ce qu’il s’est passé de votre Olympia jusqu’à ce nouvel album ?

Romain : On a construit un studio, à Bordeaux. C’était le moyen d’être indépendant techniquement, ce qu’on avait pas encore. En fait, après l’Olympia on avait plus de maison de disque et on s’est dit : si on attend de signer pour pouvoir enregistrer un disque, on va jamais y arriver, il vaut mieux enregistrer pour signer. Et c’est ce qui a marché. Donc ça a pris du temps, il s’est passé 2 ans. On a vécu des moments de doute, on a un peu flippé parce que les choses ne venaient pas, tout ca. Et puis en fait, au fur et à mesure, ça nous a permis d’être là aujourd’hui.

Vous revenez avec un nouveau groupe, Estelle tu joues désormais à la basse. Pourquoi ce choix ?

Estelle : Ca faisait longtemps que je me disais que si j’avais l’occasion d’essayer, ça risquait de me plaire. Et j’ai eu l’occasion d’essayer pour Le temps des cerises avec Bertrant Cantat. Il nous a demandé à Romain et moi de l’accompagner sur cette chanson. Ça m’a vachement plu, et je suis resté à la basse. Comme à ce moment là, on pensait chercher un bassiste, je me suis dit qu’on chercherait un guitariste à la place et que j’allais piquer la place du bassiste.

Nicolas on sait que tu es parti car le chemin que prenait le groupe ne te correspondait plus trop.

Nicolas : Pour plusieurs raisons. On avait beaucoup joué ensemble. C’était un moment où j’avais besoin d’autre chose. J’avais besoin d’arrêter. Il se trouve qu’effectivement je me sentais moins en phase. J’ai préféré à ce moment dire : « Bon ben, les gars… ».

Qu’est ce qui a motivé un retour maintenant ?

Nicolas : Ca a duré quoi ? 5 ans ? J’ai été vaquer à d’autres occupations musicales. Et puis on s’est retrouvé. D’abord d’un point de vue amical, on s’est revu plein de fois. Et de fil en aiguille ça s’est passé très naturellement. On est vachement potes à la base, on s’est revu en tant que potes, et je suis venu faire deux ou trois morceaux en invité sur un festival à Bordeaux, le festival des Terres Neuves. On a joué ensemble comme si on avait joué la veille. C’était super agréable. J’ai écouté les maquettes, et là je me suis dis « super génial » et c’est reparti. Sur ces bases là.

Romain tu écris, composes, joues de la guitare, chantes et arranges les morceaux. Comment font les autres membres ?

Estelle : Nous, on est pas auteur/compositeur donc dans ce domaine là, ça ne nous parait pas anormal. Le groupe à la base, il s’est monté sur les compos de Romain.

Oui, mais n’est-il pas compliqué de s’organiser autour de quelqu’un d’aussi « multi-tâches » ?

Romain : Ca je suis multi-tâches oui ! Je suis pas mono-tâche, je suis multi-tâche !

Estelle : C’est vrai qu’il est assez multi-tâche…

Romain : Des conneries, j’en fais pas qu’une ! Non, mais on a l’idée du groupe où les mecs ou les filles se retrouvent dans une salle et disent « Ah j’ai une idée ! Ah ben moi aussi ! Ah ben moi aussi ! Ah ben c’est cool toutes nos idées convergent vers la même compo ». Mais je crois que c’est rare que des groupes marchent comme ça. J’en connais pas beaucoup en fait.

Estelle : C’est assez logique, Romain il a une idée, avec la musique qu’il a faite, avec des morceaux d’arrangements. Après on en discute vachement. Les textes on a passé des milliers d’heures à en parler ensemble, de la musique, de comment on allait faire sonner… Nous ce qu’on apporte c’est un rôle de musicien/interprète, on s’approprie les chansons, on discute de comment on les voit, comment on les ressent, et comment on va les faire ressentir au public, ensemble. Mais c’est vrai que la base vient de Romain.

Romain : L’interaction c’est quelque chose d’assez mal défini, d’assez mal compris. Je mets pas de hiérarchie entre le fait d’écrire une chanson ou le fait de jouer du triangle dans un orchestre. Il n’y a pas une chose qui est plus importante que l’autre. C’est souvent présenté comme ça : il y a les créateurs, et puis ceux qui exécutent. Je pense que la création c’est aussi jouer. Je joue de la guitare, et quand je joue la chanson de quelqu’un d’autre, ca m’arrive assez régulièrement, j’ai l’impression d’y mettre mon âme. Et je pense qu’effectivement dans la musique il y a des « rôles », des endroits où on évolue plus les uns que les autres. Et moi depuis le début, depuis que j’ai 11 ans, c’est écrire des chansons. Donc, c’est pas du tout genre j’arrive, je suis le meilleur du monde ou quoi que ce soit. En plus ca me pose aucun souci, j’ai déjà fait, et je le referais encore, d’aller dans d’autres projets où je réalise, où je produis un truc dont je n’ai rien écris. Là Eiffel oui, c’est autour de mes compos, sans que je sois plus important qu’un autre, c’est juste comme ça, ça c’est fait comme ça, c’est naturel. Il faut vachement dissocier le fait que j’ai produit et réalisé. D’habitude dans un groupe, t’as un ou deux compositeurs et puis après y’a les arrangements, tout ça. Et on prend un réalisateur, un producteur, un ingénieur du son extérieur. C’est vrai que pour ma part, ça fait multiple casquettes parce que j’enregistre et je réalise tout ça, mais c’est deux pôles bien différents. Dans le groupe je suis chanteur et j’écris des chansons, ce qui finalement est assez banal. Après il s’avère, que pour de multiples raisons, c’est malheureux mais je suis pas que guitariste, j’ai une idée sur le batteur aussi, j’ai une idée de l’arrangement, de l’harmonie, une idée globale. J’écris pas une chanson en me disant c’est un guitare et voix et puis après on verra. Il y a une idée de l’ambiance générale. Je prétends rien du tout, sauf que Eiffel, ça marche comme ça. Rien de grave.

Nicolas : On est aussi quand même d’accord tous sur le genre de chose qu’on veut faire passer. On a un but commun, une direction commune. Romain il a la direction plus précise que nous. Nous, on est là pour aller dans ce sens.

Estelle : Le fait qu’il enregistre, c’était aussi une nécessité vu qu’il n’y avait pas de maison de disque, qu’il n’y avait personne. Romain petit à petit il a appris le métier d’ingé son, de faire du son, de mixer, pour pouvoir mener à bout ce projet. Il le fait par nécessité. Si on avait eu l’occasion d’aller dans un grand studio avec quelqu’un qui nous enregistre, et bien il n’aurait pas eu besoin d’être aussi ingé son sur l’album, et ça lui aurait permis de faire d’autres trucs.

Romain : Ah oui, enregistrer ça me fait chier total. Par contre effectivement, réaliser, mixer, c’est un truc qui m’intéresse vraiment. Ça se pose moins ces questions là. On va pas emmerder Beck pour ça, on va pas emmerder le Grand Daddy, c’est un groupe et c’est le chanteur qui enregistre par exemple. Mais je trouve que ca donne un son très particulier justement.

« A tout moment la rue » est plus un constat qu’un appel. Au niveau des paroles, as-tu un sujet qui t’a tenu à coeur pour l’album ?

Romain : Il n’y a pas de thème différent des autres albums. C’est tout le temps la même chose. Ressassée, mais de manière différente. On peut pas inventer des thèmes, sinon on mentirait. Enfin, c’est pas vrai, on pourrait peut-être, il y a peur-être deux ou trois thèmes… Mais je suis pas assez bon là dessus pour reprendre, dans le descriptif, parler de bagnoles, parler de grands magasins. Ça m’intéresse pas plus que ça. Donc c’est toujours des thèmes essentiels, ou qui me semblent essentiels en tout cas. Comme celui de la mort, l’amour universel, la vie avec les autres, en y insérant des choses peut être pas secondaires, mais qui sont satellites, comme l’intelligence que peut donner l’humour. Donc il y a aussi des bétises, mais je trouve ça important d’avoir des thèmes assez profond, et puis il y a tout le temps un jeu de mot qui vient, ou une manière d’agencer les mots qui peut être un petit peu calambouresque ou contrepétesque. Il y a le sexe aussi, qui est évoqué toujours au détour d’une phrase. Mais autrement c’est le rapport au fait qu’on soit fini. Qu’on est là que là que pour un temps, et que tout émane de là. C’est ce qui me donne envie d’être là, il ne faut pas trop dormir non plus.

Ce nouvel album est moins Rock que les précédents et pourtant on adore. Visuellement parlant, la pochette est plus claire. Un truc à la White Album des Beatles. Est ce une façon de marquer la renaissance du groupe ?

Romain : Peut-être inconsciemment. On voulait un truc assez clair. On marche tout le temps par action. On a fait Tandoori, c’était un album noir et rouge, et on adore la pochette c’est pas le problème. Mais pour pas se répéter. Souvent on se pose la question de savoir ce qu’on va mettre sur la pochette. Est ce qu’il faut être significatif ? Faut il que ce soit figuraliste ? Qu’on y voit quelque chose ? Une nana avec une pomme ? Et le rapport entre la pomme et la nana ? Non, on voulait pas raconter une histoire avec la pochette, on voulait juste être déjà dans l’élément. La nudité, c’est plus ça, on est déjà à l’intérieur d’un truc. C’est pas non plus la vierge marie, c’est pas l’immaculée conception, il y a quand même quelques taches douteuses. Mais il y avait l’idée du double blanc des Beatles. Parce que du coup c’est une non-pochette, il y a du blanc avec marqué « The Beatles ». On allait presque la faire à la Eiffel. On voulait plus rien, parce que c’est vrai que c’est fourni ce qu’on fait. Il y a pas mal de textes, les morceaux proposent des passages assez différents, des choses comme ça. C’est une invitation à toutes les filles et les garçons.

Estelle : L’album on l’a voulu plus ouvert au niveau musical, c’était bien qu’au niveau même du graphisme ce ne soit pas un truc trop chargé, trop lourd. Souvent on a mis beaucoup de bases dans nos pochettes, des éléments qu’on donnait et qui n’étaient pas forcement super bien agencés, avec les textes écrits en minuscules, il fallait une loupe pour les lire. C’est vrai que là on s’est dit que ce serait bien qu’il y ait juste les textes, que ce soit aéré. On a pas pu s’empêcher de mettre plein de couleur, il y a quand même des trucs, des photos à la con, mais oui la face, on la voulait assez épurée.

Romain : On s’est pris la tête. On a bossé avec Chloé Sadoun qui a réalisé l’intérieur de la pochette du 1/4 d’heure des ahuris et qui a réalisé aussi Les yeux fermés. On avait vraiment l’idée du recto assez nu, et par contre du verso qui pouvait éventuellement proposer quelque chose d’autre. Un oiseau un petit peu imaginaire. On s’est bien pris la tête pour cette pochette.

Francois Villon a déjà été chanté par Serge Reggiani et Léo Ferré. Vous mettez en chanson le texte Mort j’appelle, pourquoi ce texte ?

Romain : C’est en lisant un bouquin de Jean Teulé, qui s’appelle Je, Francois Villon. Je connaissais deux ou trois poèmes de Francois Villon mais je ne connaissais pas tout, loin de là, d’ailleurs je ne connais toujours pas tout. En lisant ce bouquin là, qui est l’histoire de Francois Villon dit par Jean Teulé qui est un superbe auteur, c’est génial à lire, vraiment je conseille à tout le monde, que ce poème là s’insère dans l’histoire. Ça fait totalement parti de son histoire, c’est un truc assez taré qui lui arrive dans sa vie qui a généré ce poème. C’est la manière dont il arrive ce poème, et ce qui est généré dans l’histoire, le fait qu’il l’écrive, qui m’a donné vraiment envie de le mettre en musique, parce que c’est assez taré comme histoire.

Mille voix rauques cogne aux tympans et dégage une intensité incroyable. Romain, tu nous prouves une fois de plus ton talent d’écrivain et de compositeur. Pourtant, si on peut chanter en français sur de la musique rock, mais le rock en général, il est chanté en anglais. En tant que groupe qu’on étiquette souvent de « rock français », comment percevez-vous le rock aujourd’hui ? Est ce seulement des guitares qui font du bruit pour les jeunes, ou est-ce vraiment de la poésie pour les vieux ?

Romain : Bonne question. Je ne pense pas que la poésie ne soit que pour les vieux, et je ne pense pas que les guitares saturées ne soient que pour les jeunes. C’est vrai que dans les médias c’est souvent comme ça que c’est vu, mais je pense qu’il y a plus croisement. A une époque, en 2009, où le rock a pratiquement 60 ans, c’est vraiment une vieille musique. On fait du rock, on essaye de le faire à notre manière, un peu différemment, puis on y met d’autres choses. Il y a quand même des boucles, des trucs comme ca. Est ce que A tout moment la rue c’est vraiment rock ? Mort j’appelle ça ne l’est carrément pas du tout. Ma nébuleuse mélancolique c’est presque manouche. On est pas bloqué. J’ai fais un album solo, il y a un morceau qui s’appelle Je m’en irais toujours qui est carrément un morceau de rap, c’est que des machines. Que ce soit Nicolas, que ce soit Estelle ou moi, on est pas bloqués sur le rock.

Malgré vos influences assumées de rock ?

Romain : Mais pas que. Dans Eiffel, il me semble que ça s’entend que ok, guitare saturée, mais y’a d’autres choses, il y a pleins d’autres choses à entendre. Le beat de A tout moment la rue c’est pas un truc de rock. C’est moitié marche, moitié trip-hop, enfin, je le vois un peu comme ça. Pour revenir au son saturé, je ne pense pas que le son du rock soit la guitare saturée. C’est peut-être la guitare, oui. Je ne prétends pas écrire de la poésie, j’aimerais bien mais je ne pense pas que ça en soit. La vraie poésie c’est pas ça. Mais au moins qu’il y ait un allant poétique, une errance, on flâne, ca donne le temps au cerveau de ne pas être précis, de ne pas être forcément cartésien. Est ce qu’on a besoin de dire des choses concrètes tout bêtement ? Qu’est ce que ca me fout quand on me dit « faut un truc accrocheur là pour les jeunes, pour qu’ils comprennent ». Dans ce cas là, si on part comme ça c’est baisé. Quand j’avais 13 ans, j’avais pas envie qu’on me parle de la bagnole et des magasin. De plus en plus, il faut avoir le slogan, le truc tout bête. En parle aux jeunes comme si c’était des cons. C’est pas des cons les jeunes, et puis les vieux non plus. On revient à foule sentimentale : « Il faut voir comme on nous parle ». C’est les médias qui nous parle, on est pris pour des idiots.

Estelle : Ce sont les médias qui cloisonnent. Au niveau des textes, au niveau des sons. Alors que les sons qu’on utilise ça peut aller de rien du tout à des grosses guitares saturées, mais pour nous c’est juste la vie. Quand on vit, il y a des moments doux, et puis des moments où on s’énerve et où on a envie de taper dans les murs. Ça c’est retranscrit musicalement par des instruments. Des fois il y a juste un piano, ou juste un violon, et puis des fois il va y avoir toute l’armada, avec les guitares et la batterie à fond. Pour nous, c’est pas « oui ce titre il va être plus pour des jeunes », juste plus vivant, jusqu’au bout. Ça arrive souvent qu’on voit des gens de plus de 60 ans qui sont super contents qu’il y ait des guitares et de la batterie.

Romain : Ce sont les gens de 60 ans qui ont inventés le rock’n’roll !

Estelle : Ceux de 60 ans qui disent que c’est pour les jeunes, c’est qu’ils ont oubliés une partie de leur vie, parce que c’est pas nouveau. Ou alors on leur a fait tellement peur…

Romain : C’est ce que je disais tout à l’heure. En 2009 la question de savoir si on fait du rock ou pas, elle ne doit plus se poser.

Estelle : On fait de la musique, et puis c’est tout.

Romain : Vu toutes les musiques qui ont été inventés ! Il n’y en a pas 37 mais il y a eu le reggae, il y a eu le rap, le trip-hop, l’électro, et tout ce qui émane de ça, l’ambiance, ces choses là. Et nous on les a écouté. Il y a des choses qu’on aime, des choses qu’on aime pas. Comme dans le rock, il n’y a que très peu de choses qu’on aime. On aime peut-être 10% du rock. On est pas en train d’écouter Aerosmith ou du rock tous les jours.

Estelle : Le problème c’est qu’en France il n’y a pas vraiment de culture musicale. Les gens suivent des courants. Il y a pleins d’autres pays où ils ne se posent pas ce genre de question. Je pense qu’en Angleterre ils se posent pas la question de savoir si c’est rock ou pas. Ça chante, c’est plus ou moins énervé…

Romain : Le rock c’est pas vraiment énervé. Par rapport à du rap bien violent, c’est ridicule. On est tout le temps en train de parler de la même chose, c’est de dynamique. On dit tout le temps « doux », « pas fort », « un peu plus fort ». En fait, on parle juste de comment avoir des sensations, c’est le mouvement de la vie, comme le cœur. Faut qu’il y ait un trajet, si ça ne bouge pas, on s’emmerde. Un petit peu comme la néo chanson française, rien ne se passe. Nous ce qu’on cherche c’est ca. Alors si on le trouve dans le rap, si on le trouve dans le rock’n’roll ou si on le trouve dans la musique africaine ou chez Arthur H ou je sais pas, on va prendre.

En parlant de cloisonnement, est-ce que ce n’est pas trop dur à porter cette étiquette de rock français ?

Romain : Non, c’est pas dur à porter, c’est ce que ca insinue derrière qui est chiant. C’est à dire que le rock français, y’a pas eu 37000 groupes. Y’a eu Téléphone et Noir Désir en gros. Et Indochine aussi. C’est un peu chiant parce que c’est très réduit si on ne parle que des gros trucs, et notamment Noir Désir. Le rock français, je sais même pas si ca existe.

Estelle : Il y a plein de courants différent dans les groupes actuels français. Il n’y a pas de renouveau, il a toujours existé un tas de courants différents. Il y en a certains qui ont été plus mis en valeur que d’autres.

Romain : Mais le rock francais, si on met Déportivo, Elista, Luke, Mademoiselle K, Dolly… On peut en citer des chiées et on nous mettra dedans. Tous ces groupes là, et nous avec, on a le droit d’exister, par contre on ne fait pas du tout la même chose. Donc nous mettre dans le même mouvement, le même truc… Il n’y a pas de mouvement déjà, et puis personne ne cherche de mouvement. En 68, oui d’accord, dans les années 60, c’était le début, mais maintenant c’est plus pareil. Chacun vit, pas l’écart des autres, mais on peut pas le vivre de la même manière puisqu’on est pas en train d’inventer le rock, on est en train de le dire chacun à notre manière, c’est pas pareil. Nous, rock français, on fait du rock qu’on chante en français. Mais on n’a rien à voir avec aucun mouvement, il n’y en a a pas !

Nicolas : Mais encore une fois, pareil que la question de tout à l’heure. Il y a d’autres pays où on ne se pose pas du tout ce genre de question. En Angleterre par exemple, on se pose pas la question de savoir si il y a une scène rock anglais. Le rock français, on a l’impression tout de suite d’être dans un couloir, tous ensemble alors que non c’est pas ca.

Romain : On a pas gardé les cochons ensemble et ça ne nous empêche pas de rencontrer pleins de groupes fabuleux. C’est très réducteur pour tout le monde, je dis ca autant pour nous que pour les gens que je viens de citer. Et même pour Téléphone, Indochine et Noir Désir. Au bout d’un moment c’est chiant. Tout le monde fait des trucs, il y a des gens qui ont plus d’accointance que d’autres, et voila ils se rencontrent. Nous ca nous arrive de rencontrer des gens avec qui il y a plus d’accointance mais on cherche pas le mouvement ou la stylistique, c’est juste parce qu’il y a un truc qui se passe.

Vous êtes des artistes humains, simples et proches de votre public.

Romain : C’est ce qu’on dit de nous, mais en fait on est des vrais salopards ! On est en train de se faire du fric là mon ami, t’imagines pas ! Et on en a rien à foutre ! Non, je déconne.

Vous laissez des messages sur votre journal de bord et comme on peut le remarquer sur A tout moment, vous remerciez le site eiffelnews et tous les ahuris. Je me souviens, en octobre 2007, une vingtaine de ces ahuris se sont décidés de prendre en main la promotion de votre premier Olympia et se sont donnés rendez vous à Paris avec des t-shirts marqué dessus « Eiffel, Olympia, 19 Novembre ». C’est plus qu’une relation fan-artiste aujourd’hui ?

Romain : Oui, mais fan, ca peut tendre vers la débilité extrême aussi. C’est très dangereux, ca devient un truc ou les gens ne voient plus rien, sur nous, ou sur d’autres groupes, c’est pas bien. Ceux là, c’est des gens assez responsables, conscients, etc. Ils aiment beaucoup le groupe, ils savent que nous on peut à des moments donnés être beaucoup plus proches d’eux, en se parlant ou en discutant après des concerts, ou par le biais du journal de bord. C’est des gens assez straight en même temps, c’est pas des fans hystériques, et ca devient presque des potes. Les fans qui ont monté notre site, ce sont des potes maintenant.

Estelle : Le site c’est devenu un site communautaire : Eiffel et les fans. Une partie où nous on fournit des trucs, et puis toute une partie qui est privée et du coup c’est interactif, et c’est ça qui est bien justement. Tout le monde a un rôle. C’est pas le groupe avec les fans tout autour. On fait tout ensemble, c’est plus sain.

Et cette tournée ? Dans quel état d’esprit êtes vous ?

Romain : Là on est crevé !

Estelle : Et on a pas commencé !

Romain : On vient de terminer une dizaine de jours de repet’ vraiment bien à fond. On a eu très peu de temps pour nous, et puis après on a enchainé la promo. Ce qui est génial, c’est qu’avant de partir en pré-tournée on a une quinzaine de jours. Ça commence le 29 octobre. Je précise parce que je sais pas si les gens ont captés, c’est une pré-tournée, la tournée ca va être vraiment 2010 où là je pense que on va faire beaucoup beaucoup de dates. Ce qui est génial c’est que le Bataclan a été complet sans qu’on fasse de pub, d’affichage, tout ca, et donc le management a décidé de caler une Cigale la veille, et c’est en train de se remplir pareil, donc c’est fabuleux.

Estelle : On est super impatients, depuis un moment, de tourner.

Les Pixies font partis des influences que vous citez souvent. Le groupe sera de passage à Paris pour deux concerts exceptionnels les 15 et 16 octobre au Zénith. Vous serez de la partie ?

Romain : On se tâte.

Nicolas : Je ne me tâte plus, je peux pas y aller, mais c’est avec grand regret !

Romain : Nicolas Damien, notre guitariste y va. Le truc c’est que comme on disait, il y a 10 jours de off. On est à Bordeaux, et si on revient…

Estelle : C’est tentant, mais ca sera pas terrible de venir, sinon on ne va pas y arriver.

Romain : Ça nous titille !