Bonjour Ben ! Première question très originale : D’où viens-tu et depuis quand fais-tu de la musique ?

Salut !

Je m’appelle Ben Mazué, j’ai 29 ans, je suis auteur-compositeur-interprète, c’est la version moderne de chanteur de l’époque (sourire). Je fais de la chanson urbaine teintée soul-hip hop. J’ai commencé par la scène il y a de cela 4 ans et je suis en train d’écrire et d’enregistrer mon premier album qui sortira en septembre 2010.

Tu t’es produit en 1ère partie d’Anis, Oxmo Puccino, Asa, Hocus Pocus, Pep’s … On sent que c’est sur scène où tu te sens le plus à l’aise.

Je trouve que la scène est une manière qui me correspond pour m’exprimer. Il y a un rapport direct avec les gens et j’aime beaucoup ce coté de partage qui existe moins dans le disque.

Qu’est ce que ça veut dire pour toi « musique urbaine » et qu’est ce qui t’as intéressé dans cette musique ?

Pour moi ça veut dire de la musique qui vient de la ville évidement (sourire) jusque là c’est pas un scoop (rires). Je pense que la musique qui vient de la ville est une musique métissée qui a comme origine la musique noire-américaine de la soul et du hip hop, j’ai l’impression que c’est ça à la base. Et puis y a une connotation assez sociale, puisque c’est une musique qui est née dans les bas-fonds de la ville. Comme c’est devenu une musique à part entière, elle s’est mélangée comme les autres : le rap, la soul, le hip-hop sont venus titiller le rock, la chanson, un peu de tout; et se sont crées des entités artistiques un peu comme ça qui viennent du monde.
Moi j’ai été bercé par la musique noire-américaine avec tout ce que ça veut dire mais j’ai aussi écouté de la chanson française parce que je suis sensible au verbe et du coup je me retrouve avec ces deux mondes qui me plaisent et je ne trouve pas ça paradoxal, donc je propose ce mélange (sourire). Donc voila c’est vraiment du métissage !

On le ressent bien ce métissage, déjà avec tes influences de Marvin Gaye à Ottis Redding en passant par Gainsbourg, NTM ou Hocus Pocus. C’est ce qui t’a influencé le plus dans l’écriture de ton album ?

Écoute, ça m’a influencé pleinement mais il n’y a pas que la musique. Mais par rapport aux influences que t’as cité, c’est des projets que je trouve très intéressants et qui me plaisent. Pour Hocus Pocus, c’est du rap positif et il n’y en a pas beaucoup qui rappent le bonheur. NTM c’est les meilleurs (sourire). J’aime beaucoup le « verbe » en français et je le lis aussi. Puis y a aussi la musique noire-américaine que t’as cité, comme Marvin Gaye, c’est ceux qui me foutent le plus les poils, les chocottes, les frissons quoi (sourire). J’essaye de m’orienter vers ce genre de musique, c’est la meilleure façon pour de transmettre l’émotion.

Ben Mazué et la scène une vrai histoire d’amour ? T’as remporté plusieurs prix en 2006…

Ouais 2006, c’était les premiers concerts. J’avais fait le Festival Jacques Brel de Vesoul, j’avais pris 3 musiciens puisque la formation c’était batterie/basse/guitare/voix, maintenant c’est plus pareil il n’y a juste un guitariste et un chanteur.

Et tu remportes après le prix Paris Jeunes Talents en 2008 avant d’être cette année lauréat du FAIR. Le FAIR peut être équivaut à une reconnaissance de ton talent ?

Moi c’était une idée pour trouver une porte d’entrée, demander aux collectivités ce qu’ils peuvent me proposer, c’est des prix qui sont des soutiens de la collectivité et c’est vachement agréable d’avancer avec ça. J’ai choisi ce parcours de « prix », je me suis inscris à quelques uns, ça a marché et du coup c’est vrai ça nous a bien aidé.

Mais je trouve que c’est plus qu’une aide. Quand tu vois que plusieurs groupes à leurs débuts ont bénéficié du FAIR, par exemple NTM, IAM, M, Cocoon, Louise Attaque, et pleins d’autres.

Ce sont des gens, comme tu dis, qui ont côtoyé pleins d’artistes et du coup ils connaissent la voie et ça fait plaisir d’aller parler avec des gens qui savent comment arriver à un projet abouti, ça c’est vraiment super.
Tu veux des exemples précis? (rires)

Vas-y, balances-nous des superbes infos (rires) !

(rires) Par exemple, le FAIR nous a aidé pour faire toute une captation d’un concert, on a fait une émission qui s’appelle « On connait la musique » sur Europe1 et c’est des soutiens vraiment utiles.

Ben Mazué aux Printemps de Bourges en Avril, la classe !

ça représente un défi de plus ! J’en ai plein (sourire) mais c’est pour ça que je vis, pour des défis.

Il est temps de parler de ta discographie (sourire)

Elle est dense hein (rires) t’as dû mettre du temps pour l’écouter (sourire).

Ben c’est pas mal je trouves, deux EP quand même !

Avec la chanson « Obama » tu tombes pas dans le pathos et t’évites vraiment les clichés. Pourquoi spécialement Obama ?

Il y avait cette ambition là, cette espèce d’idée de se dire comment ce mec nous fait autant d’effet et ça ressemble à un truc qui est tellement populaire que ça pourrait être une arnaque. Et je me suis dis qu’il était temps d’arrêter d’être sceptique et qu’il fallait s’en réjouir un peu. C’est un évènement positif pour une génération qui en a pas vécu beaucoup. L’idée c’était de se dire « Un peu d’espoir enfin ! » c’est tout et ça c’est indéniable. Je ne me suis pas plongé dans un discours politique.

Sur « Confession d’un rap addict« , tu nous livres ton amour pour le hip-hop (sourire)

Le gros rap américain ça provoque chez moi ce sentiment d’invincibilité, je tourne autour du thème parce que j’ai la sensation que je ne suis pas le seul qui ressent ça quand j’écoute cette musique. Et ça contraste à mort avec ma gueule, c’est sûr je ne serai jamais crédible en gros rappeur américain et j’ai pas envie.

Et tu ne trouves pas cet EP un peu émotif ? On reste dans l’amour avec « Tout recommencer« .

Je sens que t’as envie de le dire (sourire). A la limite du pathos ? (rires)

Pas vraiment, mais bourré d’amour (sourire)

Ouais très sensible, un peu fragile (rires) Un peu meuf aussi ?

Mais tu vois ce que je veux dire, c’est pas du gangsta rap, ça joue plus dans l’intensité et la sincérité.

Il y a des gens qui ont ouvert la porte et qui ont écrit dans le hip-hop des textes très sincères et où ils se mettaient à nu y compris avec leurs fragilités et leurs doutes. Je pense à Kool Shen qui dans « That’S My People » dit :

Construire est ma seule excuse au fait de prendre de l’âge
Si j’sens pas les miens autour de moi, putain ! C’est le naufrage
Assuré, c’est vrai ! Je m’sens rassuré

Et le futur album, que peux-tu nous dire dessus ?

Ça sera un album qui va représenter le live ! C’est à dire qu’il sera dans les mêmes couleurs, fait avec peu de musiciens. Un album fait autour de la convivialité, des envies, des hommages… Autour du hip-hop, avec beaucoup de bois et pas que de l’électrique sans oublier pas mal de programmations qui seront réalisées par Régis Ceccarelli, c’est celui qui a fait l’album Gibraltar d’Abd al Malik et Jean-Pierre Sluys qui a fait l’album d’Anis. Régis il joue pleins d’instruments, moi aussi, on sera que nous trois avec Clément Simounet mon guitariste. L’idée c’est de faire quelques choses de pas prétentieux mais de beau et de très travaillé.

Tu parlais tout à l’heure des défis, quels sont tes futurs projets musicaux ?

Déjà l’album en septembre 2010 ! J’écris pour les gens donc continuer un peu d’écrire dès qu’on me le demande. J’aime bien aussi développer des compétences autour de la musique.

C’est suffisant de dire que s’il faut te présenter, il suffit seulement d’écouter la chanson « L’homme modeste« .

(rires) C’est l’objectif. C’est ce que je te disais tout à l’heure, ça serait bien que l’album sonne comme ça mais je ne suis pas aussi déterminé, aussi sûr de moi parce que mine de rien faut être très sûr de soi pour jamais se plaindre. Moi j’aime les gens qui se disent « J’y arriverais » mais qui ne le crient pas sur tous les toits. J’aimerai bien rentrer dans cet esprit là, modeste. Pour trouver quelque chose qui me présente vraiment il faut écouter tout l’album, en plus y a une nouvelle chanson qui s’appellera « Biographie » et où je raconte toute ma vie.

Mais t’as pas peur que cette mise à nu dans tes chansons peut être néfaste pour toi ? Surtout quand on fait du hip-hop…

J’ai peur de ça mais il y a plein de peurs aussi, par exemple que le disque ne marche pas et du coup n’intéresse personne, ça c’est encore pire. Mais tant que tu reste sincère et que tu restes dans une musique qui te plait, y a pas de raison de rougir. J’ai peur de pleins de trucs, normal, mais je ne rougis pas!

(sourire) Sur ces bons mots, je te remercie Ben de nous avoir accordé un peu de ton temps, et à bientôt sur scène.

Viens quand tu veux (sourire). On joue le 19 et 20 mars au Théâtre Traversière.

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Un grand merci à Rachel d’Ephelide et à Ben Mazué pour sa disponibilité et sa sympathie
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