J’ai découvert Damien Saez assez tard, enfin, j’avais entendu Jeune et Con passer à la radio comme tout le monde à l’époque, mais sans y prêter plus attention que ça. J’ai vraiment commencé à accrocher quand j’ai acheté par hasard le CD Jours Etranges chez un marchand de disques bien connu pour ses prix verts. Et c’est grâce au prix vert justement que j’ai pris ce disque, pour 7-8€ je me suis dit que je ne risquais pas grand-chose. C’était en 2002 et j’ai passé tout l’été entre ma Seconde et ma Première avec ce disque dans les oreilles, et à la rentrée j’ai décidé de découvrir un peu plus l’artiste.

J’ai alors acheté God Blesse-Katagena, sur lequel j’ai moins accroché. Autant la partie rock de God Blesse collait très bien à mes humeurs d’adolescente rebelle du moment, autant Katagena et ses thèmes au piano m’ont assez vite ennuyée, exceptions faites de  » J’veux qu’on baise sur ma tombe  » et  » A ton nom « , dont je préfère aujourd’hui encore la version radio, plus rythmée et moins larmoyante.

En 2004 est sorti Debbie, et j’ai tout de suite aimé cet album, très rock, qui me donnait envie de gueuler les paroles dès que je les entendais, de dire aux profs que la poésie qu’on étudiait c’était nul, et que des artistes actuels pouvaient faire aussi bien. Rimbaud a été le seul à trouver grâce à mes yeux, peut-être parce qu’il était aussi écorché que Saez, peut-être parce que Saez avait dit qu’il s’en inspirait, je ne sais plus… J’étais en Terminale, et j’ai rencontré une autre fan, avec qui j’ai été le voir en concert. Et là, grosse claque, dont je reparlerai plus en détail dans un autre article. Je crois que ce fut le meilleur concert de ma vie, en tout cas celui dont je garde le meilleur souvenir, le plus net.

Le lycée c’est l’adolescence, la rébellion, les premiers amours aussi. Et Saez était celui qui à cette époque posait pour moi des mots sur des sentiments, m’aidait à canaliser mes trouilles et mes accès de rage, me donnait l’envie de continuer à aller au lycée, juste pour en sortir plus vite et aller voir ce qui se passait après, ailleurs… Je n’ai eu le net que très tard, et j’ai découvert donc assez tard que « ah tiens, Saez est pas moche comme mec ! » Mais même si j’ai eu une brève passade pour lui quand j’avais 17ans, je peux dire que ce n’est pas son physique qui m’a intéressée. Certes, en concert c’est toujours plus agréable d’avoir un beau gosse à regarder, mais ce n’est pas le principal ! 😉

En 2005 j’ai eu mon bac, et après avoir usé mes CD durant les mois de ma Terminale à force de les passer en boucle dans ma chaine, je suis partie en BTS, loin de chez moi. Premier éloignement de la maison, coup de blues, et surprise, même là j’ai trouvé des fans ! Enfin, une fan pour être exacte, qui m’a fait découvrir SaezLive et ses ressources vidéos et audios que je ne soupçonnais pas. Puis j’ai fait un stage de 3 mois au Québec, et bizarrement avec 6h de décalage horaire, le seul endroit sur la Toile où je voyais des gens debout aux mêmes heures que moi, c’était le forum de SaezLive. J’ai fini par m’y inscrire, timide au début puis de moins en moins.

Et la magie des rencontres, à laquelle je ne croyais que moyennement, bien contente d’être planquée derrière mon écran et mon clavier, a opéré. Un premier meeting en Lorraine, où j’avais atterri pour la suite de mes études, puis un second, et en plus d’une communauté virtuelle me voici membre d’une bande de potes bien réelle.

Les autres albums de Saez, les plus récents, j’ai suivi leur arrivée avec d’autant plus d’assiduité que j’avais hâte de les voir arriver, la curiosité des débuts ayant fait place à une excitation autour de chaque nouveau projet, une hâte d’entendre les nouvelles créations. Et en même temps, un léger pincement au cœur à chaque fois que je rencontre de nouveaux fans, que de nouvelles personnes me disent qu’elles aiment Saez. Comme si on me dépouillait d’une partie de moi, de la résonance que ses chansons avaient trouvée et trouvent encore en moi, comme si on me forçait à sortir de ma bulle pour partager un truc intime. Tout en étant super heureuse de voir que cet artiste qui fait très peu parler de lui, ce rebelle qui n’aime pas se mettre en avant tout en vendant ses disques quand même, continue à séduire des jeunes et des moins jeunes.

J’ai aimé le triple album Varsovie-L’Alhambra-Paris, même si trop de guitare, de piano et de thèmes déprimants font déprimer, j’ai été plus sceptique sur A lovers prayer, Saez en anglais dans le texte, c’est sympa, mais sur tout un album je suis moins convaincue.

Avec J’accuse, je retrouve un peu de la sale gosse de 17 ans qui gueulait « Sauver cette étoile » le poing levé en concert, tout en ayant gagné en maturité et en vécu, ce qui me permet d’exprimer différemment beaucoup de choses, de voir sous un autre angle certaines chansons, tout en gardant l’envie de voir quelqu’un se rebeller pour moi. La polémique autour de l’affiche de J’accuse m’a irritée tout en me faisant plaisir, c’était le retour du Saez des Victoires de la Musique de 2001, qui gueule « Trop de restos de quoi ? Trop de restos du cœur ! » devant tout la France. Et puis Saez est sorti de son silence, en tant que groupie je ne pouvais que m’en réjouir ! Maintenant j’attends impatiemment la tournée, pour voir si sur scène l’énergie qui m’avait marquée lors de la tournée Debbie est toujours présente.

Une chose est sûre, à travers Saez j’ai rencontré plein de gens, vécu de nouvelles choses, et sans son influence, je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui.

Photos © Laure Maud &
Jean-Baptiste Mondino