Nommé dans la catégorie « album pop/rock » de l’année après la sortie du très intimiste Varsovie, l’Alhambra, Paris en 2008, Damien Saez avait répondu à l’appel du live, le 28 Février 2009, lors des Victoires de la Musique 2009.

Après la tentative de réveil amorcée par Cali, Saez allait secouer considérablement la tournure de la soirée. Des répétitions hors coulisses, une chanson inédite pour l’occasion, une présence douteuse… Les conditions étaient déjà réunies pour qu’un éventuel écho résonne de sa fracassante interprétation de Jeune et con aux Victoires 2001.
Plus récemment, il a déclaré que la dénonciation ce soir-là était présente aussi bien dans le texte que dans la démarche.

À l’heure où les transitions sont répétées, à l’heure où tout s’enchaîne pour que le décalage soit anéanti, à l’heure où l’on ne dépasse pas trois minutes de présence pour interpréter un titre en direct, Damien Saez s’apprêtait à contre-balancer tous les codes de la télévision. Un Saez tout droit sorti du corps de Kurt Cobain.

Son entrée est timide et intimidante. Deux-trois mots sont échangés avec Franck, caché sous sa capuche, puis il revient empoigner sa guitare. Les applaudissements accueillant son entrée sur scène sont hésitants, le public ne sachant comment réagir.
Le temps de brancher sa guitare, de retrouver sa page, et le show peut commencer. Entre-temps, les secondes silencieuses semblent éternelles mais qu’importe, l’entrée fait sensation.

Un poème incisif pour dénoncer «le regard pauvre» des politiques. Un début guitare à la main, la voix écorchée cherchant l’évasion – « évadez-moi. Embrasons-nous ». S’en suivent plus de 5 minutes de défoulement digne d’un concert rock. La soirée n’appartient plus qu’à Saez, plus qu’à sa voix déchirée, ses sourires provocants, ses cris remplis de haine, et des pas de danse à réveiller les morts. Entre le « sang sur les mains » des actionnaires, un appel à « brûler la bourse », et le désir de voir le peuple sortir la tête des chiottes et « chercher l’oxygène », la soirée décolle enfin avec ce véritable bol d’air frais. 10 minutes que la télévision préfèrera ignorer quand le web s’enflammera sur cette prestation.

On oublierait presque l’album « Varsovie » nommé le soir même. On oublierait presque que ce même individu vous fait pleurer sur des chansons d’amour, quelques accords de guitare, et une interprétation sincère. De l’acoustique à l’électrique, de la tristesse à la colère, Saez ne franchit qu’un pas pour laisser s’échapper un frisson ravageur.