Je vis de musique, je nourris mon âme, j’exprime sentiments et émotions sur des fonds sonores, que ce soit de la soupe commerciale, ou des expérimentations aux sonorités obscures. De tout temps la musique a bercé les peuples, a conduit des guerres, a donné la vie, et la mort.

Pour citer Platon:

« La musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée. »

Ce que j’admire chez mes semblables, c’est cette capacité de création, d’invention, et d’abstraction, quand je vois un de nos petits essayer de taper sur un xylophone, et être surpris par les sons qui en émanent. J’apprécie la scène avec le respect qu’elle mérite, la découverte de la musique par l’esprit. Nous avons tous une musique en mémoire, moi c’est les berceuses de Maman, pour m’accompagner au lit le soir, ces douces paroles qui m’apaisaient, chassaient mes cauchemars, mes peurs, et me laissaient m’endormir. Et toi, tu te souviens, ces chansons que tu écoutais, le soir, avant de fermer les yeux. Oui, la musique apaise, aide à oublier ses peines, je me surprends encore quand, triste, la douce voix d’une chanteuse m’emporte sur un autre plan, et m’emmène aux rêves, que mes larmes sèchent avant même de couler. Je me nourris de musique, de son, au point d’en faire des indigestions. Je dois avoir trop gros appétit mais j’ai soif de découvertes, de trouvailles, je clique partout dès qu’on me propose un artiste, me rappelle une époque, et je me surprends à avoir passé une demi-heure à écouter un vieux morceau de blues, alors que je devais… mais que devais-je faire? Oui la musique me fait oublier, me fait oublier le temps, me fait oublier le quotidien, le temps d’un concert, sentir une osmose entre tous ces passionné(e)s, sentir cette relation entre l’artiste et son public, et le temps de quelques photographies, capturer une part de cet accomplissement. Que j’aime voir les larmes couler lorsque ce chanteur écorché, se saigne l’âme, au point de s’effondrer sur scène. Que j’aime sentir la sueur et voir les slams, lorsque, lui, il hurle sa furie, appelant à une énergique communion. La musique, je l’écoute en albums, en live, en chansons, en sifflements, en pensées, je n’ai des fois même pas besoin d’allumer quoi que ce soit, elle défile dans ma tête, imprimée, et me plonge dans son monde. Des morceaux que j’ai écouté, réécouté, sur lesquels j’ai pleuré, sauté, crié, hurlé, ou dormi.

Mais cette relation n’est pas à sens unique, je ne dirai pas que la musique ne m’apporte que du bon, il lui arrive de m’user, de me souiller, de me voler mon temps, et alors que je suis gai, content de me rappeler la tristesse d’où je viens, et celle où je vais. Quand un thème au piano ou un morceau de blues intemporel sont capable de me faire fondre en larmes, de m’emmener au précipice, je peux dire que oui, la musique est capable de conduire à la mort. Je ne crois pas que j’irai au suicide, mais triste j’imagine combien d’âmes ont franchi le pas, ont pris l’initiative, sur un fond de musique. Et je me dis que même si l’abandon n’était pas prémédité, la musique qui les accompagnerait au dernier souffle était trouvée depuis longtemps, trop longtemps peut-être. Me comprendra sûrement un esprit égaré, qui s’est retrouvé un soir, à verser des larmes, assis sur un banc, alors que le soleil brillait, que les oiseaux chantaient. Mais lui, il n’avait que de la tristesse aux oreilles, il n’avait que des rêves.

Je vis avec la musique une relation ambigüe entre égoïsme et exhibitionnisme, autant j’aime la partager, la raconter, la faire aimer, mais je n’ai l’impression de la laisser me remplir que lorsque je suis seul, peut-être parce que la solitude m’accompagne, et me berce de ses notes, et ce depuis bien trop longtemps. Je trouverai des centaines de chansons à vous citer, mais la vie n’est pas un juke-box, et je reste persuadé que vous trouverez bien mieux que moi une chanson qui vous procurera des frissons.

Aujourd’hui, dans notre univers, écouter de la musique est devenu plus que simple, s’arrêter dans le métro, et savourer un original qui tente de gagner son bout de pain, cliquer sur un lien pour découvrir un groupe qui n’aura peut être pas d’avenir, ou remplira un stade… Oui la musique donne des ailes, des envies, et que c’est plaisant d’assister au passage d’un groupe ou d’un chanteur autodidacte devant une centaine de curieux, et de les voir se donner encore plus que cette rock-star blasée qui enchaine une tournée de dizaines de dates, pourtant toutes plus fades les unes que les autres.

Demain, plus qu’aujourd’hui, j’affirmerai mon amour à la Musique, je la remercierai pour ces rencontres, ces passions, ces déceptions, ces surprises, je la remercierai de me permettre de poser des mots, pas forcément juste mais qui sont les miens. Demain plus qu’aujourd’hui, je remercierai tout ces fous, tout ces troubadours, tout ces passionnés, tout ces passionnants, d’offrir au monde un bout de leur monde, et de partager le temps d’une chanson, deux univers qui sont si distants, et rien que le temps de quelques secondes, permettre de se dire que oui, on en avait des rêves …