Ce festival, je l’ai vécu, pour sa 21 ème édition peut-être, mais je l’ai vécu. De l’intérieur, de l’extérieur, j’ai pu découvrir trois jours sur une autre planète, celle de la fête, de la musique, de la chaleur.

Ce festival, ce furent près de 100 000 visiteurs, 75 concerts, 5 scènes, des milliers de litres de bière, des millions de litres de sueur et des milliards de sourires. Trois jours que j’ai passé à courir de scène en scène, pour rapporter des souvenirs, pour partager. Un festival de cet ampleur, ca déroute toujours un peu, on ne se rend pas bien compte tant qu’on y est pas, mais une fois la tempête passée, on ne peut que remercier profondément chaque personne qui s’est investie pour ce projet, que ce soit celui qui vérifiait les bracelets d’accès à l’espace pro « FORCE VERTE » ou ceux qui nous encadraient pour les photos, tous ont été géniaux. A aucun moment, je ne me suis senti mal, j’étais au milieu de milliers de gens venus savourer du son, et du bon. J’étais là pour faire ce que j’aime, et j’ai pris un pied dont on n’imagine pas la pointure, au moins du 46 fillette.

La chaleur (une trentaine de degrés) m’a imposé une hydratation régulière à base d’eau, et de bière, et de sucre. Oui quand tu te trimballes quelques kilos de matériel, tu cherches à éviter de faire un malaise, à éviter de finir allongé par terre, au lieu de shooter. J’ai un peu dépassé le budget que je m’étais fixé en « frais de bouche » mais sur le coup, j’ai été surpris par la chaleur qui a régné sur le site.

Sublime site au passage, entre deux étangs, dont l’un que j’appréciais contempler pendant les balances de la scène nommée bien justement « La Plage », je me surprenais à faire une sieste à l’ombre, en admirant les reflets du soleil de plomb sur un lac calme, le tout sous le souffle d’un vent frais, le genre de moments où au milieu d’une fourmilière, tu arrives à te sentir seul, au calme, serein. En quittant la Plage, et en retournant vers l’entrée du site, je me rappelle une exposition de photographies, des noirs et blancs, de ceux que l’on peut voir dans sa ville de temps à autre, ce genre de photographies tellement fortes, mais tellement lointaines. On nous montre des enfants dans les rizières, des femmes au travail, des paysans courageux, et pendant ce temps, ces chers festivaliers se gavent de bière, de sucreries, de hamburgers, et ignorent ces fenêtres sur le monde. Rares sont ceux que j’ai vu s’arrêter un instant, prendre le temps de contempler ces visages, ces histoires. Oui, ces quelques photographies m’ont plus marqué que le stand d’une chaine de magasins où l’on pouvait recharger son téléphone ou cet autre stand où j’ai pu déguster une savoureuse boisson à base de fruits frais. Donc, cette deuxième scène nommée « Club Deville » se tenait là, une petite scène, mais l’une de celles où j’ai pu ressentir le plus de proximité avec les artistes sur scène, plein de découvertes, d’émotions. J’y ai aimé voir cette talentueuse violoniste, accompagnée de son batteur aussi surpris que nous quand sa caisse claire a cédé. Que j’y ai aimé, finir le festival, sur un bon son reggae, entouré de gens qui ne demandaient qu’a prendre le premier bateau pour Kingston. Plus de patrie, plus de religion, plus de haine. La musique et son pouvoir, rassembler les esprits…

En quittant cette scène, on traverse encore des stands, pour arriver au chapiteau. La deuxième plus grosse scène, un énorme chapiteau, qui faisait office de micro-ondes géant. Rentrer dessous pour faire quelques clichés, et ressortir en sueur, les gouttes qui coulent le long du visage. Le chapiteau, c’est là que bizarrement, j’ai pris mes plus grosses claques, c’est là que j’ai le plus eu la sensation d’être proche du public, et pas un photographe parmi les autres. J’ai été soufflé par The Gallows, et ses chanteurs roux hystériques qui sautent partout. J’ai naturellement été charmé par John Stargasm et Ghinzu, même si on n’a eu le droit qu’aux chansons « douces » en photo, et plein de découvertes, on notera aussi LCD Soundsystem, qui a décapé le dancefloor.

Quittons le chapiteau, et approchons de la grande scène, celle où sont les têtes d’affiche, imposante, en bas de la butte, ce qu’on se sent petit, quand Mika fait apparaitre une énorme marionnette ou que le chanteur d’Airbourne se décide à grimper au poteau de celle-ci, alors que son groupe venait d’arriver sur le thème de Terminator 2 (oui rien que ça). Cette scène que Jay-z a littéralement maitrisé, tant visuellement, que musicalement. Ce type est sobre, efficace, et il envoie.

Et enfin, Loggia, scène en contrebas, véritable bouillon de culture, où Converge, Sexy Sushi, ou autres Fuck Buttons (merci Lucie) laissent exploser leurs talents, et leurs sons surtout.

Les Eurocks c’est aussi le village pro/presse, où on a des toilettes un peu moins fréquentées, de la bière un peu plus savoureuse, et des filles un peu plus belles (ou pas). Non, c’est surtout un endroit où on vient comater, préparer ses interviews, s’engueuler avec l’autre canard de la région pour une prise de courant, PARCE QUE BON C’EST LA MIENNE (oui, c’est du vécu). Et on y retrouve aussi les potes, pour une énième bière car il faut s’hydrater mon bon monsieur.

Pendant plus de trois jours, j’ai souffert. Souffert de savoir que ce ne serait qu’éphémère, que je devrai retourner à des activités ô combien ennuyeuses, de fatigue physique aussi. Mais j’ai aimé souffrir, j’ai aimé rencontrer des personnes improbables, j’ai aimé perdre mes lunettes de soleil dans le sable, et les retrouver là posées sur une table des minutes après, comme si celui ou celle qui les a ramassée partageait ce plaisir, et ne souhaitait pas gâcher le week-end d’un autre. J’ai aimé filmer Selah Sue sur le ponton, et vous aussi vous serez conquis.

Je me prépare à vous raconter chaque jour, à vous parler des mes coups de cœur, et de mes coups de gueule (oui peu, mais il y en a) et déjà je remercie tout ceux et toutes celles qui ont fait que ce week-end restera inoubliable.

Si vous avez aperçu un photographe avec un chapeau de paille, une bière à la main, c’était certainement moi…

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