Les Quartiers d’été sont devenus au fil du temps, une institution rennaise. Un festival gratuit autour du hip-hop, de 2 jours, organisé par les associations du quartier de Maurepas avec l’aide de la municipalité. Ça se passe dans un grand parc, avec un lac, j’y ai vu des foules incroyables pour Psy4 ou Sniper et aussi des moments d’intense émotion quand Cherifa Rimitti est venue chanter devant une foule de grands-mères en robes à fleurs, certaines amenées, portées sur des chaises par leurs petits-fils.

Aujourd’hui, on sent nettement le manque de moyens, on est passé de 3 à 2 jours et la programmation est nationale ou du moins européenne. En arrivant vers 20h, déjà, je trouve que c’est assez clairsemé dans le parc, les concerts commencent plus tôt qu’avant et ça n’est manifestement pas une bonne idée ! En plus je croyais que Casey serait tête d’affiche et c’est Féfé ! Je sais depuis hier que c’est un ancien du Saïan Suppa Crew ! Ça me dit que sûrement il doit bien chanter, en tout cas juste, pour le reste…

Casey, la dernière fois que je l’ai vu, c’était avec Zone Libre à la MJC l’antipode ! Autant dire qu’elle n’a pas le public skyrock ! Pire, je n’y ai vu personne lié de près ou de loin au rap rennais ! Avec la sortie de son nouvel album, ça bouge un peu, pas mal d’antillais l’écoutent et aussi ceux qui aiment le rap conscient, Assassin et consort, mais il n’y a pas la foule des grands jours ! En plus, c’est le week-end des Vieilles Charrues, beaucoup y sont ! La scène est vide quand j’arrive, Kenyon a déjà fini ! Le pauvre gosse, il se retrouve à faire un set de ragga au soleil devant des familles qui pique-niquent dans l’herbe !

Il y a encore des poussettes quand Laloo se pointe et envoie la sauce ! Et lui, il fait du lourd, du dense, bien classique, aucun risque qu’il fasse du dirty pour faire danser un peu ! Casey arrive, flanquée de B. James ! Égale à elle-même, garçon manqué à la démarche de cow-boy, c’est dans son sourire que Casey est une demoiselle ! Un sourire doux et un peu timide qui contraste avec ses textes très durs et ses regards furibonds ! Autant le dire, on n’a pas vu un concert inoubliable ! Les conditions n’y étaient pas : pas assez de public, certains qui n’étaient pas là pour elle, mais elle a assuré la prestation et ses acolytes aussi. Ils sont en tournée et ça se sent, c’est bien carré. Son flow, sa diction sont parfaits et elle écrit de mieux en mieux. Comme les instrus, c’est de l’écriture classique, des seize, avec ou sans refrains, quelquefois le dernier coupé à la machette qui laisse un petit temps suspendu ! C’est assez efficace!

Elle déroule son dernier album, la violence, la misère, la colère, parce que rien ne change, même après les émeutes de l’année dernière ! Quand elle reprend « chez moi », ça fait du bien de chanter un peu ! Après les coups de fouet et l’oppression, (le morceau « créature ratée » vraiment impitoyable), rien que l’idée d’un crabe farci et d’un petit rhum fait du bien à tout le monde ! C’est que Casey fait un rap très politique et il faut avoir choisi son camp pour supporter ses textes, on doit faire soi-même le travail pour sortir de l’ethnocentrisme et élargir, parce que elle, elle n’a que son antillaise colère à proposer. Quand elle commence « Libérez la bête », un garçon lui crie : « je t’aime !», ça l’amuse et comme il fait encore jour, elle le voit et lui envoie un sourire de miel et un regard dont il doit encore se souvenir !

C’est une impression un peu bizarre d’avoir vu un bon concert sans y avoir pris vraiment de plaisir, encore une fois à cause des conditions de ce festival qu’il faudra revoir si on ne veut pas qu’il périclite ! La première chose que je fais en rentrant, c’est chercher où je peux la voir dans sa tournée, dans une bonne salle et avec son public parce que ce petit encas m’a laissé sur ma faim et que cette fille-là, décidément elle me plaît !

Casey sur Wikipédia
Casey sur Facebook
Casey sur MySpace
La chronique Désinvolt de Liberez La Bête