Je rencontre les Hushpuppies, tout du moins Franck et Cyrille, pour leur poser quelques questions sur le groupe et sur leur dernier album The Bipolar Drift, avant d’assister à un concert hautement survolté au Chabada d’Angers. Les Hushpuppies en concert, je vous le conseille !

Est-ce que vous pouvez commencer par vous présenter ?

Franck : Le groupe, ou nous ?

Bah, les deux !

Cyrille : On est les Hushpuppies, avec mon ami Franck le batteur.

Franck : à la batterie…

Cyrille : Oui, le batteur à la batterie…

Franck : En général, le batteur est à la batterie !

Cyrille : C’est mieux !

Franck : Et le guitariste à la guitare, Cyrille.

Est-ce que vous pouvez maintenant présenter les Hushpuppies ?

Franck : Alors Hushpuppies… c’est dur de faire une présentation !

Cyrille : Non c’est rapide ! C’est un groupe de potes. Il nous manque Olivier le chanteur, son frère Wilfrid au clavier et Marc aka Moustache, à la basse. On est originaires de Perpignan pour 4/5ème d’entre nous. On a sorti au début de l’année notre troisième album, The Bipolar Drift, et voilà ! On est en tournée depuis pour promouvoir le disque.

Franck : … qui est très bien !

Cyrille : Merci Franck !

D’où vient ce nom Hushpuppies ?

Franck : Il y a plusieurs versions. C’est un mot qui sonnait bien, à l’époque. C’est toujours très compliqué de trouver un nom de groupe.

Cyrille : à la base, ça veut dire « canaliser l’énergie » de toute cette fine équipe.

Franck : C’est un peu ça.

On va parler maintenant de votre dernier album, on sent un changement par rapport au précédent, à quoi est dû ce changement ?

Franck : J’imagine que c’est pareil pour beaucoup de musiciens ou d’artistes. Tu arrives à un moment donné, tu as fait deux albums. Tu as envie de faire un troisième album, le but c’est de ne pas faire la même chose. Ça n’avait aucun intérêt pour nous, donc on avait envie de prendre un peu plus de temps pour faire ce disque, et de se laisser aller à de nouvelles sonorités. Et de se détacher, même de façon inconsciente, de ce « garage sixties » qu’on nous collait vraiment à la peau, et qui ne correspondait pas vraiment à ce qu’on avait envie de faire. Disons qu’on ne s’est pas mis d’objectif, ni de barrières. Ça a sonné comme on avait envie que ça sonne. A ce moment là, on ne s’est pas dit « tiens on veut absolument changer », on s’est dit juste qu’on voulait prendre du temps, et faire un vrai album de studio, c’est à dire qu’avant, on faisait des compos qui devaient avant tout sonner en live, et qu’on a enregistré de façon directe et presque live finalement, et là on voulait vraiment se détacher de ça et faire un vrai album.

Cyrille : A des moments, quand on allait vers des sonorités dont on n’avait pas l’habitude, on avait tendance à mettre ça un petit peu de côté. On ne savait pas forcément aller jusqu’au bout des choses, ce qu’on a un peu plus fait sur ce disque là.

Franck : Et la différence de taille, c’est qu’on a pris un réalisateur, qu’on avait pas sur les deux premiers albums. On les avait fait tout seul avec juste un ingé son. Et là, Axel Concato, qui a réalisé le disque, a vraiment apporté sa touche. On sent qu’il y a une influence supplémentaire, avec des nouveaux sons de clavier, des nouvelles idées. Les compos étaient faites, mais au niveau de l’arrangement sur certains morceaux, on lui doit beaucoup ! C’est vraiment la différence, il y a quelqu’un d’extérieur qui est rentré dans le disque.

Vous avez aussi un nouveau bassiste ?

Franck : Oui, mais pas pour l’enregistrement. Il est là depuis le début de la tournée.

Dans cet album, on ressent des changements d’atmosphère. C’est voulu ?

Franck : C’est marrant parce que, souvent on nous dit ça. Moi je trouve que c’est comme ça sur tous. Dans le premier, c’est peut être parce qu’on a retenu que You’re gonna say yeah ! Mais déjà dans le premier, il y a un morceau qui s’appelle Comptine qui est très lent. Il y a un morceau qui est très pop, un peu psychédélique. Je pense que sur chaque album, on a ça. C’est peut être un peu plus marqué sur le troisième…

Qu’est ce qui vous influence ?

Franck : Depuis 15 ans, on écoute du rock en général.

Cyrille : Du rock quoi ! (rires)

Franck : Ça peut varier, selon les périodes, mais on peut écouter de la soul, on peut écouter de la pop, de la musique un peu plus électronique. On peut écouter de la new wave, on peut écouter du punk. Voilà, on n’a pas de barrières musicales, si tu veux. Effectivement ça reste dans un sens très large du rock. On va pas faire un album de reggae demain, ni de salsa parce que ça ne va pas le faire.

Cyrille : Je crois qu’on a quand même écouté une quantité de musique, adolescent, et je crois qu’elle reste quand même importante. Ce côté pas rock, mais mélodique, toujours dans un format assez pop, on a quand même gardé ça, et on a incorporé quelque chose de plus groove.

Franck : Voilà, au final ça reste des chansons, la plupart, rockabilly, et pop. On n’est pas non plus à changer du tout au tout. Les instruments ce sont les mêmes, après c’est vrai que des fois la guitare change un petit peu, le clavier aussi, mais le fond des compositions reste quand même du Hushpuppies.

Votre titre d’album The Bipolar Drift, fait référence au philosophe Lawrence Lawford, qu’est ce que son travail évoque pour vous ?

Cyrille : A la base, c’est en fouinant. On ne s’est pas basé là-dessus ou inspiré de ça.

Franck : Si tu veux, en voyant ce qu’il avait écrit, et en essayant de comprendre un peu ce qu’il voulait dire, ça correspondait à peu près à ce qu’on voulait dire dans nos chansons, donc on l’a piqué.

Cyrille : Ouais, on aimait bien cette idée de dualité qui se retrouve dans pas mal de nos chansons. Il n’y a jamais un côté tout blanc, un côté tout noir. L’être humain est constamment en train de naviguer entre deux pôles comme ça.

Que pensez-vous de la scène de rock française ?

Cyrille : La scène de rock français, on n’en pense pas grand chose, ce n’est pas notre came, tout simplement. En revanche, la scène rock en France, c’est très dynamique, il y a beaucoup, beaucoup de groupes. Je dirai que c’est presque sous-estimé. Par exemple à l’étranger, on est souvent considéré en France, pour avoir pondu la French Touch et les mecs se limitent à ça. Mais il y a des très très bons groupes.

Franck : Et de plus en plus, j’ai l’impression. Hier ou avant-hier, on jouait avec un groupe qui s’appelle les Yaa, je crois que c’est ça. Ils sont sur un label anglais, avec une prog’ derrière, ça serait les nouveaux Bloc Party. Concrete knives, on a joué avec eux, pareil, ça pourrait être les nouveaux Vampire Weekend, ou un groupe comme ça, si c’était dans un autre pays.

Cyrille : Da Brasilians, ils font un espèce de folk assez californienne très très belle, c’est pareil. Si ces mecs-là étaient nés à Los Angeles, je pense qu’on se poserait des questions.

Franck : Mais le problème c’est qu’on met en avant que les groupes de merde.

Cyrille : Enfin, c’est souvent les groupes de rock français, excusez-moi… (rires) On ne dit pas que ce sont tous des groupes de merde, mais disons qu’en France on a cet attachement à la culture de la chanson, de la défense de la langue, etc. On est quand même un des rares pays à foutre des quotas, pour que les artistes qui chantent pas dans la langue soient pas trop passés.

Franck : Ouais, c’est un problème culturel au final. Parce que même s’il y a des bons groupes, c’est un peu dur de remplir des salles avec ces groupes-là, parce qu’il n’y a pas de public. Le public n’est pas habitué. Ça parle pas, parce que les radios n’en parlent pas. C’est tout un circuit qui se mord la queue. En Angleterre, l’Europe fait partie de la culture, depuis des générations maintenant. En France, on a une culture de chansons, mais pas de rock.

Pour finir, quels sont vos projets ?

Franck : La tournée déjà, on a commencé en mars, et que ça dure jusqu’à cet été [NDLR : été 2012], pour que ça dure un peu plus d’un an.

Cyrille : Là, on va commencer à se lancer sur les prochaines compos. Et peut être aussi, faire vivre plus les « à côté des Hush« , c’est à dire qu’on a monté une boite d’édition qui est devenu aussi notre boite de prod, ça serait donc, soit trouver d’autres artistes, soit écrire différemment, pour essayer de faire vivre ça. Comme on disait tout à l’heure, c’est pas forcément évident de remplir des salles de concert et de vendre des disques en ce moment. Donc, il faut trouver, si on a envie de rester dans le milieu de la musique, d’autres alternatives.

Merci beaucoup pour l’interview !

Cyrille : Avec grand plaisir !

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