Découverte
Suke : J’ai découvert Mansfield.TYA avec leur premier album June, hommage à June Mansfield. J’avais été secouée par Pour Oublier Je Dors et charmée par Mon Amoureuse. J’ai laissé de côté le duo mélancolique pour y revenir avidement quelques années plus tard et me goinfrer de leur musique. J’ai adoré NYX et j’ai été scotchée par leur prestation scénique au festival Les Femmes S’en Mêlent. Tout cela préparait ma rencontre avec ce diabolique et surprenant Corpo Inferno qui sort tout juste aujourd’hui.

Yo : Cet album de Mansfield.TYA, c’est pour moi le fil qui dépasse de la bobine posée dans un coin de la pièce depuis des années : quand j’ai décidé d’enfin tirer dessus, c’est tout l’univers du groupe qui s’est déroulé, avec, d’abord cet album et puis les précédents… Bien sûr, je connaissais Julia Lanoë sous son visage démoniaque de Rebeka Warrior de Sexy Sushi, mais sa face angélique demeurait pour moi passablement inconnue jusqu’à ce que je sois absorbé par Corpo Inferno.

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Corpo Inferno : la chronique
Suke : J’ai découvert d’abord le morceau Bleu Lagon, en première place sur l’album. On retrouve l’ambiance si particulière au groupe. Une petite dimension électro, des vocaux hypnotiques, des textes dignes de la poésie surréaliste. L’album se décline dans des morceaux plutôt calmes et posés dans les instrumentations. L’ambiance est inquiétante. Les filles tutoient le diabolique et le sacré avec brio. Je retrouve l’humour un peu désespéré et un peu décalé du groupe, dans les excellents Gilbert de Clerc et Le Dictionnaire Larousse. Bref, du pur Mansfield.TYA comme on les aime.

Yo : Alors que les précédents albums du duo flirtaient avec une sorte de pop douce, mélancolique et surréaliste, Corpo Inferno tranche par ses envolées électro qui ne sont pas sans évoquer Sexy Sushi par moments. Bien sûr, la comparaison s’arrête là, car on est à des années-lumières des prestations électrotrash d’une des nombreuses autres vies de Julia, mais les influences réciproques ne s’éludent pas aussi facilement que ça. L’orchestration de l’album mêle à la fois cordes, menées de main de maître par Carla Pallone, quelques touches de percussions et des polyphonies soupesées avec justesse pour un ensemble à la fois hétéroclite et cohérent. Là où le titre introductif joue avec des jeux de voix proches de chants de gorge Inuits, BB balance des nappes électro lourdes et une rythmique tribale, alors que le surréaliste Gilbert de Clerc mêle de délicats pizzicatos et notes de métallophone. Un grand écart en trois premiers titres qui pourtant conservent la même dose de folie douce. Le groupe s’offre même un trio envoûtant avec Shannon Wright, déjà croisé aux côtés de Yann Tiersen.

Corpo Inferno : la critique
Suke : À ceux qui espèrent danser sur les ruines de Sexy Sushi, passez votre chemin. Les morceaux ont un tempo plutôt lent, les thèmes se font sombres et même angoissants. Les filles nous emmènent dans un imaginaire où démons et folie se mêlent. L’écriture et le chant sont lancinants, entêtants, comme une voix dans la tête. Avis aux amateurs, âmes fragiles s’abstenir.

Yo : Il n’y a rien à jeter dans cet album et, bien sûr, si les bruits de chaines sur Les Contemplations n’invitent pas à la franche déconnade, il y a quand même une force sourde dans cet album qui percole à chaque titre. Tout est millimétré et produit avec une précision redoutable… Non vraiment, je n’y vois aucun point négatif.

En résumé
Suke : En quatorze morceaux, le duo Mansfield.TYA nous emmènent pour un voyage sur les pas de Lovecraft, Poe ou Théophile Gauthier. Entre atmosphère presque gothique et poésie punk, ce nouvel album a le goût de jolies retrouvailles. À ceux qui en veulent plus, sachez qu’une tournée accompagne la sortie de cet opus tout de blanc vêtu. Et Désinvolt sera (en force !) au Café de la Danse le 13 novembre pour s’en délecter.

Yo : A une époque où la musique semble stéréotypée, lissée de standards conformistes et cadrés, Mansfield.TYA offre un vent de liberté salvateur. A sa manière, cet album est transgressif et subversif, parce qu’il bouscule les canons classiques de la musique à texte pour en faire un objet d’art, une performance, un OVNI… et ce pour notre plus grand plaisir.

TracklistREVERB137_cover_72dpi_zpszrfmsyu8

  1. Bleu Lagon
  2. BB
  3. Gilbert de Clerc
  4. Jamais Jamais
  5. Sodome et Gomorrhe
  6. Les Contemplations
  7. La Fin des Temps
  8. Der Tod und das Mädchen
  9. Loup Noir (avec Shannon Wright)
  10. Palais Noir
  11. Fréquences
  12. Le Monde du Silence
  13. Le Dictionnaire Larousse
  14. La Nuit Tombe

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