Salut, les mélodiques !

Pour mon premier article au sein de la jeune équipe motivée de désinvolt, je voudrais vous parler du prog’ ! Et c’est quoi le prog’ ? C’est un genre musical très méconnu en France et qui mériterait pourtant de l’être !

Pour vous situer l’intérêt du genre, c’est l’un de ceux qui se renouvelle le plus (vite) et pour une raison très simple qu’on retrouve dans son nom : Le «prog’», ou progressif, a pour première ambition d’avancer !

Qu’est-ce à dire ? Le but des artistes prog’ est de faire évoluer l’art – en ce qui nous concerne, musical. A chaque album qui sort, c’est une nouvelle révolution qui s’opère. Mais attention, on ne tombe pas non plus dans le bizarre, ça reste avant tout de la musique… Du coup, le prog’ est l’un des registres actuels les plus techniques.

On peut croire que le classique moderne, par exemple, ou encore le néo classique (à différencier selon moi) sont de loin les registres les plus techniques. C’est pas faux, mais en fait, ces genres sont liés très directement au progressif, jusqu’à se confondre. A la différence près que dans le classique moderne, on a encore du mal à faire intervenir une batterie, une basse ou une guitare électrique, tandis que les groupes de prog, qui sont généralement formés comme des groupes de rock (un batteur, un bassiste, un guitariste ou deux et/ou un clavier puis un chanteur), se servent très souvent des instruments des orchestres classiques pour établir une atmosphère particulière, lorsqu’ils en ont besoin.
Du coup, on peut avoir l’occasion d’assister à des concerts particulièrement grandioses comme le Score de Dream Theater en 2006, concert auquel a participé The Octavarium Orchestra, soit un orchestre symphonique composé de plus de trente musiciens (voir plus haut).

Maintenant que vous pouvez mieux comprendre le but du prog’, on peut en tracer un petit historique. Vous verrez que si vous n’avez jamais entendu parler du registre, vous devriez quand même connaître quelques groupes qui l’ont marqué. Et si vous n’avez jamais entendu l’un des groupes qui vous seront bientôt présentés, alors j’ai le regret de vous dire que ce webzine n’est pas fait pour vous… Mais rassurez-vous, il y a quand même vraiment peu de chance que ce soit le cas !

L’émergence du Progressif :

On utilise ce terme dans la musique dès la fin des années 40 pour indiquer une recherche de nouvelles directions musicales : des groupes de rock commencèrent à mélanger leur style devenu « traditionnel » à d’autres plus ou moins éloignés.
Le rock est un rejeton du jazz, donc on ne s’étonnera pas de voir ce style figurer dans les influences du prog’ avec le blues. Mais il est plus original de découvrir des éléments orientaux ou bien symphoniques.
Qui est à l’origine de cela ? Je vous donne dans le mille : les Beatles, qui ont été inspirés par The Birds et autres groupes de rock psychédélique.
Par la suite, les Pink Floyd ou Franck Zappa ont pu à leur tour donner des éléments de prog’ à leur musique. Le genre commence ensuite à se positionner en 1966 lors de la sortie de l’album des Yardbirds (Jeff Beck et Jimmy Page, ca vous parle ?) intitulé Beck’s Bolero, adaptant le Bolero de Ravel.

Je vous passe quelques détails, on n’est pas là pour faire une thèse : en 1969, le groupe King Crimson révolutionne la musique et dans les années 70, le rock prog’ atteint son apogée avec des groupes comme Yes, Genesis, Pink Floyd (qui a fait clairement évoluer son registre dans cette direction, suite à la perte de Syd Barrett) et bien d’autres. Plus tard des groupes comme Led Zeppelin et Supertramp vont casser la structure fixe musicale en alternant des passages aux mesures courtes et d’autres aux mesure plus longues. On commencera même à utiliser des mesure composées (par exemple, une mesure classique en 4/4 suivie d’une plus longue en 5/4 et on enchaîne). Cette originalité apporte une certaine instabilité à la musique, la rendant plus chaotique… ou plus humaine.

A la fin des années 70, le mouvement punk apparaît et la mode du prog’ passe : la musique est trop complexe, tandis qu’une culture du « lâcher prise » prend le dessus et ramène la musique et le rock à son expression la plus simple et la plus directe.

Puis dans les années 80, on observe une renaissance du genre avec des groupes comme Marillion, IQ, j’en passe, et des meilleurs : on parlera souvent de néo prog. Puis Asia, supergroupe composé de Steve Howe (Yes), Carl Palmer (ELP), John Wetton (King Crimson) et Geoff Downes (Buggles/Yes), sort un album beaucoup plus orienté pop et ouvre la voie vers un prog’ plus moderne. A partir de là, on parle véritablement d’un style progressif.

A partir des années 90, le métal prog émerge et devient l’un des styles les plus rentables financièrement et novateur artistiquement. C’est principalement Dream Theater qui ouvre cette voie.
Au sein de ce groupe, John Petrucci utilise très vite une guitare à sept cordes pour pouvoir augmenter son panel de possibilité (une corde plus grave qui colle bien au métal), le bassiste John Myung joue sur une basse à six cordes pour la même raison (entre autres), et Mike Portnoy possède un des sets de batterie les plus importants au monde (trois grosses caisses sur une batterie, ça ne passe pas vraiment inaperçu). Le groupe abrite également un chanteur et un claviériste qui échangeront toutefois leur place par la suite.
Rejoint au début des années 90 par James Labrie, DT sera révélé au (grand) public avec leur album Images and words, et le titre « Pull Me Under ». Jordan Rudess prend sa place au clavier à la toute fin des années 1990 pour finaliser le line-up qu’on lui connait toujours aujourd’hui.
Chacun des membres de Dream Theater est une référence dans le monde de la musique : Petrucci a participé à plusieurs G3 aux cotés de Satriani. Portnoy fut le plus jeune batteur de l’histoire à remporter le Hall of Fame, en 2004 et élu meilleur batteur du rock prog de 1994 à 2006 sans pause… Rudess est tout simplement un virtuose du synthé sous toutes ses formes (et donc du piano), il ne s’arrête jamais de composer, seul ou avec d’autres des nombreuses connaissances que sa renommée lui a apporté. Quant à John Myung, c’est quelqu’un dont on peut facilement reconnaître le talent à la basse mais qui reste très (très) discret ; il est membre de Dream Theater depuis ses débuts ce qui signifie déjà beaucoup sur ses capacités techniques.
DT est devenu la référence principale du prog pour son histoire et ses compositions de 1995 à 2006. (Malheureusement, ils commencent à vieillir, mais j’aurais l’occasion de parler de leur prochain album bientôt).

Dernièrement : le métal progresse]

En mélangeant toutes sortes de rythmes et sonorités, le métal prog’ va alterner des périodes très (très très) rapides à d’autres plus proches de la simple balade. La variation rythmique reste donc très présente, mais on passe aussi de la violence du « grunt » (vous savez, les mecs qui « gueulent n’importe comment et de manière incompréhensible ») au chant clair, calme ou puissant.
Très vite le métal prog’ va se diviser pour suivre plusieurs directions : le speed metal (Stratovarius est un des pionniers de ce genre) va utiliser la vitesse et la technique au maximum. D’autres (comme Opeth) vont plutôt allier la puissance du métal à la profondeur de l’atmosphérique apporté plus tôt par le new wave, sans toutefois se séparer de l’aspect technique.

Depuis, il n’y a pas tant de nouveaux styles qui se découvrent. C’est en tout cas encore trop tôt pour le dire : il y a désormais trop de possibilités avec Internet pour pouvoir tout écouter.

« C’est n’importe quoi ce truc !

…pour peu qu’on soit un compositeur, on fait forcément du prog’ ! » Pas tout à fait : vous devez maintenant pouvoir faire la différence entre plusieurs types de composition : les principales sont l’expression (des paroles sur trois pov z’accords) ou la progression artistique (pour faire simple). L’une n’empêche pas l’autre, mais le second autorise plutôt le premier que son contraire. Et ne dites pas que l’un est meilleur que l’autre, c’est complètement différent !
Il est vraiment difficile de différencier le tout, mais en écoutant un peu, on se rend compte que la plupart des groupes français ne font que de l’expression et c’est principalement pour ça que le prog’ reste méconnu au pays des droits de l’homme.

En bref, le prog’, c’est de la musique !

Il n’est pas nécessaire de vous prendre la tête pour savoir en quoi un morceau ou un album est prog’ ou pas. Sauf qu’en cherchant à écouter du prog’, vous diversifiez incroyablement votre horizon musical.
En fait, le choix est simple : est ce que vous voulez écouter ce que tout le monde écoute ou bien voulez vous découvrir véritablement ce qu’est la musique, et construire vous même votre raisonnement musical ?

Vous voilà arrivé au bout, et je vous laisse écouter maintenant quelques grands morceaux qui ont fait l’histoire du prog’ :

[Ecoutez “High Hopes” de Pink Floyd sur Deezer

Ecoutez “Octavarium” de Dream Theater sur Deezer

Ecoutez “Bad Devil” de Devin Townsend sur Deezer

Ecoutez “Stratosphere” de Stratovarius sur Deezer

Ecoutez “Arriving Somewhere” de Porcupine Tree sur Deezer

Consulter l’article Rock Progressif sur Wikipedia