Que j’aime recevoir un vinyle par courrier. J’admets qu’un encodage numérique sur un serveur obscur, c’est vite écouté, vite dans ton crâne, et vite dans l’iPod. Mais attendre patiemment ce vinyle, attendre de rentrer le week-end chez Maman pour le poser sur la platine, et attendre de pouvoir s’imbiber du son, ça a un quelque chose d’excitant, de stressant, comme un premier rendez-vous avec une demoiselle …

Mon premier rendez-vous avec Ben l’oncle Soul s’est bien passé. Je m’étais imposé de ne pas ouvrir ce sublime digipack, avant une écoute en vinyle. Pour ne pas abimer la surprise, pour que le charme soit intact.

Je lis de ci de là que le monsieur tourne à guichets fermés, qu’il a reçu un très bon accueil, et c’est plus que mérité. Après un EP intitulé Soul Wash, qui m’était à l’époque passé sous le nez (oui à cette époque, je ne recevais pas tout un tas de mail bourrés de surprises).

Cet album est classe, comme la soul old school qu’il porte. Monsieur Ben l’oncle Soul, c’est une décalcomanie des années seventies à emporter. Même moi qui suis aussi chauve que la coquille de Caliméro, je m’imagine avec une afro, un patte d’éph’ et en chemise col pelle à tarte en écoutant ce disque.

L’avantage du vinyle, c’est que tu peux mettre la face C, puis la face A, puis re-changer de disque, et hop un coup de face B. Et je découvre une chanson qui m’attrape, sûrement parce qu’elle démarre sur un air sur lequel Armstrong aurait pu poser sa voix. Cette chanson « Mon Amour« , au texte poignant et pourtant si simple, alors que le sujet abordé, la relation entre une fille et son père, est complexe au possible. C’est là l’un des pouvoirs de la Soul, emmener aux émotions sur de sublimes sons de cuivres.

La soul, musique de l’âme, amenée par un certain Ray Charles, sublimée par James Brown, rend à mes yeux hommage à la langue de Luther King… Les rythmes enivrants, les cuivres qui semblent parler, les chœurs, tout invite à se laisser porter, à sortir l’autocollant « Peace and Love » et à le coller là où l’on se trouve, même au guichet d’une banque, oui. Les morceaux de Ben l’oncle Soul qui sont interprétés en anglais tels que « Ain’t Off to the Back » ou encore « I Don’t Wanna Waste » offrent de la consistance à l’album, me laissent dire sans honte qu’on parle de Monsieur Ben l’oncle Soul et pas d’un simple oncle Ben dont la céréale est toujours un succès (désolé, mais je me devais de la placer, sincèrement). Ce disque est un puissant hommage, à la Soul, à cette musique parlant d’émotions fortes, d’amour, à cette musique venant du fond de l’âme. Le soleil commence enfin à se montrer, c’est sûrement le meilleur moment pour se poser en terrasse et apprécier un bon son Soul. Et puis tout mélomane ne pourra qu’apprécier la « reprise » de « Seven Nation Army« , l’une des meilleures de l’artiste, qui s’était fait découvrir sur son EP par plusieurs reprises de tubes, notamment « Barbie Girl » qui, en version soul prend une dimension toute autre.

Je reconnais que cette chronique a de faux airs pédagogiques, mais avoir le luxe en 2010 de repartir 40 ans en arrière, avec un simple disque, de vivre ce qu’on ne vivra plus, de voir ses parents se rappeler leur jeunesse, se rappeler mai 68, de partager des souvenirs, pleins de légèreté comme « Soulman » et ses paroles, hommages aux « grands » qui ont façonné notre histoire, d’un rêveur égaré à la mauvaise décennie.

Alors faites comme moi, procurez-vous cet album, l’autocollant « Peace and Love » qui va avec, et faites tourner …

Le disque est déjà disponible, et c’est signé par Motown France.

Et un grand merci à Lucie, pour cette découverte.

  1. Seven Nation Army
  2. Soulman
  3. Petite Soeur
  4. Mon Amour
  5. Elle Me Dit
  6. I Don’t Wanna Waste
  7. Come Home
  8. L’Ombre D’Un Homme
  9. Ain’t Off To The Back
  10. Lise
  11. Demain J’Arrête
  12. Lose It
  13. Back For You

Et le clip Seven Nation Army :


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