Les premières fois, ce sont des choses qui marquent. Je me rappelle de mon premier Saez, de ma découverte de Noir Désir, ou encore celle d’Eiffel. Oui, je me rappelle parfaitement chacun de ces moments. Raphael, c’était un matin. Le soleil n’était même pas encore levé, et M6 diffusait le clip de Hôtel de l’Univers. Cette rencontre a influencé mon univers musical autant que les trois autres. J’ai écouté Hôtel de l’Univers des heures durant, me suis repassé chaque titre jusqu’à le connaître par coeur, et une fois que j’ai eu fini l’album, je l’ai repris au début. Il en a été de même pour La réalité. Et puis… tout a commencé à partir de travers.

Les premières trahisons, aussi, ce sont des choses qui marquent. C’était un soir où je n’avais rien d’intéressant à faire. Devant ma télé, je passe d’une chaîne à une autre. Sur TF1, Raphael est en train d’interpréter Sur la route. J’avais cru en ce type, comme Obi Wan avait cru en Anakin [1]. Bon, ok j’en rajoute, lui ne devait pas ramener l’équilibre dans la force, et ne l’avait pas condamné à la nuit. Mais quand même ! J’avais cru en lui, j’avais placé un tas d’espoirs dans sa musique et sa carrière à venir, et le voilà à faire sa p*te à la Star Academy, à vendre son c*l à Nikos, juste pour de la promo. Je croyais que mes attentes et mes rêves valaient plus que ça, mais Raphael m’a appris que tout se monnaye.

J’ai ensuite tenté de lui pardonner, tenté d’écouter Caravane, et espéré, prié même, que la magie opère et ainsi pouvoir tourner cette douloureuse page. En vain. Ce n’était pas cet album, pas forcément désagréable, mais bien trop commercial et formaté pour vendre qui allait tout réparer. Le Raphael dans lequel j’avais cru n’était plus, il avait tout foutu en l’air et s’était fait bouffé par le côté obscur. Alors j’ai décidé d’oublier la déception. J’ai gardé précieusement Hôtel de l’Univers et La réalité, j’ai jeté les autres albums du monsieur, et ai ainsi tenté de préserver l’admiration et l’attachement que j’avais pour le type que j’avais connu et les tenant loin du dégoût que je ressentais pour celui qu’il était devenu. J’ai arrêté de traîner sur r-h.net, je n’ai plus été le voir sur scène et n’ai pas porté la moindre attention à ses albums suivant. Pour moi, Raphael était mort en 2003.

Et puis, il y a quelques semaines, on m’a rapporté qu’il était de retour. Un nouvel album. Il paraitrait qu’il revient à ses débuts, qu’on reconnaît Hôtel de l’Univers et tout.

Alors, j’ai longuement réfléchi. Si je l’ai déclaré mort, je suppose que je peux aussi le ressusciter, non ?

J’ai commencé par lire quelques critiques. Toutes hyper enthousiastes. Donc, j’ai été télécharger (je ne suis pas encore prêt à payer pour le travail de M. Haroche, faut pas pousser !) Pacific 231 qu’on me recommandait unanimement, si chaudement, et prudemment, j’ai appuyé sur lecture. Et là ? Et bien là, rien. Comme tout le monde je crois, je me suis arrêté un instant sur Le Patriote, mais j’ai été contraint de constater que je suis maintenant incapable de croire en la sincérité de ses chansons. Une nouvelle fois, ce n’est pas forcément désagréable, ça se laisse volontier écouter, mais est-ce suffisant ? Non. Des types qui font de la musique écoutable, j’en croise sans arrêt. Des types capable de me faire rêver… c’est une toute autre histoire…

Oui, le Raphael d’Hôtel de l’Univers a disparu, et chaque jour, il me manque.

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