Il descendit aux enfers

Inspiré de l’endroit où le groupe a enregistré son premier album, « La salle de danse du boucher » on pourrait s’attendre, avec un peu d’imagination, à un bon vieux groupe de métal aux riffs saturés, visages masqués inspirant la mort et un chanteur à la voix hurlante! Pourtant il y a quelque chose dans leur nom qui les trahit, Diablo Swing Orchestra n’est pas un groupe comme les autres et nous le prouve.

Pas comme les autres, en effet, la rencontre entre les différents membres de ce groupe suédois est assez inhabituelle comme le raconte Daniel Håkansson, le leader du groupe lors d’une interview consacrée à HeavyLaw.com:
« Au cours du 16ème siècle, il y avait en Suède un orchestre en activité dont la musique ne plaisait guère aux puissants de l’époque. Ils ont alors été accusés à tort de meurtre et condamnés à mort par pendaison. Mais avant cela, ils signèrent un pacte qui parvint à leurs descendants, où ils leur confièrent la tâche de réunir l’Orchestre 500 ans plus tard. Le temps s’écoula, nous retrouvâmes toutes ces lettres et chacun des descendants. »

Les 6 musiciens en costumes d’époques plantent d’entrée de jeu le décor.

Des artistes pas comme les autres, puisque DSO n’est pas qu’un simple groupe de heavy métal comme on en compte beaucoup dans le pays. Entre Arch Enemy, HammerFall, In Flames… la liste est longue et pourtant cet « orchestre » baroque réussit à se frayer un chemin dans une bulle où résonnent les bruits sourds d’une baguette venant frapper un tambour ou encore la vibration des cordes vocales d’un chanteur tatoué et aux cheveux longs.

« La musique est le domaine des démons. » – Thomas Mann

Débarqués en 2006 avec leur premier album The Butcher’s Ballroom, les suédois se démarquent d’un style trop souvent conditionné.
La plupart des membres ayant reçus une formation classique, ce premier projet présente une atmosphère toute particulière. Il nous plonge dans un univers à la fois baroque et lyrique tout en conservant ses inspirations heavy à l’image de Heroines, où le son grave de la guitare tout en retenue s’accorde au chant lyrique de la chanteuse et sa voix magnifique, qu’elle n’hésite pas à pousser dans les aigus au moment du refrain, une avalanche de riffs de guitares électriques surpuissants et Ragdoll Physics qui nous hypnotise tout de suite avec cette mélodie envoûtante et nous plonge dans une ambiance gothique à couper le souffle.

Le groupe récidive cette année avec Sing-Along Songs for the Damned & Delirious. Un second album qui réussit l’exercice bien souvent difficile pour un nouvel artiste, de faire encore mieux. Encore plus dépouillé, l’objet recèle quelques perles comme Lucy Fears The Morning Star et son intro hallucinante, à base de cuivres et de tambours, dantesque mais toujours mélodieuse.

Le Diablo « Swing » Orchestra et en effet ça swingue. Une fois après avoir fait le tour de l’album, on n’a pas l’impression d’avoir écouté un album de métal tant le groupe brouille les pistes en cassant la barrière séparant les styles. Le groupe étale ses influences au fur et à mesure que les morceaux s’enchainent: gypsy sur Poectic pitbull Revolution et Memoirs of a Roadkill, interventions des cuivres, violons, piano… surtout cette voix féminine, celle de Ann Louice, rare dans ce courant musical et qui pourtant, est du plus bel effet.

On se laisse attraper par ce groupe délirant, qui nous entraîne avec lui aux portes de l’Enfer, d’une musique qui a le diable au corps mais qui ne tombe jamais dans l’excès. Restant ainsi accessible à toutes les oreilles.

C’est peut être le siècle qui veut ça, les Trompettes du Jugement dernier se déchaînent mais Lucifer n’a pas d’autre intention que celle de nous faire danser.

Myspace
Ecouter The Butcher’s Ballroom sur Jamendo
Voir l’interview de DSO sur HeavyLaw.com