RIT est un homme orchestre pas comme les autres dont il est difficile de ne pas tomber sous le charme. A la première écoute de son premier opus, je suis devenu un fan éternel.

Je vous ai connu, en 2003, avec votre album « Auprès de mon arbre ». Un album qui arrive à mélanger à merveille des chansons joyeuses et d?autres plus ?militantes?. Peux-tu revenir en bref, sur votre parcours musicale ?

J’ai commencé à écrire des chansons il y a maintenant 10ans. Entre blues, reggae, swing année 30. Un peu ce que fait Moussu T maintenant.C’était l’époque du Reggae, salsa et autres musiques festives, les groupes étaient 28 sur scène. Devant la difficulté de m’imposer seul, j’ai joué dans la rue, puis dans les festivals de rue. Un jours sur les conseils d’un ami j’ai postulé pour le printemps de Bourges et j’ai été découverte nationale. De là l’UDCM (Antenne Printemps en PACA) m’a accompagné et m’a permis de sortir ?Auprès de mon arbre?. Sur cette tournée je faisais les 1er Partie de Zenzile, et j’ai intégré leur prod Yotanka. Avec eux j’ai sortie ?Sans Tambour..? et ?Bric à Brac? et fais plein plein de concerts. Et voilà!

Si on revient à votre avant dernier opus « Sans tambour ni trompette ». Dés les premières écoutes, on est charmé par le style, la voix, les paroles. Tout le monde peut se retrouver dans ces morceaux de vie.

C’est un album que j’ai écris dans son ensemble d’un seul jet, en un peu plus d’un mois. Il y a d’autres chansons plus anciennes comme ?les pieds nus?, ou ?je latte? qui remonte à mes premières compo. Il reflète vraiment un pan de ma vie, plutôt mélancolique. C’est peut-être pour ça que ça touche. C’est un sentiment universel.

L?ami cité dans « Bonsoir aux étoiles » existe-t-il vraiment ?

Ouais, il a vraiment existé?

Autre morceau qui arrive à nous toucher avec sa bonne mélodie « La goutte d?eau ».

C’est une chanson d’excuse. Au départ elle ne devait pas être sur l’ album. Lors des prises, Vince (clavier de Zenzile) qui réalisait l’album, m’a demandé si c’était tout. J’ai envoyé cette chanson, que j’avais écrit pour mon ex-compagne, c’était juste un joke entre elle et moi. Puis c’est resté sur le disque?

Et vous c?est laquelle votre préféré , celle qui avec le temps vous ne lui trouvez aucun défaut ?

Celle-ci justement. En fait elle n’est pas finie. C’est peut-être pour ça?

Avec « Bric à Brac », on sent encore plus cette manière de dénoncer mais tout en douceur sans vraiment afficher un statut de militant engagé.

Je n’ai jamais été ?engagé?. Ça n’a jamais été mon discours. Je ne suis pas un porte drapeau. Je me vois plutôt comme un citoyen qui expose ses idées. J’aime aussi l’idée d’être ?opposant?, d’offrir une alternative, une résistance, à la pensée unique qu’on nous impose.

Et malgré cette douceur et ce coté simple de tes chansons, tes textes restent assez dénonciateurs et critiques, mais on sent parfois que vous êtes un observateur qui partage avec nous sa propre vision du monde mais sans donner vraiment de solutions. C’est plus un besoin d’en parler qu’un besoin de guider.? Vous préférez plus avoir ce regard d?enfant sur les choses ?

Le reggae est omniprésent sur cet album, un reggae amoureux sur « l?âme s?ur » ou juste révoltant sur « L?horreur humaine ». Lors des journées studio, vous écoutiez de la musique d?autres artistes reggae ?

Je ne sais pas si le reggae est plus présent qu’avant, mais c’est une musique qui m’a beaucoup influencé, et qui fait toujours fait partie de mon quotidien. L’enregistrement de cet album c’est fait par petite période sur une année, pendant la tournée de ?Sans tambour?? Le studio était au Mans chez le techno qui m’accompagnait sur la route. J’ai donc passé presque deux an à faire des allés/retours dans cette ville. J’ai souvenir d’avoir écouté dans le train ces albums ?plus de sucre? de JP Nataf, Xavier Rudd, Beck ?mellow gold? et ?Hustler? de G.love

As-tu le sentiment d’avoir évolué depuis ?Auprès de mon arbre? et ?Sans tambours ni trompette? ?

Complètement! J’ai essayé de faire des albums avec des ambiances, une méthode différentes chaque fois. Je pense que le prochain album va en surprendre plus d’un! Pour ces trois albums, j’ai enregistré en studio. Maintenant j’ai envie de revenir à ma première formule, c’est à dire bosser chez moi, au rythme de mes envies, de mes humeurs, et sans techno!! Je préfère bosser sans à priori technique, faire au feeling et me laisser conduire par mes sensations.

Vous avez récemment sorti un album avec la formation Jawa.

Oui, c’est un album qu’on a composé et écris ensemble au Benin. Ça restera une très belle aventure entre chanson, traditionnel, dub? J’aime bien toujours avoir un projet en parallèle au mien. En ce moment je travail avec Temenik Electric. C’est un groupe qu’on a monté à l’initiative des Nuits Métis. Ça regroupe Mehdi Haddjeri de King Medoo et Berno D’Alatoul.

Parlez-nous un peu de votre aventure en terre africaine.Comment s?est faite la rencontre avec le Benin et Jawa ?

Ça a commencé en 2002 je crois, avec la rencontre de Jawa au Benin. C’est La Fonderie à Aix-en-Provence qui m’a proposer de les rencontrer. A cette époque j’avais peu d’expérience dans les ?rencontre/création?, et j’ai trouvé l’exercice difficile. On est quand même arrivé à pondre quelques titres (qui font partie de l’album) et une série de concert a suivie au Benin et en France. J’y suis retourné régulièrement ensuite. On a monté un répertoire original, puis on l’a tourné et enregistré. J’aimerais bien continuer l’aventure.

Et que représente l’Afrique pour RIT ?

Une terre d’accueil, avec ses qualités et ses défauts, ses extravagances, ses paradoxes. La joie de vivre avec peu, la débrouille, le courage, l’abnégation, le sourire. Contrairement à notre Sarko et son nègre Guaino, une vrai vision de l’avenir et une réelle implication dans le futur.

Les atouts gagnants de RIT c’est quoi ? La simplicité ? l’humour?

Je sais pas? Je fais mon ?truc? avec plaisir.

Dans les groupes que tu as du croisé sur la route (et y en a surement eu un tas) , qui t?a le plus marquée ?

Joe driscoll, Herman Dune, Daau et pour les groupes de la région Les Grosses Papilles. Je les ai croisé plusieurs fois cette année, et à chaque fois c’était un vrai plaisir.

Ton meilleur et pire souvenir de concert?

Mon meilleur c’est à Presles pour la fête de Lutte Ouvrière. Je jouait juste avant le dernier discours d’Arlette Laguiller. A la fin du set je jouais ?où va ce monde?? et elle était sur le côté à écouter. A la fin de la chanson j’ai quitté la scène, mais elle m’a demandé d’en jouer une autre. Alors je me suis fait plaisir, je suis allé à fond dans la démagogie et j’ai chanté une chanson où j’assassinais Sarko. On s’est vu après elle m’a demandé un disque sur lequel j’ai mis un petit mot. Quelques semaines après, elle m’a envoyé un petit mot à son tour pour me féliciter. Voilà! Pour les pires (j’en ai deux en mémoire) je préfère les oublier?

Sinon pour ne pas poser une question assez basique sur votre avis sur le téléchargement, imaginez que vous tombez sur un site qui propose en libre téléchargement tous vos lives, vous vous opposerez à ce genre de pratique? Et Qu?elle serait votre réaction si on vous demande de signer un de vos skuds « gravés »?

En fait j’en sais rien? Je crois qu’on ne peux pas lutter. La seule chose qui me chagrine, c’est que certains ?téléchargeurs? ne font pas la distinction entre un artisanat et bizness. Le gars qui télécharge des albums comme les miens se trompe? C’est peut-être flatteur, c’est peut-être une manière de faire connaître ma musique, pour certains c’est même une manière de faire la nique aux majors. Mais c’est surtout le plus sûr moyen de saborder les artisans comme moi. Ok un disque c’est trop cher. Mais il faut savoir que pour un disque acheter en magasin un tiers part pour le magasin, un autre pour le distributeur, et les miettes restantes se partagent entre la prod, l’artiste, la sdrm, et la fabrication. Je suis pour le téléchargement, la preuve c’est que tu peux le faire sur mon site, en Mp3 ou en Wave, et pour une somme dérisoire! Rien est gratuit, plus encore de nos jours. Mon boulanger ne m’offre pas sa baguette. Je ne vois pas pourquoi la culture seule serait gratuite, ou alors il faudrait pouvoir tout télécharger. A quand le canapé téléchargeable gratuitement chez Ikea?

Avant de finir, ? Et si RIT était :

– un animal : un chat

– une couleur : rouge

– un pays, un endroit sur terre : l’estaque, je suis bien où je suis

Et si ton album ?Bric à Brac? était ?:

– une odeur : Bombe lacrimo à la rose?!

– un son : un bruit silencieux

– un sentiment : une calme agitation

Je vous laisse le mot de fin pour conclure l’interview?

Sortons! Allons dans les ?petites? salles. Partons à la découverte de nouveaux groupes, loin de la musique aseptisée des radios et autres arnaques. Il faut continuer à proposer autres choses que ce qu’on nous impose. Et surtout balançons notre Télé!

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