Soyons honnête, je ne suis pas vraiment un inconditionnel de Matmatah. Je me revois avec précision, dans le bus au retour du collège, la première fois où j’ai entendu Lambé An Dro. Un vrai coup de foudre. J’ai ensuite bien usé mon exemplaire de La Ouache, me passant en boucle Emma, L’Apologie, La Fille du Chat Noir ou La Complainte de Fanch. Mais l’histoire s’est arrêtée là. De leurs albums suivants, je ne connais que les singles qui passaient à la radio. Je serais incapable de citer le nom d’un des membres du groupe, je ne sais même pas combien ils sont, ni à quoi ils ressemblent… Pourtant, lorsqu’on en 2008 Matmatah a annoncé sa séparation, j’ai ressenti un immense regret de ne jamais avoir pris le temps d’aller les voir sur scène. Du coup, je n’ai pas hésité plus de huit secondes quand la tournée 2017 a été annoncée !

Le 17 mars, me voici donc au Paloma de Nîmes. La première partie est assurée par le groupe Lord Ruby. Une bande de quadragenaires anglais jouant une musique pop/rock en costard (ou en kilt pour le bassiste). Leurs chansons sont très agréables et sympas, mais pour chauffer la salle c’est pas trop ça. Pourtant ils ont de l’humour, interrompant leur set pour boire un thé (bien qu’il m’a semblé les voir verser du whisky dans leur tasse) ou nous proposant d’acheter leur CD pour 10 euros et pour 2 euros de plus, de faire l’amour avec le batteur.

Vers 21h10, Matmatah arrive enfin sur scène. Le concert débute tranquillement avec (si ma mémoire est bonne) Petite Frappe, Quelques Sourires, Marée Haute et Gotta Go Now. Si le public est réactif, il est quand même un peu mou, si bien qu’ils introduisent la chanson suivante, Lésine Pas, comme un titre écrit pour le pogo, se moquant des sudistes qui ne doivent pas connaitre ca. Vexée, la foule s’agite enfin pour montrer au groupe que si si, on est bien là !

Arrive ensuite la célèbre et attendue Emma. Si l’ambiance est à la fête, la fosse est loin d’être déchainée, mais peu importe, dans ma tête c’est un vrai feu d’artifices et pendant cinq minutes, j’ai 14 ans à nouveau. Je m’agite et hurle à jusqu’à m’époumoner, évacuant la frustration de toutes ces années où je n’ai vécu cette chanson que seul dans ma chambre, un casque sur les oreilles et le volume de mon discman à fond.

Matmatah continue avec Archimède, Au Conditionnel qui laissera le public de marbre à ma grande surprise alors que c’est un classique, Nous y Sommes, La Cerise, Le Festin de Bianca qui est une des chansons que j’attendais le plus ce soir vu qu’elle est clairement taillée pour la scène, et si la fosse n’en semble que peu convaincue, je partageais l’énergie du groupe sur ce titre, et puis Crépuscule Dandy.

Dès les premières notes de la chanson suivante, mes pieds quittent le sol. Mes oreilles n’ont pas encore reconnu Lambé An Dro et pourtant me voilà monté sur ressort. Cette fois ça y est, le public est réveillé, tout le monde est debout, saute et chante le refrain. Quatre minutes plus tard, mes mollets me font souffrir, je n’ai plus de voix ni de souffle, mais putain, ça valait le coup !

Dans cette atmosphère chaud-bouillante, le groupe quitte la scène, mais pas pour longtemps. La salle réclame L’Apologie, et ne compte pas partir sans l’avoir eu. Le chanteur s’en amuse : « Pourquoi vous me parlez de posologie ? ». Mais avant d’en arriver là, le beau et doux Toboggan calme casse l’ambiance, si bien que se remettre en route sur le titre suivant, Derrière ton Dos est très difficile. Mais voici, enfin, L’Apologie, dont les paroles « L’an 2000 approchant » me font prendre un sacré coup de vieux ! Dire que cette chanson date de 1998 ! Puis, le concert s’achève sur une note un peu moins rock mais tout aussi énergique avec Peshmerga.

En tant qu’ex-Parisien, devoir me « contenter » de concerts « en province » est quelque chose de difficile. Surtout que le public du Sud de la France mérite amplement sa réputation de mollasson lors des concerts rock. Mais peu importe l’ambiance dans la salle, dans ma tête ce fut un moment de pure euphorie, et Matmatah est sans conteste un groupe à découvrir en live. Leurs chansons prennent une autre dimension. Et leur dernier album Plates coutures, que je n’avais pas vraiment écouté avant, est un gros coup de coeur. Des paroles de plus en plus engagées, sur une musique toujours aussi percutante.

Voilà un nom que je vais pouvoir rayer de ma liste des « groupes que je regrette d’avoir raté en concert ». Maintenant je n’ai plus qu’une seule hâte : les revoir !

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