Everything is Borrowed…

S’il y a bien un endroit sur terre à mon avis, où en ce moment, on se montre de plus en plus créatif musicalement, c’est bien l’Angleterre.
Y sont nés les plus grands noms du rock, des Beatles à The Clash, en passant par les Sex Pistols, The Velvet Underground ou encore Oasis pour ne citer qu’eux.

Car il y a des jours, lorsque vous êtes seul dans votre chambre, en train d’écouter Stairway To Heaven de Led Zepplin, allongé sur votre lit, vous savez, un de ces moments où toutes sortes de questions vous traversent l’esprit, est-ce qu’à ce moment là vous vous êtes déjà demandé ce qui, musicalement pourrait bien sortir du lot?
De la même façon que l’homme explore sa planète, on se dit qu’on a déjà fait un peu le tour niveau musique, que tout a déjà été fait et on a des fois l’impression que tout ça tourne en rond.
Par exemple en France, on nous torture les oreilles avec des reprises d’anciens artistes de variétés qui sentent le réchauffé, comme si on avait censuré l’imagination ou la créativité de peur que cela nous provoque un électrochoc de sensations et nous tue d’un arrêt cardiaque !
C’est dans ces moments là (où tout semble perdu!) que sort de nulle part un jeune artiste accompagné de sa musique, une musique fraîche, originale, qui apparaît comme une renaissance face au monde.
C’est cet effet là que j’ai ressenti la première fois que j’ai entendu la musique de cet homme, inconnu en France, portant à lui seul le nom de The Streets.

Bien sûr, d’autres comme Damon Albran et son groupe virtuel Gorillaz, Dizzee Rascal et son grime de fou furieux ou encore Just Jack et son hip-hop teinté d’influences disco sont passé par là depuis. Mais si je ne devais n’en retenir qu’un, un exemple d’inventivité parmi tous ceux-là, ce serait lui.

« S’échapper » – The Escapist

Jeune londonien, Mike Skinner de son vrai nom, à commencé la musique tout seul chez lui dans son quartier bourgeois de South London. Une jeunesse ennuyeuse passée à jouer avec ses magnétophones et ses claviers, la musique pour seul échappatoire d’un quotidien qui tourne autour de la routine. Il enregistre ses premières démos avant de se faire connaitre du grand public avec un album référence pour toute sa carrière : Original Pirate Material sorti en 2002. Il a alors 26 ans.

Le titre fait référence sans doute à la manière de faire du jeune homme, en effet, dans ses chansons, il compose tout seul, à la manière d’un homme-orchestre. Et à la première écoute, impossible de fixer The Streets dans une case, Fit But You Know It un de ses titres phares en est la preuve: riffs de guitares énervés, batterie, flow rap, petites sonorités électroniques… Les influences musicales derrière chacune de ses chansons se font discrètes, en ressort un produit original, un diamant brut. The Streets ne fait pas de la musique, il fait SA musique!

« Laissez les choses avancer » – Let’s things pushing forward

Le style de The Streets est tout de suite reconnaissable, on pourrait le cataloguer comme un simple rappeur et pourtant son phrasé inimitable, presque parlé fait qu’il pose chaque mot sur sa musique comme pour obliger l’auditeur à prêter une oreille attentive à ce qu’il raconte (pour peu que l’on comprenne un peu la langue de Shakespeare bien sûr!).



Issu d’une famille moyenne, ni riche ni pauvre donc, juste un type normal, The Streets dépeint cette réalité dans ses chansons, celle d’une jeunesse un peu paumée et qui ne sait vers quelle voie se tourner.
Il nous parle de ce qu’il connaît, de ce qu’il a vécu, avec les mots du quotidien pour faire de chaque morceau de véritables poèmes: relations amoureuses, vision pessimiste de la jeunesse, alcool, vision de l’artiste du point de vue des autres, portrait de l’Angleterre d’aujourd’hui… Mike est parfois un peu dépressif et tout cela se ressent dans ses chansons à l’image du titre Stay Positive.
Car quand Mike Skinner est triste le public pleure avec lui.

Parmi les chansons les plus réussies de l’artiste, Dry Your Eyes et Blinded By The Lights, sont de véritables moments d’émotions pures.

Car en plus d’être un lyriste d’exception, The Streets est un musicien de génie, en se détachant des sons hip-hop classiques, il préfère puiser dans ses influences pour ensuite, trifouiller tout ça et tout réinventer.
Chaque mélodie accompagne vraiment le thème abordé dans la chanson, si bien que l’ensemble voix+musique fait mouche à tous les coups.
Alors qu’au début, il s’était abonné aux petits sons électroniques, le drôle et à la fois réaliste Don’t Mug Your Self (Ne te soumet pas), The Streets en grandissant, tout comme sa sa musique, évolue, il ne reste jamais figé, à l’image du monde dont il parle dans son dernier album Everything is Borrowed sorti en 2008 et qui restera certainement son meilleur disque depuis le début de sa carrière: mélodies au piano, cuivres, riffs de guitares électriques, voix féminines…
Les thèmes aussi sont moins personnels mais toujours aussi pessimistes : religion, relations amoureuses foireuses, fin du monde… (rassurez-vous l’album comporte aussi quelques chansons au ton plus enjoué!)

The Streets est une star dans son pays et plus que ça, un véritable artiste. Génial tant sur le fond que la forme, inclassable, il est à lui seul une grosse révolution dans le monde pop et s’inscrit comme une référence dans le paysage musicale anglais. Personne ne fait de la musique comme Mike Skinner alias The Streets. Espérons qu’avec son nouvel album (le dernier sous ce nom de scène) qui devrait normalement voir le jour, il puisse acquérir la même reconnaissance chez nous.

Site officel de Mike Skinner
Ecouter The Streets sur Deezer
Voir le Clip Dry Your Eyes
Voir le Clip Blinded By The Lights