On est de retour sur le festival après la folle journée de samedi ! On a rempli nos cartes John E-Cash, bien pratiques pour éviter les galères de monnaie ou les pertes de CB. On a mis nos plus beaux K-Way et on exhibe fièrement notre parapluie rayé.

C’est une pluie tenace qui nous accueille sur la scène John où Grand Blanc balance une pop française aux accents cold-wave. On est saisis par la sincérité du duo qui nous interprète L’Homme Serpent, L’amour Fou et Surprise Party. Il y a un joli travail de son sur les voix et la pluie n’empêche pas le duo lorrain d’assurer une présence pleine de conviction et d’esprit rock. Benoit a un petit problème de pédale d’effets juste avant le joli titre Bosphore qui évoque leurs errances dans leur Lorraine natale. Le public répond présent malgré le temps vraiment pourri, et on se laisse facilement happer par leur pop sombre. Camille porte un jean taille haute et un débardeur très échancré, elle fait monter la pression et l’ambiance s’échauffe tant sur scène que dans la foule. Ils poursuivent avec Verticool et un refrain chargé en delay (écho sur la note), qui se fait hypnotique et électronique. Sur Samedi La Nuit, Benoit conseille aux spectateurs de tous se mettre à poil, et il illustre le propos en faisant tomber le t-shirt, laissant apparaître tatouages et bronzage citadin. Le duo est une belle découverte sur scène. Ils transmettent une intensité rare et le live met en valeur leurs textes et instrumentation. Même la pluie en est restée bouche bée et a fini par s’éclipser.

On se dirige doucement vers la scène Beauregard et l’on découvre l’Orchestre National de Normandie sous l’écran central.  Les musiciens interprètent des musiques de films et offrent un vent de douceur classique dans cet univers rock.

C’est Jeanne Added qui s’installe sur la grande scène sur les coups de dix-sept heures. Elle attaque fort avec Miss It All qu’elle interprète la basse au poing. Le chant se fait lancinant et envoûtant. Jeanne retrouve peu à peu ses airs de Petit Poucet combatif. Malgré plusieurs galères de son et de micros, elle ne se laisse pas démonter et arrive à capter et fasciner le public qui la soutient et l’encourage. Elle sautille sans s’arrêter sur It et transmet une énergie positive à la foule. Look At Them est magnifique, A War Is Coming rempli de hurlements. Son chant a un côté brut presque punk, plusieurs parties seront presque rappées. La chanteuse rugit sur Back To Summer et boxe un adversaire imaginaire. La tension est palpable et sera magnifiée par une réorchestration techno de la fin de morceau qui achèvera de convaincre les plus sceptiques. Lydia est complètement hypnotique et nous emporte. On assiste à un joli jeu de scène avec Marielle Chatain, sa claviériste. Suddenly sera repris en chœur par un public conquis. L’instant a quelque chose de lyrique. Le morceau ainsi sublimé clôt un set furieux, qu’elle a su tenir avec talent malgré les soucis techniques. Ce Petit Poucet est une grande dame.

Notre voyage normand continue avec Jain qui enflamme littéralement la scène John. La pelouse est blindée, on a quitté les K-Way et les pulls car le soleil nous chauffe la peau. Jain arrive seule en robe noire, col Claudine et baskets, remplie d’une assurance pleine d’optimisme. Elle joue avec les machines et se sample elle-même avec une aisance ludique qui désarçonne. « Êtes-vous prêts à danser ? » nous lance-t-elle comme un défi. Les festivaliers répondent tous présents. Elle présente sa chanson Hope en expliquant avoir puisé son inspiration dans le rythme des travaux qui se déroulaient en bas de chez elle un samedi matin. Elle sollicite le public et crée un instant de partage privilégié sur chaque morceau. Avec ses allures de Mercredi dans La Famille Adams, elle fait ce qu’elle veut de la foule. Elle nous fait sauter, bouger, chanter et surtout nous colle un énorme sourire sur le visage. Elle nous présente une nouvelle chanson intitulée Paris, écrite avant novembre 2015 mais qui a pris une sacrée tournure depuis. Elle en a fait une chanson d’amour et d’espoir. Les symboles peace-tour Eiffel s’affichent sur les écrans et le morceau prend une dimension cathartique. Elle tient là un hymne électro-pop émouvant. Après quelques remerciements, elle balance son tube Come accompagnée d’une guitare acoustique. Le ton est frais et joyeux, le chant prend des teintes blues et soul. Elle enregistre les voix de plusieurs spectateurs, en descendant dans le public et les sample pour chanter par-dessus et finir a cappella. Jain démontre qu’en plus d’être une artiste remplie de créativité, elle est aussi une vraie bête de scène. Elle poursuit avec une chanson groovy et festive qu’elle explique avoir écrite un samedi car elle avait envie de sortir. Elle a donc composé ce morceau pour faire sortir les gens. Le concert se termine sur une version jouissive de Makeba qu’elle achève par un slam dans une bulle géante. Jain a mis une pêche d’enfer dans le cœur de chaque festivalier.

On quitte doucement le festival de Beauregard au son de la pop douce et sombre de Lou Doillon. La suite des festivités s’est terminée en bonne compagnie avec les prestations de Beirut, PJ Harvey, Louise Attaque et Jurassic 5. Ce festival a été une très belle découverte. Il allie un cadre particulièrement agréable à une programmation assez impressionnante. Si vous passez par la Normandie début juillet n’hésitez plus avant d’acheter vos places !

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