Dans la famille toujours plus grande des festivals musicaux de l’été, MusiKair fait office de Petit Poucet. Il est vrai que si on ne passe en général pas par Montargis par hasard, la programmation, l’organisation et l’accueil que réserve MusiKair valent en soi le détour. Le dernier week-end de juin, MusiKair accueille au vélodrome un festival bon enfant et familial, qui tient depuis des années par la force de bénévoles passionnés de musique qui cherchent à faire vivre le Loiret. Cette année, la programmation du premier jour n’avait rien à envier à des événements plus renommés, et affichait, le premier soir, rien de moins qu’Oldelaf, Scarecrow et Dubioza Kolectiv.

Fort désormais de deux albums solo (dont on vous avait dit deux mots ici et ici), on ne présente plus Oldelaf. Flanqué de ses quatre acolytes sur scène, Oldelaf rend à la chanson française sa noblesse potache qui sait rassembler un public de tous âges. Le set est composé de chansons de ses deux derniers albums (Je Mange, La Tristitude, La Peine de Mort) mais aussi des titres incontournables issus de sa période avec Monsieur D. Dès le troisième titre, le Café fait un tabac (je m’excuse par avance auprès du comité national des jeux de mots pourris). Oldelaf joue sur scène de son entourage (et croyez moi, il y a de quoi faire à Montargis :)), de ses musiciens, qui, bien que peu sérieux en apparence, renvoient des rythmiques et des mélodies plus que solides, et de lui-même. Raoul mon Pitbull finit de conquérir les malheureux qui ne connaissaient pas encore le phénomène. Les morceaux les plus connus y passent, dont les mythiques J’ai Chaud, et son tube en PVC-beatbox, et l’incroyable Barres Techno. Comme à son habitude, Oldelaf achève le set sur un rappel composé d’un medley de « chansons d’amour » : Berenice, Sparadrap, Nathalie en apothéose.

En attendant l’installation de Scarecrow, l’inter-plateau donne carte blanche à un certain Marc Prépus (oui, oui, vous avez bien lu), installé sous le chapiteau. Après avoir fait la bise à tous les festivaliers, les avoir arrosés lors du concert d’Oldelaf, Marc regagne sa grotte capharnaüm pour plusieurs happenings aussi barrés qu’étonnants. Avec un sampler et des dizaines d’objets de tous genres, Marc invite un public quelque peu apeuré à simuler des cris d’orgasme dans une sorte de partouze sonore géante. Il joue avec son chien Croûte et fait fuir un public soit conquis, soit médusé en les enregistrant un par un. Derrière le côté totalement imprévisible, Marc Prépus distille néanmoins une électro plus qu’honnête, agrémentée d’un spectacle où il joue le personnage principal avec ses faux airs de Tim Minchin (qui joue le rôle d’Atticus Fetch dans la série Californication) brun. A croiser absolument.

Un peu à l’arrache, mais complètement de bonne humeur, Scarecrow commence son set par un line-check improvisé histoire de… Presque chez eux, c’est leur seconde année à MusiKair où ils ont inauguré leur dernier album en date Devil & Crossroads. Assez original, Scarecrow mixe blues et hip-hop dans un mélange détonnant, entre origines de la musique moderne et fraîcheur du phrasé, comme ils le revendiquent eux-mêmes. Slim Paul, avec sa voix venue directement du bayou, assure à la guitare et au Dobro les lignes blues qui n’envient rien à des morceaux plus classiques. Antibiotik Daw au scratch et au chant, en français dans le texte fait le reste, le tout soutenu par une section rythmique excellente. Il y a beaucoup de générosité dans ce que joue Scrarecrow, et on sent qu’ils prennent plaisir. Les phrasés de Daw sont clairs et revendicatifs, dans une pure lignée rap et hip-hop, sans violence. L’ensemble dégage une énergie énorme sur scène et leur titre phare All, Now, par lequel ils concluent le set, achève leur passage en beauté.

Pour ceux qui croyaient avoir dépensé toute leur énergie sur Scarecrow, ou qui n’auraient résisté à Marc Prépus, quelle ne fût pas la claque reçue à l’arrivée de Dubioza Kolektiv sur scène. Il est alors près d’une heure du matin et rien ne nous préparait à ça, si ce n’est les rumeurs venues des bénévoles qui avaient entendu les balances. Dubioza Kolectiv est un groupe de ska-rock venu des Balkans. Les sept musiciens sont tous issus de la mosaïque que constitue cette partie du globe, et font preuve d’une énergie énorme et inépuisable. Bien sûr le ska n’est pas une musique de chambre, mais avec eux, c’est toute l’exubérance balkanique qui s’exprime, celle que l’on avait plutôt l’habitude d’entendre chez Goran Bregovitch et Emir Kusturica. La scène n’est de toute évidence pas assez grande pour eux et les deux chanteurs passent leur temps sur les baffles en guise d’avant-scène. Revendicatifs, ils brandissent un drapeau à la gloire de « The Pirate Bay » en scandant en boucle « my music is for free, you can download mp3 ». Dubioza Kolectiv enverra du son bien au-delà de deux heures du matin, c’est la véritable découverte de ce festival.

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