Née à Paris le 26 février 1977 à Paris, Koxie (de son vrai nom Laure Cohen) avait tout pour réussir. Cours Florent à 13 ans jusqu’à ses 20 ans, suivi d’une formation d’actrice à New York, au Herbert Bergoff Studio, et cours de danse à Broadway Dance Center. En 1998, elle crée le studio FAME, un centre de formation aux métiers du spectacle qu’elle dirige jusqu’en 2006… Une petite fille modèle que tout Papa rêverait d’avoir.

Mais tout ça, comme dirait Franck Dubosc, c’était avant le drame, bien entendu…

C’est aux alentours de l’année 2002 (année mémorable s’il en est) que Koxie enregistre ses premières maquettes amateur, dont Gare aux cons, un kamehameha sonore qui sera malheureusement produit en 2005, et dont le titre sera modifié en Garçon. Parce que vous comprenez, ça peut choquer le grand public une chanson avec le mot con dans le titre. On ne fera jamais écouter une chanson qui s’intitule de la sorte à nos chères têtes blondes, grands dieux non !

La décence m’interdit de reproduire ici l’intégralité des paroles, ça serait contraire à la Netiquette. Toujours est-il qu’entre « toi je te baise« , « grosse cochonne« , « t’as même pas de poils sur la quequette » (ah tiens mon correcteur orthographique ne connaît pas ce mot), et « tu vas voir où je vais te la mettre« , nous avons là une pièce maîtresse on ne peut plus représentative et faisant honneur au Cours Florent. Herbet Bergoff doit s’en retourner dans sa tombe et Papa doit être immensément fier.

Je serais mauvaise langue (c’est déjà le cas ?) si je ne replaçais pas l’ensemble dans son contexte. Dans « Garçon« , Koxie raconte sa rencontre avec un « mec », à un feu rouge, alors qu’elle circule en scooter dans Paris. Situation on ne peut plus banale et populaire, une mise en scène à la Vincent Delerm. Mais attention, j’aime beaucoup Vincent Delerm.

S’ensuit un dialogue peu respectueux entre ce mec et Koxie, à base de repliques citées un peu plus haut, mais aussi et surtout à base de popopopop. A la fin du deuxième couplet, on comprend que le mec dans sa voiture est lourd, vulgaire et macho et qu’il lui demande « une gâterie ». Sur le moment, sans doute un peu naïve, la jupe voletante et la bouteille d’huile d’olive Puget à l’arrière, elle ne comprend pas. Son cerveau ayant enfin construit une image mentale de l’expression ouïe (ils sont entraînés pour ça au Cours Florent), elle réalise enfin et lui répond « On t’a pas dit de traiter les femmes comme des princesses ?« . Penchons-nous une minute sur cette dernière question. Je m’adresse aux Messieurs. Très honnêtement, une fille vous demande ça, un jour dans la rue, vous choisissez le coup de tête balayette ou le Go get a life de circonstance ?

Et puis le refrain. Ah le refrain. Cette invention magique qui permet aux chansons les plus niaises de ne jamais tomber dans l’oubli. Souvenez vous Toi+Moi. Souvenez vous des jingles. Ici c’est pire. Toute la chanson part d’une trouvaille, d’un jeu de mot un peu foireux trouvé je ne sais où je ne sais quand (peut-être au Cours Florent), une découverte miraculeuse, un concept imparable : si on enlève la cédille à garçon, on obtient gar con. Ca mérite d’être twitté dans la seconde.

Et ça se vend, et ça se vend, et ça passe à la radio, à la télé (à la Star Academy, parce qu’il n’y a pas d’autre endroit pour ce genre de merde), ça fait des concerts. « Quand on pense qu’il suffirait que les gens n’achètent pas pour que ça ne se vende pas… » disait feu-Coluche…

Le site evous.fr eût l’immense privilège de s’être accordé une interview [[http://www.evous.fr/musique/Koxie-L-interview,2150.html]]. Une réponse en particulier a retenu mon attention. Celle à la question : « Dans le clip de Garçon, le rôle du mec est joué par un Black. N’as-tu pas peur de stigmatiser une partie de la population ?« . La réponse de Koxie :
« Il se trouve que le garçon qui chante avec moi sur le titre est black. Je n’allais pas lui demander de se peindre en blanc pour être dans le clip ! Je pense que ma vidéo représente la population française, la réalité. Il y a deux Blacks, deux Arabes et deux Blancs. Il n’y a aucune discrimination. Je me fais autant emmerder par des mecs qui conduisent des Mercedes !« .

Pas du genre à stigmatiser les blacks, on en douterait pas une seconde. En revanche, il faut bien noter le ridicule de la réponse, en particulier la référence à Mercedes. Où voulait-elle en venir ? L’origine ethnique et la classe sociale auraient-elles une quelconque interdépendance ? Quelle belle vision du pays.

Egalement, son point de vue sur le rapport homme-femme est remarquable : « Il y a un inversement que je trouve dommageable dans nos rapports respectifs. Avant l’homme travaillait et ramenait l’argent à la maison. Il faisait vivre le foyer, c’était dans l’ordre logique des choses. À cause des féministes qui sont allés trop loin, ce n’est plus le cas et je le déplore. C’est peut-être un discours réac, mais moi j’aime être soumise à mon homme, j’adore lui faire à manger quand il rentre du boulot.« [[http://www.mandor.fr/archive/2007/09/04/koxie-rappeuse-chic.html]]

Un discours totalement déphasé par rapport aux paroles de la chanson « Gare aux cons« , pardon « Garçon« . On peut dès lors légitimement douter des réelles ambitions artistiques de Koxie. La réponse n’est pas à chercher bien loin : « J’assume totalement. Ce que je fais est commercial. Je le revendique haut et fort et j’en suis très fière. »

Au feu rouge, à choisir entre un Toi+Moi de Grégoire et un Garçon de Koxie, moi je klaxonne.