« Participatif » ce mot est à la mode ces dernières années. On veut impliquer le bout de la chaîne, le « client », celui à qui l’on destine un produit. Oui, la musique reste un produit que l’on cherche à vendre. Donc cette notion de label musical « communautaire » reste assez abstraite à mes yeux, et c’est toujours avec un certain doute que je me plonge dans la musique qui m’est proposée.

Mais pourquoi ? Pourquoi donc MyMajorCompany me fait un peu plus peur que les autres labels indépendants, pourquoi leurs artistes seraient-ils moins bons ? C’est donc en faisant fi de ce détail que je vais écouter Siobhan Wilson, que je vais m’imprégner de son univers, de sa voix.

Cette jeune femme est arrivée d’Écosse, des Highlands. Fille au pair en région parisienne, elle aurait proposé sa musique sur le site du label participatif MyMC, et conquis son public, dont on peut voir les pseudonymes sur la pochette du disque. C’est toujours plaisant, quand tu as participé à une œuvre, même de loin, de te retrouver quelque part, sur le packaging. Ah, pour l’histoire son prénom se prononce « Shivone ».

Ce disque, justement intitulé Songs est un recueil, où la jeune Écossaise partage avec délicatesse ses textes. Avec une voix qui me rappelle un peu le raffinement de certains de leur whiskys. Les chansons se suivent, sans se ressembler, sur un fond de folk, sur un fond de guitare, de violons, voire même de harpe.

Lorsque j’écoute ses chansons, je ressens la passion qu’elle voue pour la musique, chaque morceau semble sorti de son cœur, de son âme, qu’elle soit amoureuse, curieuse, ou mélancolique.
Et elle introduit son disque avec Window Song, fenêtre ouverte sur son monde, où l’on imagine la demoiselle assise sur son lit, entourée de papillons, écrivant sur un carnet ses textes, enchaînant les rimes. Les chansons ont toutes ce je ne sais quoi d’intimiste, et pris de curiosité on apprendra qu’à l’écriture, elles sont un cadeau, dédiées à quelqu’un. Alors, je comprends un peu mieux cette idée de partage, cette envie d’offrir ses mots.

Mais je suis connu pour être un paradoxe ambulant, une représentation de la contradiction, et forcément la chanson de l’album qui me saisit dès qu’elle se décide à passer, c’est son titre en Français: Voir un Ami Pleurer. Oui, cette chanson de Jacques Brel que la demoiselle reprend et qui est un vibrant hommage. L’accent gaélique pose un charme indiscutable à ce texte, et même si Siobhan s’approprie la chanson, l’émotion reste intacte. Je me rappelle la voix cassée de Brel et me surprend à imaginer un duo avec la chanteuse Écossaise. J’avais la version originale de Brel dans ma playlist de voyage, celle-ci viendra la rejoindre. Merci pour la reprise, merci d’avoir surpris mes oreilles, de m’avoir rappelé ces belles paroles.

Amateurs de douceur, de siestes à l’ombre, de rêveries, de nostalgie, je vous encourage à vous procurer ce disque, rien que pour contribuer à la carrière de cette fille, elle le mérite amplement, que ce soit sur un label indépendant, participatif, ou une major, on s’en contre-fiche. Lorsqu’on écoute sa musique, l’envie de se détacher de ces préoccupations nous vient.

Bien sur l’argent n’a pas d’odeur,
Mais pas d’odeur me monte au nez.

  1. Window Song
  2. Getting Me Down
  3. Song for Anthony
  4. Voir un Ami Pleurer
  5. Song For Lisa
  6. Protective Sheep
  7. Stranges Places
  8. Lullaby For a Lion
  9. Song for Louis
  10. Bat n the Gardenl
  11. Like a Wall
  12. Mother’s Eyes

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