On a eu la chance de rencontrer l’homme-instrument à barbe nommé Boogers, qui ne se prend pas au sérieux, aux Z’Eclectiques. Après son concert à la fois drôle et intimiste, on le retrouve dans le dortoir du Bar’ouf pour un interview hautement convivial, sur son lit !

Peux-tu nous donner tes impressions après le concert de ce soir ?

C’était mortel ! J’aime bien ces gabarits de salles, on est dans un bar quoi ! Il y a du bois ! Dans les SMAC où l’on joue la plupart du temps, c’est tout en fer ! C’est joli, c’est blanc, on se croirait chez Ikea, mais c’est nul ! Non je rigole, mais là c’est bien…

Avais-tu déjà joué à Cholet ou dans la région ?

A Angers en début d’année, on a joué au Chabada, et on va y rejouer bientôt.

Sinon, il y a très longtemps, j’ai fait un concert en Vendée, ça s’est très mal passé. En début de concert, j’ai dit « Que tous ceux qui sont de gauche, lèvent la main !» et seulement 4 personnes ont levé la main, et là je me suis dit que c’était foutu !

Puis, ils nous ont réveillés à 6h du matin car le réalisateur c’était fait voler 2 Macs. Ils avaient décidés que c’était nous ! Ils sont rentrés dans notre camion en cassant une vitre. Moi je dormais mais mon pote s’est battu en slip ! J’ai un souvenir de la Vendée un peu catastrophique !

C’est donc pour ça que tu fais des blagues sur les mogettes en concert… (Pendant le concert, Boogers a fait à plusieurs reprises des blagues sur les vendéens)

Exactement ! J’aime bien la blague pourrie, je cherche sur la route les blagues que je vais faire pendant le concert.

Peux-tu nous retracer ton parcours ? Depuis quand tu fais de la musique? Pourquoi le chemin de la musique ? Qu’est ce qui t’a donné envie d’en faire ? Ton premier instrument ?

J’ai commencé à grattouiller à la maison à 12-13 ans et mes parents m’ont offert une batterie, car avant je tapais sur des poubelles en fer et des cagettes. Ils en avaient marre que je casse tout, donc j’ai eu ma batterie. J’avais fait du solfège tout petit, mais ça m’a un peu frustré parce que fallait faire 4 ans de solfège avant de toucher un instrument, donc j’ai arrêté. Ça a été mes derniers amours avec la musique « écrite ». J’ai commencé à jouer sur du Téléphone, du Lenny Kravitz…

J’ai croisé des potes qui faisaient du hard core mélodique et j’ai pris une branlé en découvrant ce que c’était !

Puis, j’ai découvert le 4 pistes cassettes ! Quel bonheur ! Je peux enregistrer 2 fois, 3 fois. C’était la grande fête ! Je restais à la maison pour les vacances et passais des heures dans la salle de bains. Mes parents comprenaient rien. D’ailleurs je vais bientôt les ressortir.

J’ai été animateur dans une radio « Radio Béton» à Tours, très vieille radio libre associative et militante ! J’ai découvert pleins de choses en musique, le dub par exemple.

Je n’en avais rien à branler du ska, et puis un jour je suis tombé sur un groupe qui s’appelle Bomb Biatch et je suis tombé fan. Ce n’était pas que du ska, ils étaient influencés par NOFX et des choses comme ça. C’était plus du ska californien !

Je suis devenu manager de ce groupe, mais j’en avais marre d’être chef de colonie de vacances, donc je suis devenu sonorisateur.

Ensuite, j’ai bossé dans un bar pendant 5 ans qui s’appelait « Le Café ». C’est là, que j’ai découvert l’ordinateur, et j’ai commencé à faire du Boogers pur jus ! C’est mon ami qui m’a donné l’idée et qui m’a donné un bureau, une chaine. C’était une grosse expérience de scène. On a pris du plaisir. On a gratté du kilomètre !

J’ai été batteur dans un groupe. On est allés loin ! On a même fait l’URSS, même si c’est fini l’URSS ! Je suis toujours en 1982 comme vous pouvez le voir, en pleine crise de 35aine, car c’était mieux avant, c’est comme Michel Sardou !

Puis Boogers, ça a commencé à devenir un peu plus sérieux ! Tellement que je n’avais plus beaucoup de temps. J’ai arrêté le groupe, j’ai trouvé un label. Et là, la vraie vie ! Maintenant, je peux trouver mon CD au Leclerc de Carcassonne ! Waw ! Depuis mars, c’est la grande fête !

Je sors un autre disque en septembre. J’ai des dates tous les week-end, ainsi qu’en août et septembre. On commence à parler d’étranger. J’en attendais pas tant !

Sur ce disque « As clean as possible », j’ai gardé tout mes morceaux pop. J’ai enlevé tout ce qui était plus vénère, plus métal ou hip hop. Avec le gars avec qui j’ai bossé, on a choisi de rester dans la légèreté ! On voulait de la mélodie. J’ai pris un automatisme à faire des morceaux comme ça, ça devient assez facile.
Comme par exemple, je suis en train de faire une chanson qui s’appelle « aller à la pêche avec mon père ». Si ce n’était que moi, je chanterai bien que comme ça « AHAAH », parce que les paroles c’est vraiment une douleur ! C’est pour ça que je chante en anglais !
Il n’y a pas si longtemps, j’ai joué à Londres, et je me suis dit « au secours, ils comprennent tout ce que je dis !». En France je pourrais dire un truc sur Hitler, le public ne comprendrait rien !
Tout le monde s’en branle de ce qu’on raconte vu que personne ne comprend l’anglais.

L’histoire du clip…

Il y a eu un single, même s’il ne sort pas en « vrai ». La maison de disque voulait faire un clip avec 10 000 € de budget. Ils lancent un appel d’offre, et ils attendent des synopsis de boites de production.

Résultat : Une équipe de 30 personnes sur le plateau avec que des gens que je ne connais pas. Ils voulaient que je sois avec un jeune, un vieux, un mec qui fait du reggae, un rockeur, c’était une catastrophe ! Le but c’était de le passer sur M6. Le clip n’est jamais passé sur M6. Puis, ils me disent qu’ils souhaitent faire un second single, donc je leur ai dit que je m’occupais du clip !
Je propose à un pote le clip. Au bout de trois mois, il me dit « C’est de la merde ton morceau, j’ai rien fait, mais j’ai fait un clip sur un autre morceau ! ». Il a fait un montage de films porno, avec que des moustachus, mais sans bites, sans nichons. Et c’est hyper gay friendly ! Je l’ai posté sur Facebook et c’était la folie ! C’est hyper excitant !
Maintenant, on se fait confiance avec la maison de disque. Moi, venant de la démerde, j’ai mis 7 ans à m’inscrire à la Sacem. Je n’inspire pas bien confiance au premier abord. J’ai une idée à la con. Et je le fais et on me dit après « ah mais t’avais raison !». Avec tout le monde ça se passe comme ça dans la vie. J’adore les jeunes de 16 ans qui font de la musique qui claque d’un coup, mais moi c’est l’inverse. Moi c’est « le vieux Bourgogne », c’est une autre approche !

Qu’est ce que tu écoutes chez toi ?

J’écoute de tout. Tu prends Spotify ou Deezer, de la lettre A à la lettre de Z, je tape partout ! Il y a quand même des trucs que je préfère, comme NOFX. J’écoute énormément de NOFX. Pour moi, c’est comme ACDC, ils ont inventé leur musique, ça dur depuis des années.
Adolescent, je les ai vus en concert. Je tremblais ! Ma copine m’a filmé, j’ai des crises de paniques, c’est assez drôle !

Sinon, la musique que j’écoute, c’est en cherchant des trucs. J’adore chercher des conneries. En sérieux, j’écoute pas mal de Punk Rock, du Green Day par exemple.

Cet été j’ai lu un livre, de François Bon, et toutes les 2 pages il y a un nom de chanteur, tu vas chercher ce qu’il fait et « baaah branlée ! ».

Avec un pote je fais des conférences sur la musique à la bibliothèque de Tours. C’est hyper sérieux, à la fac et tout… C’est 3 fois 3 heures en 3 semaines. On explique les différents styles de musique : « le death métal, bah c’est Sépultura ! ».

Boogers veut dire crotte de nez en anglais. J’ai lu que tu ne le savais pas en adoptant ce nom. Est-ce que tu prendrais le même aujourd’hui si tu le savais ?

Ah je ne sais pas, maintenant c’est trop tard. Je fais beaucoup de choses comme ça. Il y a beaucoup de choses où on me dit « Il faut que tu agisses ! », mais je ne le fais pas.

Ton album est vendu avec une boite à clopes. Pourquoi ?

C’est le label, qui voulait mettre un petit bonus. Je leur ai dit « aah mais c’est une boite à shit ça !».

Et puis maintenant sur ma boite à shit, il y a ma gueule dessus !

Un dernier petit mot ?

C’était très bien ! Je suis super content de jouer avec Gablé. J’ai joué avec eux il y a 1 an et demi. Il y a peu de temps, je les ai vus à Vendôme aux Rockomotives. Ils sont arrivés la veille pour bosser avec des mômes. Pendant le concert, j’avais les poils qui se hérissaient et la petite larmette. Sinon, il y a une fille qui nous filme, Gaëlle, elle voulait faire une rencontre Gablé / Boogers, mais ils n’ont pas trop le temps. Donc ils vont me filer des titres qu’ils n’ont pas fini et je vais les finir !

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