La tradition
Une rave, ça n’est pas que de la musique mais tout un spectacle. Je me suis intéressée, à une semaine de la date, aux deux compagnies qui assureront le spectacle vivant, baignées dans des lumières qui déforment les perspectives, au milieu d’un boucan infernal et de huit mille personnes surchauffées ! Autant dire que c’est très sérieux et qu’il faut être prêt pour ne pas se louper et travailler avec un maximum de sécurité. Nous voilà donc parties pour assister aux répétitions du Bing Bang Circus et du Cirkus Road System, dans un froid glacial, déterminées, mais avec trois paires de chaussettes.
Le Bing Bang Circus
Kelig, Sébastien, Pierrot et Didier.
Direction Maurepas, quartier populaire du nord de Rennes. Le chapiteau du Bing Bang est monté dans une ancienne école, reconvertie en pôle culturel. C’est une petite troupe qui fait des représentations, mais c’est aussi une école du cirque pour les enfants à partir de quatre ans et encore beaucoup d’autres choses formidables qui prouvent une fois de plus l’incroyable utilité culturelle et sociale de ces petites compagnies. Pour eux, la rave, c’est une première et je sens bien une certaine jubilation. Sous le chapiteau rouge, les quatre artistes répètent un ballet entre des échassiers et des jongleurs. On voit tout de suite que le numéro demande une précision parfaite mais doit donner une impression de fluidité. Le directeur, Kelig, nous explique qu’il y aura aussi un numéro de tissus aériens. Ils sont là qui pendent et on imagine toute la poésie de cette discipline. Nous prenons congé, bien contentes d’en savoir un peu plus. C’est sûr, ça va être beau !
Le Cirkus Road System
S’n’f core, Ma hell, klr, Nuch nu, Zippy squirrel, Ti alex, Ouin ouin, Dragon dom, Gino crs, Vincent, Rémi.
Cap au sud du département. Dehors, c’est un congélateur géant, même les arbres ont l’air de grelotter. Langon. Gino s’est posé là en 2007 avec sa troupe. Il y a quelques réticences des autochtones, parait-il. Pas étonnant, on est pas loin du Morbihan, moins trash que les côtes d’Armor et moins déglingos que le Finistère ! Ils ne savent pas les malheureux qu’une figure légendaire de l’underground s’est installé dans leur trou ! Celui qui s’est fait connaitre en enflammant Molitor aux côtés des Heretiks avec ses guitares lance-flammes. Nous sommes accueillies autour d’un café, pendant une pause dans les répétitions. A vrai dire, ça a plus l’air d’être une famille qu’une compagnie, avec un papa : Gino. Le travail ne s’arrête jamais, chacun est dans les essayages, les bricolages, les améliorations. Ne vous fiez pas à l’apparence décontractée, ce sont des professionnels qui travaillent avec du feu, du gaz, des tronçonneuses, des scies circulaires, le tout dans des ambiances hallucinées. Comme en plus leurs machines sont bruyantes, ils doivent se caler avec la musique. Il fait froid dans le hangar où ils répètent, Gino est à la fois chorégraphe, chef d’orchestre et joueur de tronçonneuse. Je n’en dévoilerai pas plus par égard pour les huit mille personnes qui ont leurs places mais on repart de Langon l’imagination enflammée. C’est sur, ça va être dingue !
Photos © Camille Lamy
Un commentaire
patty c’est une encyclopédie, nice work