The Past, The Present and The Possible, nom du 5ème album de Tahiti 80 qui tend à se faire connaître. Ils sont plus connus à l’étranger qu’en France, et pourtant ils sont bel et bien de notre contrée. Accompagnée de La Dissonante, je les rencontre lors de leur résidence au Chabada. Xavier le chanteur, ainsi que Médéric à la guitare et au clavier répondent avec plaisir à nos questions.

Pouvez-vous nous présenter Tahiti 80 ?

Xavier : On est un groupe de Rock qui chante en anglais. On a sorti 5 albums. Et le groupe est composé de 6 personnes. Le dernier album qui s’appelle The Past, The Present and The possible.

Quelles sont vos influences musicales ?

Xavier : Je crois que ça brasse assez large, on a toujours été à cheval sur plusieurs époques. C’est devenu un peu plus commun maintenant mais je pense que quand on a commencé, fin des années 1990 – début 2000, il n’y avait pas forcément énormément de groupes qui pouvaient revendiquer des groupes des années 60 comme les Zombies, Left Banke. On a toujours essayé d’inscrire nos disques dans l’époque. On trouvait ça étrange qu’il y ait des albums qui sortent et qui sonnent exactement comme si c’était les années 70. C’est important d’essayer de faire des disques où il y a un mélange d’influences et c’est à mon avis la seule façon d’être original aujourd’hui.

Vous êtes beaucoup reconnus à l’étranger, un peu plus confidentiels en France, comment expliquez-vous cela ?

Médéric : Quand on a sorti notre premier album, c’était juste après la French Touch et c’est vrai qu’il y a eu tous ces groupes français qui ont intéressé le reste du monde…

Xavier : C’était plus des groupes électro mais c’est vrai que ça a ouvert des portes.

Médéric : Ça a ouvert un truc, les gens se sont mis à regarder ce qui venait de France.

Xavier : Ça a crédibilisé un peu la scène française au sens large. Donc nous, on est passé par cette porte. Après c’est vrai qu’on parlait un peu des influences et c’est vrai que The Left Banke, The Zombies ou même The Smith, en France ce ne sont pas des groupes qui sont vraiment connus. En Angleterre ou aux États-Unis, il y a quand même un public pour ce genre de musique. Quand nos albums sont sortis, on avait de très bonnes chroniques dans les journaux anglais, un succès au Japon, et en France les gens ne savaient pas trop quoi faire de nous. Je pense que c’est peut-être parce qu’on a des références, une esthétique qui est pas vraiment franco-française. Les gens ne savent pas trop dans quoi nous ranger, ils se disent, c’est quoi ce groupe qui est un peu dansant, qui a des accords bossa nova et qui va être un peu rock sur certains morceaux. Je pense aussi qu’en France on a peut-être une mentalité plus étriquée.

Médéric : C’est un truc un peu général quand même, il y a beaucoup plus de groupes qui chantent en anglais venant de France et ils continuent de trouver leur salut à l’étranger aussi.

Vous utilisez beaucoup les voix dans ce dernier album…

Xavier : Oui, il y a un chanteur et les autres font les harmonies. Sur le dernier album, il y a un morceau où Médéric et moi chantons à deux, mais c’est assez nouveau. Ça sonnait très bien comme ça et c’est quelque chose qu’on développe un peu. Mais jusqu’à présent je dirais que ma voix ça a toujours été un peu l’élément reconnaissable du groupe. Même si l’ambiance musicale pouvait changer, allant de choses très acoustiques à des trucs plus électro, il y avait toujours la voix qui restait là un peu comme l’emblème de Tahiti 80.

Le nouvel album est plus tourné vers l’utilisation de l’électronique, c’est une nouvelle voie que vous souhaitez explorer ?

Xavier : C’est pas une nouvelle voie car sur nos albums il y avait toujours des moments avec des boîtes à rythme et des synthétiseurs. La différence, c’est que là on a voulu jouer cette carte à fond. Il y a une raison pour ça, c’est qu’on sortait d’une tournée assez longue sur l’album précédent Activity Center qui était un album beaucoup plus rock. On était devenu un vrai groupe de rock et à un moment on s’est dit « je veux plus jouer de guitare, je veux m’aérer ». On a eu envie d’alterner de changer de notre quotidien en tournée.

Votre dernier album s’appelle « The Past, the present and the possible », pourquoi ce titre ?

Xavier : Déjà parce que ça sonne bien. C’est prétentieux comme il faut. Après on parlait de notre démarche musicale. En studio, on a pas mal de temps quand quelqu’un d’autre fait une prise, et il y a pleins de livres, pleins de vinyles. Et j’ai trouvé un livre d’art sur quelqu’un qui a révolutionné le monde des pochettes de disques. Il y avait une préface, et pour parler de son travail, la personne disait qu’elle incarnait les trois valeurs du post-modernisme, qui sont le passé, le présent et le possible. Le « possible » on trouvait déjà que c’était très joli, beaucoup plus poétique que le futur. Il y avait une certaine notion d’interprétation, notamment de prendre ce qui s’est fait, d’être dans l’époque, et de créer quelque chose de neuf. On trouvait que ça collait vraiment pile poil avec la démarche de ce disque. On aurait pu se servir de ce titre-là, si on avait fait un best of. Je trouve que c’est un pied dans plusieurs époques. Donc, ça s’est imposé à nous assez facilement je pense.

C’était aussi pour vous situer dans un espace temps ?

Médéric : Par rapport à ce que tu disais tout à l’heure, il y avait aussi de nouveaux musiciens, ces petits changements. Je pense qu’il y avait besoin de mettre ça en avant aussi par ce titre-là, ou du moins de faire comme si c’était un titre un peu charnière.

Xavier : Étant donné que c’était le 5ème album, c’est vrai que parler un peu du temps, ça semblait assez logique de le souligner.

Vous êtes actuellement en résidence au Chabada à Angers, c’est pour préparer la tournée ? Pourquoi avez-vous choisi Angers ?

Xavier : C’est plutôt Angers qui nous a choisi (rires). On est déjà venu plusieurs fois ici. A chaque fois il y a eu des concerts mémorables, et on sent que c’est vraiment une salle qui a une certaine âme. On est aussi tombés plusieurs fois sur le programmateur et les gens de la salle lors de notre dernière tournée aux États-Unis, quand on a joué à Austin au Texas, et ils ont trouvé ça très très bien. Le principe des résidences, ça se fait assez souvent. Généralement, on le faisait souvent dans notre région, mais là on a eu la possibilité de le faire au Chabada, donc on s’est dit « Ouais, ça va être très très bien ! ». Après, notre tournée est déjà bien entamée, mais il y a d’autres concerts qui arrivent dans d’autres endroits, et d’autres pays que l’on a pas encore faits. C’est l’occasion de faire une refonte du set, et de faire des nouveaux morceaux. Là, on est en train de travailler sur des chansons qui seront jouées pour la première fois sur scène, à Angers, a priori si on arrive au bout de cette résidence. Puis, travailler le set, c’est l’occasion de mettre les compteurs à zéro, de faire autre chose et de préparer un peu l’avenir.

Pour finir, quels sont vos projets ?

Xavier : Il y a donc cette tournée qui va aller jusqu’à décembre. Dans l’immédiat, il va avoir un 45 tours qui va sortir pour le Pop’in, c’est un bar à Paris qui fait des éditions très limitées de groupes qui viennent boire des verres chez eux. Il y a eu les Hushpuppies, et Zombie Zombie. Le prochain ça sera nous, a priori pour Noël. On a eu un peu de temps cet été, après les festivals pour travailler des nouvelles chansons donc on a tout un stock de morceaux. On est en train de faire le tri, de voir ce qu’on va faire. Mais je pense qu’on s’oriente sur des formats courts, plutôt des EP, pas tout de suite un album. Mais plutôt 4 titres avec des choses différentes en fonction de nos envies. Un truc assez réactif et moins lourd qu’une sortie d’album.

Un dernier mot ?

Xavier : En tout cas, on est hyper contents de revenir à Angers. En plus, on a notre tourneur qui s’appelle 3C qui est basé à Angers, et aussi à Bordeaux. Donc on a l’impression d’être des semi-régionaux. C’est toujours un plaisir de venir ici. On a joué ici 2 ou 3 fois. C’est rigolo parce qu’on passait dans le couloir hier, tous les artistes ont leur photo, et je ne me souvenais plus où était la nôtre, et j’ai retrouvé un vieux truc avec des photos de Tahiti 80. Voilà, on est sur les murs et c’est cool de revenir 11 ans après.

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