Retourner au Sunset/Sunside, c’est un peu comme se retrouver bien au chaud au coin du feu après une longue journée dehors. L’ambiance y est encore plus chaleureuse lorsqu’on y entre pour écouter Rick Margitza (dont on a déjà évoqué le parcours dans une précédente chronique).

Le saxophoniste ténor s’est produit dans le cadre de l’American Jazz Festiv’Halles, aux côtés d’impressionnants musiciens tels que Manuel Rocheman au piano, Peter Giron à la contrebasse et Jeff Boudreaux à la batterie. Les quatre compères ont décliné un concert en trois sets entrecoupés de deux entractes pendants lesquelles ils venaient se mêler, en toute simplicité, aux clients du club de jazz.

 

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Le 1er set débute par une belle entrée de la batterie. Jeff Boudreaux décline les toms et les cymbales de façon ludique et enjouée. Les autres musiciens s’invitent doucement pour ajouter leur contribution à l’histoire qui nous est racontée. Chacun se lance, cherche l’unisson pour mieux créer la ligne mélodique qui lui est propre. Les nuances sont particulièrement variées, allant du pianissimo au forte, tout en évitant les ruptures brutales.

Rick Margitza a l’humilité des bons musiciens et un côté gypsie souligné par une boucle à l’oreille droite, ce qui lui donne un capital sympathie indéniable. Il laisse la part belle à chacun des membres du groupe. Il prend le micro à plusieurs reprises, un peu mal à l’aise, pour présenter ses musiciens. Il rend hommage à ses racines gitanes, et prend le temps de raconter une petite anecdote sur les différents morceaux joués ce soir.

L’un des morceaux sera dédicacé à son neveux disparu trop jeune. La mélodie qui s’ensuit est mélancolique sans pour autant s’assombrir. Le temps est à l’hommage, à la prière, mais pas à la plainte. Un autre morceau se décline sur le thème de I Got Rythm, qu’il rebaptise en riant Sometimes I Got Rythm.

Le rythme, ils l’ont. Ils se le passent, se le prennent sans permission, se l’échangent, pour notre plaisir. Il y a une cohésion de groupe impressionnante là-dessous. Chacun est attentif à ce que joue l’autre tout en cherchant le moment propice pour intervenir et soutenir le propos. C’est l’ensemble qui parle, qui raconte une histoire dont le rôle principal est interchangeable en fonction de ce qui est joué.

 

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On retiendra une intro quasi expérimentale au début du deuxième set, mêlant des sons dissonants, des rythmes tapés sur la contrebasse et des enchaînements rapides de notes désynchronisées. Les plages mélodiques de chaque instrument finissent par se rejoindre et s’assemblent pour repartir sur un motif commun.

Le pianiste nous offrira plusieurs impro bluffantes, nous emmenant visiter presque par surprise toutes les touches de son instrument. La contrebasse est chaude, solide et reste ancrée dans le corps. Le batteur est décomplexé et lance des rythmes légers et aériens. Rick Margitza aime la musique et le lui rend bien. Lorsque ses compères partent dans de grandes improvisations, on voit ses doigts continuer à jouer silencieusement sur son saxophone.

 

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Les gammes sont déclinées, décomposées et recomposées. Les plages mélodiques de chaque instrument se superposent pour mieux se décaler et reprendre leur envol ensuite. On admirera un long solo de saxophone a cappella qui suscitera un tonnerre d’applaudissement. C’est du jazz exigeant qui nous a été proposé ce soir-là, ancré au cœur du cool.

 

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