Il faut avoir été en hibernation pour ne pas avoir entendu parler du dernier album de Karpatt, sorti fin avril. Je sors donc de ma caverne pour livrer quelques impressions. Intitulé Montreuil, le quatrième opus du trio formé par Fred, RV, et Gets s’inscrit dans la continuité de Dans d’beaux draps.

Le mélange assez juteux de la chanson française et des rythmes jazz manouche n’a rien de nouveau (Mano Solo, Sanseverino, Java, entre autres), mais la saveur en est toujours goûtue, quand les textes suivent.

Et si la musique de Karpatt est mesurée, sa plume en est aiguisée. Dans leur précédent album (Dans d’beaux draps, 2007), les textes des Canards en plastique, du Fil (un magnifique duo avec Julie Levigne), et de Sous la fenêtre font partie de ces petites histoires mises en musique, tantôt drôles, tantôt tristes, tantôt tristement drôles.

Dans la continuité donc, Montreuil semble peu à peu abandonner l’exclusivité des rythmes manouches pour revenir sur une chanson française avec des styles un peu plus variés, ambiance reggae avec « Des gouttes« , des tendances plutôt pop-rock et (pour la première fois dans un album de Karpatt) des guitares saturées et quelques larsens sur « En attendant », flirtant sans complexe avec les sonorités de »Greta » de Kaolin ou celui du « Perceval » d’Elista.

Les chansons de Karpatt expriment de façon poétique des situations contemporaines. Dans « J’ai fait d’la place« , Fred nous raconte le tsunami que l’arrivée d’un petit être peut provoquer. « Plus grand-chose » conte le mal-être d’une célébrité déchue, à grands renforts de violon. Dans « Montreuil » il n’y a pas de chansons d’amour clichées et larmoyantes, il n’y en a d’ailleurs jamais eu dans les albums de Karpatt. Du romantisme il y en a en revanche, « Bulgariade« , une chanson aux accents bulgares, aux guitares rythmées et aux « yalalala » tous droits venus de l’est. Ou du Maghreb. Qu’importe.

Mais Karpatt ne serait pas Karpatt sans le timbre de voix de Frédéric Rollat, faisant basculer le groupe directement du côté de leurs cousins les Têtes Raides. Fred nous offre là encore un parlé mélodique de sa voix grave mais douce.

Montreuil est un album intéressant pour les amateurs du genre. C’est un indispensable pour ceux qui ont aimé Dans d’beaux draps.