Le 4 septembre 2009 a été marqué par la sortie en France du nouveau projet d’Arjen Lucassen : Guilt Machine. Le compositeur hollandais sait maintenant qu’il a un public fidèle depuis 2001 (année de la sortie de son chef d’œuvre The Human Equation, étiqueté Ayreon). Et forcément, en tant qu’amateur confirmé du sieur, je me devais d’en dire un mot. Le danger, c’est la subjectivité. Quand on aime trop quelque chose, et d’autant plus quand on a des attentes, il semble difficile dans l’idée de rester objectif.

On This Perfect Day (le nom de l’album, Guilt Machine est le « groupe ») a été enregistré, une fois n’est pas coutume, par une équipe très réduite. Ceux qui connaissent les œuvres précédentes savent qu’Arjen a l’habitude de faire chanter plus d’une dizaine d’artistes sur ses projets. Rien de tout ça cette fois-ci. Un (seul!) chanteur principal en la personne de Jasper Steverlinck, temporairement débauché pour l’occasion de son groupe belge de pop alternative Arid. Arjen a également pu compter sur Lori Linstruth qui avaient déja été présente dans Stream Of Passion, (un projet dont j’ai précédemment parlé) et sur le dernier Ayreon 01011001. Enfin Chris Maitland, l’ex-batteur de Porcupine Tree, s’est joint à la « joyeuse » troupe.

Les guillemets n’ont pas été placés par hasard, On This Perfect Day est un album très soft et sombre qui tente de rompre complètement avec les habitudes du compositeur. On le remarque une première fois au nombre des personnes qui ont travaillé sur le projet. Et ça continue quand on se rend compte que l’album, s’il poursuit bien un concept comme à l’habitude, ne constitue pas tout à fait une trame continue. Surtout, cet opus s’extrait de l’imaginaire de Lucassen. Cet album se raccroche à la réalité en poursuivant donc le concept de la dépression (en gros). Et la grosse claque : ce n’est pas Arjen mais Lori Linstruth qui a écrit les lyrics !

On en vient à se dire qu’on va avoir un CD assez original… Et bien pas tant que ça finalement. Le style sonore colle toujours à l’emprunte laissée par le dernier Ayreon. Les effets et sons électroniques sont toujours très présents donnant un aspect assez irréel, plutôt SF. Et même si Arjen a ajouté par-ci par-là quelques sonorités plus « mécaniques » (assez proches de 01011001 encore une fois),

on (je) tend à penser que le tout donne une impression plutôt post-apo. Vous me direz sans doute que ca colle bien avec l’empreinte « dépressive » de l’album, et ce n’est pas vraiment faux. On retrouve quelques longueurs dans les mélodies, ainsi que dans le chant qui dénote assez mal la mélancolie ou la tristesse mais parfaitement l’apitoiement. De plus, le martèlement mécanique assez dur et les phrases courtes et agressives de certains passages représentent assez bien la colère.
Pour continuer sur le rythme, le tout reste très lent dans l’ensemble. La batterie est présente sur près de 80% de l’album (d’après Lucassen lui-même) mais on pourrait facilement s’en passer sur l’ensemble parce qu’elle n’apporte finalement que peu de choses… et que les quelques passages où elle est absente rendent finalement mieux… (attention, là, je ne dis pas que Chris Maitland est un mauvais batteur, il est peut être juste un peu trop mécanique sur ce projet).

Pour en finir avec le coté musical global, on reste spectateur de situations auxquelles on ne ne peut que très difficilement s’intégrer.

Du coté des performances, je découvre la voix de Jasper Steverlinck pour la première fois. Une voix plutôt jolie qui reste cependant plutôt superficielle (ne me demandez pas comment ça se présente, c’est une impression) mais les différents effets qui lui sont collés ne lui font pas forcément honneur. On sent une profondeur intéressante qui n’est pas vraiment exploitée…

Lori nous offre également quelques prestations intéressantes. Les lyrics sont plutôt bien écrites d’un point de vue sonore comme d’un point de vue sémantique. Et ses prestations guitaristiques demeurent personnelles et assez accrocheuses. Je serais tenté de dire qu’il y a au moins ça…

Le pari est risqué pour Arjen Lucassen : qui n’a jamais eu un copain en dépression et ne s’est pas lassé de lui tendre la main à un moment ou à un autre ? Au final, ce CD est fait pour les dépressifs qui veulent partager quelque chose — s’il en est ? Un effet positif, le rendu pitoyable est bien foutu et fait se rendre compte qu’on ne peut pas se permettre de rester dans cet état…

Reste une question : est-ce qu’on aura l’occasion de voir en tournée un groupe qui a présenté l’album de l’été selon le magazine allemand Aardschok ? Si c’est le cas, autant y aller directement avec une corde…

Ps : je ne sais pas si je suis resté objectif, mais sachez que d’un point de vue personnel, j’aime quand même assez bien cet album et je suis sérieux…

Le Myspace de Guilt Machine
Site officiel d’Arjen Lucassen
Le blog de Lori Linstruth
Le Myspace de Jasper Steverlinck