Avec les dernières générations de jeux vidéos, la musique prend une dimension de plus en plus grande : elle est partie prenante de l’immersion dans le scénario, l’atmosphère, l’univers. Je rends donc hommage dans cet article à l’un des plus fameux compositeurs qui a poussé le jeu dans cette direction : Nobuo Uematsu.

Plus de la moitié d’entre-vous ne le connaissent sans doute ni d’Eve ni d’Adam et pourtant, c’est un compositeur qui a fait ses preuves dans les bandes sons de jeux vidéos au point de devenir la référence internationale du milieu. Si la série Final Fantasy, parue sur toutes les générations de consoles de jeux depuis la Nes, a vendu chaque épisode à plusieurs millions d’exemplaires, le compositeur n’y est sans doute pas pour rien. Et dire qu’étant petit, Uematsu voulait devenir lutteur professionnel… Il aurait manqué a plusieurs générations de joueurs.

Orienté très tôt vers la musique, c’est à douze ans qu’il compose son premier morceau tandis qu’il suit des cours de piano. A cette époque, il veut devenir calife à la place d’Elton John, mais ses parents le pousseront vers des études plus sérieuses qui lui feront obtenir son diplôme d’avocat. Toutefois, il restera toujours attiré par la composition.

C’est à 26 ans qu’il est engagé par Squaresoft (désormais Square Enix) afin de composer des musiques de jeux, dont le premier Final Fantasy en 1986. Le succès de l’opus poussera les développeurs à poursuivre l’exploitation de la licence jusqu’à aujourd’hui (Final Fantasy XIII et XIV sont en préparation) et Nobuo Uematsu en réalisera chaque musique jusqu’à 9e « épisode » inclus.

Dès 1989, les bandes sons qu’il a réalisé sont réarrangées pour la vente en disque. Chaque épisode aura son « Original Soundtrack » (et cela vaut aussi pour ses travaux en dehors de la série). A partir de là se produit un phénomène intéressant : la production d’OST en galette est assez peu rentable en soi, peu de producteurs ont vraiment réussi ce pari ; pour ce qui est de celles estampillées « Nobuo Uematsu », cela va très vite. Si bien que non content de ne sortir que l’OST de chaque épisode, Squaresoft va vite produire des versions arrangées de ces bandes-sons, au grand bonheur de Uematsu et de ses fans.

En 1991, la version arrangée Final Fantasy IV Celtic Moon accompagnée des éditions Final Fantasy IV Minimum Album, Final Fantasy IV Piano Collections verra le jour en compagnie de l’édition classique de l’OST. Ces versions arrangées auront même parfois plus de succès que l’originale, mais il est facile de comprendre pourquoi…

Est-ce que quelques-uns d’entre-vous se rappellent des sons que pouvait faire une console comme la Nes ? Lancez la vidéo ci-dessous pour bien vous rappeler :

C’est joli tout plein, non ? Vous venez d’entendre le Prélude, le thème d’ouverture de la grande majorité des Final Fantasy, également utilisé pour l’ouverture de Final Fantasy IV :

Vous pouvez déjà remarquer une évolution des sonorités entre la Nes et la Super Nes. Mais on reste encore loin d’un vrai morceau retransmis en stéréo dans un jeu tel qu’on en a l’habitude aujourd’hui. Maintenant, je vous propose d’écouter la version arrangée pour Final Fantasy IV Celtic Moon sortie en CD en même temps que l’OST :

Et enfin, la version Piano Collections :

La musique reste aussi intéressante, mais entre les différents choix possible, le mien est vite fait…

Le seul Prélude mériterait un article à lui tout seul, mais revenons en à Nobuo Uematsu. Ce constat des meilleures ventes en version arrangée restera de mise par la suite avec les consoles de générations suivantes. Malgré les possibilités offertes par la PlayStation en terme de qualité sonore (qui n’est pas encore parfaite mais quand même), Nobuo Uematsu doit retenir que la musique ne doit pas prendre le pas sur le jeu. Celle-ci restera donc volontairement bridée mais s’enrichira néanmoins de plus en plus avec les nouveaux épisodes (et les possibilité des consoles).

Il se trouve que la majorité des morceaux de Nobuo Uematsu sont aussi agréablement écoutés durant le jeu qu’en dehors. Je pense pouvoir l’expliquer (bien que n’étant pas psychologue) par le fait que, très souvent, quand on écoute un morceau, voire un album, on l’associe à un souvenir et que réécouter ensuite ce(s) morceau(x), c’est retrouver la période « sauvegardée » (si vous me passez l’expression). Ainsi le jeu ayant créé un bon effet sur le joueur, la musique n’en sera que plus agréable à retrouver.
Il ne faut pas s’arrêter à cela cependant, puisqu’une musique trop répétitive finira invariablement par vous saouler. Toutefois, si on réarrange ce morceau pour le faire redécouvrir à l’auditeur/joueur, on a un produit assez abouti.
Je parle de produit par abus de langage mais ce terme n’est peut-être pas trop éloigné de la réalité puisque par la suite, on pourra écouter 3 à 6 versions différentes d’un morceau de Uematsu dont certains deviendront tout de même des chefs d’œuvre.

Du piano solo au rock progressif en passant par le symphonique, Nobuo Uematsu devient l’icône de la musique de jeux. Son succès lui permettra de créer un vrai groupe de rock, nommé les Black Mages (pour ne pas quitter l’univers de Final Fantasy) avec qui il a bien entendu fait plusieurs concerts, comme claviériste, du Japon jusqu’en Angleterre en passant par les States. Il a également pu organiser plusieurs représentations orchestrales avec par exemple le spectacle 20020220.

Il a fini par quitter Square Enix en 2004 mais continue de travailler avec eux sur la compositions des thèmes principaux des Final Fantasy qui sont sortis depuis ou encore de ceux à paraître. Il continue cependant de participer aux nombreux spectacles estampillés Final Fantasy et a également sorti l’année dernière le 3e albums des Black Mages, Darkness and Starlight qui comme les deux premiers, reprend principalement des thèmes de combats de la série Final Fantasy.

Il y a au moins un gros avantage à écouter Nobuo Uematsu, c’est que ses compositions accompagnent une situation scénaristique précise. Et après avoir fait des morceaux pour une bonne vingtaine de jeux, vous pourrez difficilement rater celui qui correspond à chacune de vos émotions… Et comme, en plus, il existe plusieurs versions de chaque morceaux, on ne peut pas dire qu’on ne puisse pas y trouver son bonheur…

Et pour finir, voici l’un des plus grands chefs d’œuvres (selon les fans) du maître dans sa meilleure version, et en live ^^ :

Et si ca vous tente en vidéo, vous pouvez le voir en cliquant ici enfin, ce n’est jamais qu’une des 8 ou 10 versions existantes ^^…

Le site officiel de Nobuo Uematsu
Nobuo Uematsu sur Wikipedia