Il y a quelques jours j’ai eu le privilège de voir la légende sur scène. L’attente fut longue et douloureuse : des journées entières passées à réécouter sa (très longue) discographie, gratter des informations par-ci, par-là et se taper les quelques documentaires que j’ai pu trouver sur lui à la Fnac.

Bob Dylan pour moi, et sans doute quelques millions d’autres fans, c’est un peu comme Dieu. Dylan est partout et nulle part à la fois. Plus de 40 ans d’existence sur la scène musicale internationale, 40 ans que le Messie inspire les plus grands artistes et remue les consciences. Bob Dylan c’est un héritage musical et culturel considérable au sein d’une société qui n’a cessé d’évoluer extrêmement vite depuis la seconde moitié du XIXème siècle.

Quel bonheur que de pouvoir enfin partager, deux heures durant, le même lieu et la même émotion que cet incroyable personnage !

Mais revenons-en à moi, dans ma chambre, en train d’écouter mes dizaines et dizaines d’albums de l’artiste. Comme tous les amateurs de ma génération, je me suis concentré sur le débuts de la carrière de Dylan, sur ces chansons qui ont fait La légende Bob Dylan et sans m’en rendre compte, une chanson revenait sans cesse pointer le bout de son nez. The Times They Are A Changin’. Une semaine à écouter ses chansons et machinalement c’était celle-ci que je lançais le matin en me réveillant.

The Times They Are A Changin’ reste pour moi une des meilleures chansons et un des plus beaux hymnes contestataires jamais écrit.
Avec trois fois rien Bob Dylan, alors à l’orée de sa carrière (on est en 1964) a réussi à restituer le climat qui régnait chez la jeunesse américaine de l’époque et à les réunir, peu importe leurs origines sociales.
Ce n’est pas tant par la construction et la technique même du morceau qu’il va impressionner et toucher son public, mais bien par le texte et par sa voix. Cette voix nasillarde et pleine de caractère. Lorsqu’il chante, on sent que le jeune Robert est prêt à soulever des montagnes : « And admit that the waters / Around you have grown / And accept it that soon / You’ll be drenched to the bone.« .

Les années 60, un climat sous haute tension : Mouvement pour les droits civiques des noirs, essor du mouvement hippie, la Guerre Froide, Kennedy venait d’être assassiné…
L’Amérique s’embourbe dans ses fondements religieux et moraux. Face à ce regain de radicalisme, toute la société est en ébullition.
Dylan en porte voix, s’adresse alors avec un temps d’avance aux institutions responsables et les met en garde face au changement qui se profile à l’horizon : « Come gather ‘round people (…) Come writers and critics (…) Come senators, congressmen (..) Come mothers and fathers (…)« .

Peu habitué à ce que les artistes s’engagent autant à l’époque, Bob Dylan devient immédiatement le porte-parole idéal d’une jeunesse protestataire et non-conformiste.
Est-ce que les choses ont changé depuis ? Le question se pose toujours et c’est pour ça qu’aujourd’hui The Times They Are A Changin’ nous renvoie à notre propre actualité.

Reprise par de nombreux artistes internationaux, la dernière utilisation du morceau qui m’a beaucoup marquée et qui est aussi la plus décalée que j’ai pu voir/entendre est celle qui a été faite par le réalisateur de Watchmen, Zack Snyder. Le générique d’introduction du film retrace près de 40 années d’Histoire (revisité bien sûr, ça reste de le Science-Fiction) où la musique de Bob Dylan et les images sont en totale adéquation.

Voir le générique d’introduction du film Watchmen

Et le concert alors. Et bien, j’ai vu une légende sur scène en effet, mais pas celle à laquelle je me m’attendais. mais Bob Dylan reste Bob Dylan, imprévisible et surprenant, à la fois partout et nulle part.

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Bob Dylan sur Wikipedia


Traduction de The Times They Are A Changin’