J’ouvre google, mon ami de l’internet, je saisis de mes petits doigts le nom Arcade Fire et le flot de résultats est sans appel, l’oeuvre de ce groupe pop/rock indé issu de la sphère Canadienne est inévitable. Formé en 2003, et trois albums plus tard, les éloges sont sur tous les claviers. Des lives subjuguant, des prestations intimistes, un concert sur un parking de supermarché, un clip réalisé en HTML5 en partenariat avec le grand dieu Google. En résumé, ce groupe a réussi, vend des disques, épate tout le monde, et est plébiscité par les gens bien qui « critiquent » l’album, grâce à internet. Oui parce que grâce à nos claviers, on peut se prétendre journaliste, critique, poète, voire même artiste. Mais rien de tout ça par ici, que l’amour que je voue à la musique, et d’aucun droit je n’irai critiquer le travail de ces gens-là. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je parle de chronique, car plus que de décortiquer l’album, au risque de passer pour un ignorant (oui je n’ai jamais pu différencier le metal symphonique du death metal progressif, s’il existe, et pour m’arranger Arcade Fire n’est pas du metal) je préfère exprimer mon ressenti, mon état d’esprit lors de l’écoute. Et tant pis pour moi, si je peux passer pour un bisounours, j’assume, mais le bleu s’il vous plaît, pas le rose, il est réservé aux filles, et aux homos (non je ne suis pas homophobe, j’ai eu une chemise rose).

Arcade Fire propose son troisième disque, au son plus pop/rock mainstream que les deux précédents, ou orienté RTL2 pour citer une éminente personnalité de la blogosphère porteuse de bonnets. J’ai donc été m’enquérir des deux premiers disques, pour en dire tout ce que je pense par ici.

La musique d’Arcade Fire est riche, encore plus riche que la vie qui se développe sous les touches de mon clavier, les instruments sont variés, mêlant de la guitare, de la batterie, du xylophone, de l’accordéon, ou encore de la harpe, et sur scène on peut voir les musiciens se faire plaisir sur tout un tas d’instruments. Leurs lives, dont on peut voir un panel sur la toile, sont tous plus impressionnants les uns que les autres, jusqu’à la session enregistrée dans un monte-charge par les gens de la blogothèque. Arcade Fire, c’est un peu l’un de ces groupes extraterrestres, qui nous semblent tellement lointains par leur succès fulgurant, et tellement proches par leurs performances. Comme wikipédia qui cite un « concert » improvisé en sortie de métro et quelques lignes plus loin, informe que le groupe a participé au gala d’investiture privé du président Obama. Donc quand un groupe se permet d’offrir du bonheur dans la rue, alors qu’il a joué devant le gratin d’une superpuissance, moi ça me force au respect. Oui, il m’en faut peu, mais là Arcade Fire nous en donne beaucoup, la galette est un rubik’s cube de musiques, où l’on se plaira à passer de chanson en chanson, au gré des humeurs, au gré des envies, et toujours trouver du plaisir lorsque tout se sera enchaîné et qu’au final toute cette musique paraîtra comme une réussite, une harmonie, alors qu’au départ on cherchait le pourquoi du comment.

The Suburbs. Pour l’anglophobe, « Les Banlieues » titre hommage à toutes ces banlieues nord-américaines, à ces millions de pavillons, répliques fades d’un modèle censé représenter une quelconque réussite sociale, mais au final berceau d’une génération de névrosés, de Modern Man en quête d’idéaux, qui se résument trop souvent à ces schémas de familles modèles. Huit pochettes ont été proposées. La même voiture, où l’on imaginerait deux post-adolescents, avachis dans les fauteuils, en train de s’imaginer refaire leur monde, alors qu’on ne leur propose qu’une monotonie bien trop fade, aussi fade que les couleurs délavées, que les maisons insipides. Jusque dans sa pochette, ce disque est beau, beau de tristesse, certes, mais qui a dit que la tristesse n’était pas belle.

The suburbs, c’est aussi un morceau, taillé pour le single, un joli morceau, une belle ballade, empreinte de mélancolie, récit de ces banlieues sans âme, où la jeunesse se perd, perd son temps, et finit par perdre ses rêves.
« But in my dreams we’re still screamin’ and runnin’ through the yard »

Le disque tout entier est empreint d’une profonde mélancolie, expression de ce malaise qui plus que ces banlieues dortoirs, ronge toute une génération, en quête de rêves.

Rien qu’à visionner le clip de We use to wait, petit plaisir technologique, douceur pour geek en quête de surprise, entièrement réalisé en langage HTML 5, complètement interactif, et je vous laisse vous rincer les yeux avec le lien en bas de page. Ce clip expérimental s’accapare notre écran, notre pensée, et la chanson rappelle ces souvenirs grisés, cette solitude passée, et comme c’est si bien écrit: « I never took my true heart I never wrote it down »

Donc, si The Suburbs n’est pas le disque majeur d’Arcade Fire, si Neon Bible est déjà en train de me passionner, il est évident que ce disque est baigné par ce qu’il décrit, par la mélancolie de cette génération des banlieues américaines, ou nos pâtés de maisons HLM. Moi, je l’aime ce disque, j’aime cette justesse, j’aime cette variété musicale, qui ne forme qu’une seule histoire, délavée. Je comprends qu’ils soient « mainstream », qu’ils soient orientés RTL2, puisque c’est la musique que tout le monde écoute, et que ce disque raconte l’histoire que tout le monde vit.

In my dream I was almost there
Then you pulled me aside and said you’re going nowhere
They say we are the chosen few
But we’re wasted
And that’s why we’re still waiting
On a number from the Modern Man
Maybe when you’re older you will understand
Why you don’t feel right
Why you can’t sleep at night now

  1. The Suburbs
  2. Ready To Start
  3. Modern Man
  4. Rococo
  5. Empty Room
  6. City With No Children
  7. Half Light I
  8. « Half Light II (No Celebration)
  9. Suburban War
  10. Month of May
  11. Wasted Hours
  12. Deep Blue
  13. We Used to Wait
  14. Sprawl I (Flatland)/li>
  15. Sprawl II (Mountains Beyond Mountains)

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Le clip The Wilderness Downtown sur la chanson We used to wait