De temps en temps, je m’amourache d’un petit groupe « amateur » de chez moi qui ne rentre certes pas toujours dans les cases « génies musicaux de ce siècle », mais ils ont au moins le don de me faire passer de bons moments dans des concerts sans prétention. Du moins est-ce le cas quand je les découvre, car parfois certains dépassent mes attentes, font des concerts où riment teuf et rock’n roll. Et quand ils se donnent les moyens d’enregistrer un album d’une qualité très pro, on se dit qu’on les a peut-être un peu sous-estimés et qu’après tout, qu’est-ce qui les empêche de faire leur credo dans la cour des grands ?

JohkJohk s’est illustré sur la scène amateur locale, s’attaque désormais à la scène semi-pro et passera, on l’espère, très vite l’obscure ultime étape pour faire partie de ceux qu’on appelle « professionnels ». Leur premier album auto-produit 0% de matière grise est un concentré de punk qui reprend le meilleur des morceaux écrits depuis leurs débuts, avec quelques inédits tout de même. Et si le choix de reprendre les morceaux existants plutôt que d’écrire intégralement un nouveau support est discutable, on reconnaît très vite que l’ensemble de l’album suit une ligne très nette.

Niveau composition musicale, on a affaire à du punk : du direct et surtout de l’efficace. Des guitares bien saturées la plupart du temps dans les mains de Clément, et Antoine ; Cédric les soutenant à la basse et Alex qui fait résonner sa batterie comme personne. Au final, on ne parlera pas de « grand art », mais d’une musique efficace qui met bien en valeur le discours du groupe.

Johk sur scèneComme on peut s’y attendre d’un groupe de punk, on a ici droit à une critique sociale : engagement avant tout. Tant pis donc pour l’originalité conceptuelle du projet (ou pas). Par contre, si on prend les chansons au cas par cas, on obtient des résultats sympas. L’un des procédés préférés sera la reprise des discours des « victimes », qui ne cherchent simplement pas à s’extraire de leur point de vue. On aura donc droit à la satyre des existentialistes paumés (existentialisme et sens de l’orientation), des ultra-capitalistes (ceux qui vivent sur notre dos) et j’en passe. On retrouvera aussi des morceaux plus directs tels que « surtout ne pense qu’à toi » qui ouvre l’album et donne le ton, ou encore « 0% de matière grise » qui souligne les pièges de la société de communication/consommation.
Sur un plan un peu différent, on retrouve également une satyre des groupes dits « commerciaux » qui se révèle plus originale mais également très décalée en s’appuyant sur un vide qui se transforme en arme dans la bouche de Clément : « Je chante en anglais parce que j’ai rien à dire » ou encore, en écho, « je chante la Bible en allemand ». L’album se conclura sur une reprise bonus non moins décalée d’une chanson de « La reine de France » : pas besoin de vous faire un dessin.

Johk franchit une nouvelle étape avec son premier album 0% de matière grise et démontre un engagement que l’on retrouve de moins en moins dans les médias. La musique est une arme de communication massive pour l’éveil de la conscience aussi bien culturelle que politique. Et quand on s’éveille dans la bonne humeur, c’est tout un monde qui s’apprête à changer. Johk, c’est un bon moment, la conscience en plus !

Jaquette du premier album de Johk : 0% de matière grise

Tracklist :

  1. Surtout ne pense qu’à toi
  2. 0% de matière grise
  3. Des paroles en l’air
  4. Ceux qui vivent sur notre dos
  5. Existentialisme et sens de l’orientation
  6. Vulgar pop song
  7. Américain
  8. Un prof en moins, deux flics en plus
  9. Je chante en anglais (parce que je n’ai rien à dire)
  10. Je chante la bible en Allemand (pour élargir mon public)
  11. La reine de France

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