Chez Désinvolt, on ne plaisante pas quand il s’agit de rock français. Du coup, quand Déportivo sort un nouvel album, les rédacteurs se battent pour en parler. Alors, afin d’éviter un bain de sang, on a choisi de sortir des sentiers battus et de s’auto-interviewer pour recueillir les réactions !

Le retour de Déportivo sur le devant de la scène rock française, c’est pas négligeable. Ça représente quoi pour toi ? Excité comme un gamin sur le chemin de Disneyland ou ça te laisse de marbre ?

Mickael : Dans mon petit univers, Déportivo, c’est du lourd. Il se range à la suite de groupes comme Saez, Noir Désir ou Eiffel. Mais à l’inverse de ces derniers, je n’ai jamais été totalement sous le charme de leur musique. L’album Parmi eux a beaucoup tourné dans mon baladeur à l’époque, mais j’ai toujours trouvé que leur musique manquait de finesse, de maturité… de poésie ! J’adore quand les guitares se mettent à hurler et quand la batterie leur répond, mais Déportivo, ça partait toujours trop dans tous les sens. Du coup, à la base, l’idée d’un nouvel album, c’était cool, mais sans plus. Et puis il y a eu le premier single : Ivres et débutants, et j’ai pris une claque ! C’était ce que j’avais toujours attendu de Déportivo. Le bon son rock et l’énergie qu’ils avaient depuis leurs débuts, mais plus posé, mieux maîtrisé. Après ça, ouais, j’étais comme un gamin en route pour Disneyland, à ouvrir ma boite aux lettres chaque soir en retenant mon souffle dans l’espoir que le facteur y ait déposé le CD dans la journée !

petit nounours : Déportivo fait partie des quelques groupes français dont j’attends  des nouvelles avec impatience. C’est aussi un des rares groupes français dont j’adhère à la musique, j’ai toujours préféré la musicalité du chant en anglais. Contrairement à Mickael, c’est le manque de finesse et de maturité du groupe qui m’a séduit. Cette urgence dans la musique. Ce coté « on n’est pas de grand musiciens mais on est là pour se faire plaisir et faire plaisir au public en envoyant du bon gros son ». Et c’est vrai qu’Ivres et débutants a marché comme un bon teaser à l’album, j’étais très impatient d’écouter la suite.

Boris : J’ai découvert Déportivo avec leur premier album Parmi eux. Une véritable claque à l’époque. J’adorais (et j’adore toujours) le côté « rien à fou***, on envoie la sauce » de cette première galette. C’est brut, non calculé, direct. Le premier extrait qu’il nous a été possible d’entendre de ce nouvel album a rappelé de bons souvenirs à mes oreilles. L’excitation grandissait.

Bon, et concrètement, ce nouvel album, à la première écoute, ça donne quoi ? Déjà convaincu, perplexe ou déçu ?

Mickael : À la première écoute, je suis forcé d’avouer que ça m’a laissé perplexe. J’étais vraiment content que cet album ne soit pas juste le reflet des précédents et qu’il y ait eu une vraie évolution, mais en même temps, à aucun moment il n’y a eu le déclic. Tu sais, le truc qui te fait stopper tout ce que tu es en train de faire pour remettre la chanson que tu viens juste d’écouter parce qu’après à peine une écoute tu es tombé amoureux… Quoi que, quand j’ai entendu les « oh » dans Intrépide, j’ai tout arrêté pour vérifier que c’était bien Jérôme Coudane et pas Nicola Sirkis qui chantait ! Blague à part, ouais, j’étais perplexe, voir un poil déçu après les attentes qu’Ivres et débutants avait fait naître.

Boris : Pour moi, la peur s’est installée… ”C’est bien le même groupe ? Mon Ipod est malade et ne me joue pas le bon album?…” Je me souviens de ma réaction à la première écoute de Parmi eux, le temps s’est arrêté, addiction directe, wow !!! Là… Rien ne s’est arrêté à la première écoute.

petit nounours : Très perplexe. C’est bien ils soient allés dans d’autres directions, ils ont évolué dans leur musique, mais pour moi non plus, il n’y a pas eu de déclic.

Et quelques écoutes plus tard ? Toujours sur ta position initiale ?

Boris : Malheureusement oui. Je n’ai pas retrouvé la « gnaque » des débuts, ce truc qui me faisait entrer dans un état second, là où on s’imagine faire partie du groupe en jouant (bêtement) de l’air guitare ou de l’air batterie, tout ça en braillant à tue-tête.

petit nounours : Après plusieurs écoutes j’arrive à la conclusion suivante : il est sympa mais sans plus. Il manque toujours ce petit quelque chose à ce Ivres et débutants pour me faire chavirer, pour me donner envie de l’écouter et le réécouter avec plaisir et sans fin. Ils ont voulu trop expérimenter avec les claviers et autres joujoux qu’ils ont trouvé dans leur studio d’enregistrement, mais ils y ont perdu leur âme de trio power-rock.

Mickael : Pour ma part, déjà, il a fallu un bon moment pour arriver à « quelques écoutes ». Mais bon, c’est pas leur faute ça, je fonctionne beaucoup au coup de cœur, et j’ai du mal à persévérer sans ça, ce qui fait que souvent je me retrouve à « découvrir » un album avec des années de retard, juste parce que j’avais pas accroché à la première écoute. Quoi qu’il en soit, je me suis forcé, et j’en suis content : plus j’écoute cet album, plus j’adhère !

Comment le situes-tu par rapport aux albums précédents ?

Boris : En deçà. Je trouve l’album lisse et poussif. Le groupe a voulu évoluer, ce n’est en rien critiquable, c’est ambitieux et courageux… mais le public n’est en rien obligé de suivre.

petit nounours : C’est toujours difficile de comparer un album à un autre, surtout pour celui là, où les Déportivo ont voulu aller plus loin. Mais je suis de l’avis de Boris, le résultat n’est pas au rendez-vous et c’est peut être le moins bon des trois.

Mickael : Pour moi, cet album est celui de la maturité. Il me rappelle beaucoup le virage que Luke a fait avec son dernier opus. Sauf qu’à l’inverse de ces derniers, Déportivo a réussi à réaliser un album qui a du caractère. Je ne suis pas surpris que les gens qui appréciaient vraiment au départ, comme Boris ou petit nounours, soient déçus, parce qu’on est loin des essais précédents… Là où ça m’a vraiment choqué, c’est quand j’ai écouté On a vraiment cherché pour la première fois. Sur le coup, je me suis dis : « Mais c’est quoi ce bordel, on dirait du Déportivo » !… Déportivo a réussi à catalyser l’énergie qui lui était si caractéristique et mettre un terme aux morceaux qui ressemblent plus à du bruit qu’à de la musique.

Sinon, Gaetan Roussel à la prod, ça se sent ?

petit nounours : Oh oui, ça se sent… mais Gaetan Roussel, je n’accroche pas. Je n’ai jamais apprécié le son qu’il donne à sa musique. Je vais me faire lyncher mais je n’ai jamais aimé Louise Attaque et Tarmac. Même en solo, sa musique m’est insupportable. L’influence de Gaetan Roussel sur la musique du groupe est tellement présente qu’un titre comme Nos baisers me fait plus penser à du Louise Atttaque qu’à du Déportivo.

Boris : Je me suis arrêté au premier album de Louise Attaque et ne me suis jamais intéressé à Tarmac. J’ai eu la même réaction avec Ivres et débutants qu’avec l’album de Gaetan Roussel, en ce sens, oui, on peut peut-être trouver une influence…

Mickael : C’est une question piège en fait. Oui, Ivres et débutants pue le Gaetan Roussel, mais comment savoir si c’est lui qui a donné ce son là, ou si le groupe l’a choisi justement parce qu’il voulait donner cette orientation à l’album ? De toute façon, en tant que grand admirateur de Louise Attaque, je ne pouvais qu’apprécier cette influence, quelle qu’en soit son origine !

Sinon, le groupe sera en tournée un peu partout en France dans les mois à venir. Seras-tu de la partie ?

Boris : Bien sûr, CD et live, ce n’est pas le même combat. Je ne vais pas les enterrer parce que cet album ne me plaît pas.

Mickael : Moi aussi j’en serais ! Je suis impatient de voir le groupe défendre cet opus sur scène ! J’ai traîné pour réserver mes places, et résultat, le concert à la Flèche d’Or est déjà complet… donc rendez-vous au Trianon !

petit nounours : Oh, que oui ! Les albums, c’est bien mais rien ne vaut la sueur et l’énergie du live. C’est en live que l’on prend la pleine mesure d’un album surtout avec les Déportivo. Et surtout, j’ai envie de voir comment les trois larrons vont gérer l’arrivée des deux petits nouveaux sur scène, c’est–dire Philippe Almosnino à la guitare et Vincent David au clavier.

    Tracklist : 

  1. Fais moi-comprendre
  2. Ivres et débutants
  3. Intrépide
  4. Au milieu
  5. Nos baisers
  6. Au saut du lit
  7. Pistolet à eau
  8. Rejoue quand-même
  9. Le bruit que la vie fait
  10. N’ai-je ?
  11. On a vraiment cherché
  12. C’était cool

Au final, si comme toujours, cet album fait des heureux et des déçus, tout le monde s’accorde pour reconnaitre qu’Ivres et débutants marque un gros virage dans la carrière de Déportivo, et rien que pour ça, il gagne a être connu !

Et toi, qu’en penses-tu ?

PS : Si tu as envie d’en savoir plus, n’oublie pas de regarder la super interview des Déportivo réalisée par Élie et Tim pour Désinvolt !

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