Deux frères qui font de la musique ensemble, et ça se passe bien! Bien loin des querelles fratricides d’Oasis, les frères Volovitch chantent ensemble la société, ses maux, les ptits tracas… la vie quoi!

Rencontre lors d’un festival écologique et solidaire en Picardie, les Vers Solidaires, pour interview musicale, écolo, geek et … engagée.

Questions classiques :

Une présentation de votre groupe ?

Olivier : Moi c’est Olivier, voici Frédo. On est frères et on a monté notre groupe il y a 5 ans. On s’est dit qu’on allait faire nos chansons ensemble. J’écrivais des chansons, Frédo aussi de son coté, donc on a commencé à les mettre en commun et à les jouer dans les bars à Paris, tous les deux. Petit à petit, on a construit l’équipe qui constitue VOLO, c’est-à-dire des potes : Enrico Mattioli à la batterie, Hugues Barbet à la guitare et Théo Girard à la contrebasse et basse.

Est-ce que le succès du premier groupe de Frédo, Les Wriggles, vous aide à faire parler de Volo ?

Frédo : C’est rarement nous qui nous chargeons de la communication, ce n’est pas une information que nous avons donnée aux partenaires de communication avec qui on travaille. C’est sûr que je ne me cache pas de faire partie des Wriggles, ni d’avoir monté VOLO avec mon frangin à coté, et c’est sûr que des gens du public des Wriggles nous ont découvert par curiosité, en s’intéressant aux différents projets personnels des membres du groupe. Sur les affiches, on ne rajoute pas « avec un membre des Wriggles », les univers sont assez détachés. Chaque histoire a son parcours, obligatoirement elles vont se mélanger un petit peu, mais on ne s’en sert pas plus que ça.

Comment se passe le travail entre frangins ? Ce n’est pas plus compliqué que si vous étiez deux amis ? une guéguerre à la Oasis ?

Olivier : Nan, pas de guéguerre à la Oasis, ça se passe très bien. Après, moi je ne saurais pas dire si c’est plus difficile de bosser avec son frangin car VOLO est le seul projet artistique que j’aie, et c’est avec mon frangin.

Frédo : C’est un travail en toute intelligence, notre grande chance avec Olivier c’est qu’à la base on s’aime, on a été éduqués dans l’amour et dans le respect de l’autre, on a plein de souvenirs de gamins en commun. On est une famille assez unie. On aborde le boulot de la même manière qu’on le ferait avec quelqu’un d’autre : faut se parler, faut se respecter, faut se dire les choses quand on accumule, il ne faut pas laisser les ressentiments se créer. Olivier et moi sommes très attachés au fait qu’il est hors de question qu’on sorte fâchés de cette aventure-là. Autant avec des potes on s’en fout, autant vis-à-vis de nos parents, c’est impossible.

Je voudrais savoir si Elisa a vraiment existé?

Frédo : Euh… Non. (sourire)

Deux chansons qui pourraient vous représenter, vous ? (Une de VOS chansons, et une de quelqu’un d’autre)

Olivier : C’est difficile comme exercice. Les chansons qu’on chante, on ne se force pas à les chanter, ça veut dire qu’on les aime bien. Il y en a beaucoup qui pourraient correspondre.

Frédo : Le syndrome correspondrait bien : y’a de l’amour, du cul et c’est poétique. Par contre, une chanson d’un autre, c’est plus difficile.

Vous détestez les dimanches ?

Frédo : Non. C’est bien les dimanches, c’est des moments à partager avec la famille, les amis.

Quels sont les artistes qui vous inspirent ?

Olivier : On a écouté beaucoup de chanson française quand on était gamins, beaucoup de chanson anglophone aussi. Nos parents écoutaient pas mal de choses, donc a été influencés par plein de choses, ce n’est pas évident de faire le tri. On écoutait beaucoup Harmonium aussi, qui est un groupe canadien.

Questions écologiques :

Pour vous, que représente le fait de jouer dans un festival tel que les Vers Solidaires ?

Olivier : C’est super ! Moi je m’y sens bien, je me suis baladé dans le village, où sont présentes de nombreuses associations, certaines que je connais et d’autres non. C’est super de permettre à toutes ces associations de montrer leur travail et leurs actions à tous les festivaliers qui vont venir. Le festival est solidaire, et c’est chouette de voir qu’il y a un discours et une cohérence avec ce discours dans l’organisation et l’attitude des gens sur place.

Ecolo convaincu ? Agissez-vous au quotidien pour vous améliorer dans la gestion de vos déchets, la maîtrise de l’énergie, ce genre de choses ?

Olivier : Moi j’ai eu une prise de conscience, mais j’ai encore plein de choses à améliorer dans mon mode de consommation. Je suis aussi conscient de pas mal de choses, mais j’ai encore des progrès à faire en ce qui concerne par exemple la maitrise de l’énergie ou le mode de consommation. Ce qui est bien maintenant, c’est qu’on est de plus en plus informés sur ce qu’on peut faire, de ce qu’il a moyen de mieux faire.
Je pense aussi que ces questions nous touchent tous en tant qu’individus, mais que les prises de décisions doivent aussi se prendre à un niveau supérieur, par nos représentants, parce que c’est super si on trie tous nos déchets, si on surveille tous notre consommation d’eau, mais à quoi ça sert si les industries continuent de fonctionner comme elles le font maintenant ? ou si on fait ça uniquement dans les pays européens pendant qu’en Chine on pollue les rivières ? Chacun a des choses à faire à son échelle, et chacun en tant que citoyen a des choses à faire au niveau global. Et c’est long.

Frédo : Moi je suis comme le frangin, je fais des tentatives au jour le jour pour passer du monde dans lequel j’ai grandi, avec de la viande tous les jours, à utiliser tout le temps la bagnole, à prêter attention aux fringues et à l’apparence, à des conneries quoi. On n’a plus 14ans, et on se rend bien compte que pour notre génération ça va faire un grand écart, il va falloir qu’on reparte. Après, c’est un travail au jour le jour, et faire du vélo, ça fait du bien !

Que pensez-vous de la mode qui se crée autour des énergies vertes ? Selon vous, est-ce que ça peut contribuer à sauver la planète ou est-ce seulement passager ?

Frédo : Pour parler de ce qu’on connait le plus, ma vision de la société et du gouvernement français à l’heure actuelle, c’est qu’on est pas du tout partis pour changer radicalement et vite de façon d’utiliser l’énergie, ou de changer de mode de production d’énergie. Pour moi y’a une mode, y’a de la récupération, y’a la pression électorale et tout ce que tu veux. Quand tu vois les gens au gouvernement qui font des Grenelle de l’Environnement, alors qu’il y a 10 ans ces mêmes personnes étaient les premiers à se moquer des écolos, à les mépriser et à leur rire à la face, on n’est pas dupes.
Maintenant, j’espère qu’il n’y a pas qu’eux, et d’ailleurs il y a d’autres pays qui font des avancées importantes dans ces domaines-là, comme les pays du Nord de l’Europe, et rien que ce qu’Obama a l’air de vouloir faire aux Etats-Unis c’est bien. Si les américains commencent à se mettre dans la tête qu’il faut respecter les accords de Kyoto, même si c’est trop tard, au moins on se dira qu’on sera morts en en tenant compte. Moi je n’ai pas l’impression que ça bouge. Après, c’est facile de dire ça avec mes petites chansons, mais contrairement à ce qu’on nous explique à droite et à gauche, je ne vois rien de radical ou de révolutionnaire, alors qu’il faudrait un virage, si j’ai bien compris en tout cas. Et les gens qui ont étudié ça, nous expliquent sans paniquer que le virage il faut le faire maintenant et très fort, et que si on le fait pas il va falloir s’entretuer pour les ressources. Et rien ne se passe. Il y a une autre société à reconstruire, surement plus simple, et j’aime penser qu’elle sera plus saine, plus marrante, plus solidaire.

Olivier : Donc le virage faudrait le faire tout de suite.

Votre paysage (naturel) préféré ?

Frédo et Olivier : La forêt.

Questions geekes :

Où vous situez-vous par rapport à la loi HADOPI ?

Frédo : On a été associés malgré nous à jaimelesartistes.fr alors qu’on avait rien demandé. On en a parlé à la télé, pour nous il est clair que le problème des ventes dans l’industrie du disque existe, après, la loi nous parait très floue en ce qui concerne la commission chargée de surveiller ce qui se passe dans les ordinateurs des citoyens, quel recours on a pour dire « c’est pas nous qui avons téléchargé » et en apporter la preuve, et priver toute une famille du net alors qu’il n’y aurait qu’une personne qui aurait téléchargé nous parait excessif. La piraterie avance tous les jours, et plus vite que les murs qu’on essaie de construire.
Ça ne veut pas dire qu’il faut ne pas sensibiliser les gens, nos gamins, au fait que la musique c’est un tout, et que des gens en vivent. Il faut que je mange, Olivier aussi, on a des loyers à payer, on n’a pas gagné au loto, on fait juste des disques parce que des gens qui ont de l’argent pour nous produire croient en nous. Mais on ne sait toujours pas, en ce qui concerne HADOPI, qui sont les gars qui vont aller vérifier dans nos bécanes ce qu’on a envie de télécharger, d’écouter, de raconter…

Olivier : Après, le principe répressif ne nous plait pas trop. On a l’impression que les trucs qui marchent c’est plutôt de faire de l’information, de la sensibilisation, et c’est le seul moyen possible de faire avancer les choses.

Frédo : La prévention ne marche pas toujours, par exemple avec la sécurité routière c’est mitigé. Même si le fait de télécharger ne va pas tuer physiquement un artiste, ça ne va pas lui permettre de poursuivre sa carrière. Il y a aussi l’idée de licence globale qui est à creuser.

Olivier : Ce qui est rigolo là-dedans, c’est qu’on aurait pu élargir le débat sur la propriété intellectuelle en général. Il y a plein de trucs intéressants à dire, comme par exemple sur Monsanto et le brevetage du vivant, mais ce débat n’a pas été ouvert car c’est une industrie puissante, où tu fermes ta gueule.
Aujourd’hui le mode de consommation de la culture, que ce soit la musique ou le cinéma a changé, mais il y a toujours cette notion de propriété intellectuelle qui doit être posée et que personne n’a posé. Il y a une nouvelle manière de consommer la musique, il y a une industrie qui capote, mais pour nous c’est important qu’on reconnaisse notre travail. Si on télécharge mes titres et que je n’en retire aucun bénéfice, je ne trouverai pas ça normal, mais il faudrait se poser la question de la propriété intellectuelle en général, et peut-être qu’il faudrait abandonner complètement cette notion, peut-être qu’il faut trouver autre chose ?

Pensez-vous que vous auriez eu le même succès sans la diffusion de MP3 illégaux ?

Frédo : On est sûrement plus connus grâce à ça, oui.

Olivier : En fait, on n’a aucun moyen de mesurer ça. On sait qu’il y a plein de projets artistiques qui utilisent ces réseaux comme support de communication. Nous ça nous va, on sait qu’on a été téléchargés, mais aussi que les gens viennent aux concerts.

Frédo : J’avoue que je suis assez déconnecté de tout ça et que je ne sais pas trop ce que c’est que la consommation de la musique pour des ados de 14 à 19ans. Je sais que nous, adolescents, il n’y avait pas le MP3 mais la cassette audio, et on allait dupliquer la cassette chez des potes. Ça demandait un certain effort, ça demandait un peu de place dans la chambre pour stocker les cassettes, ça demandait du matériel… c’était des efforts, et tu ne t’amusais pas à enregistrer toute une cassette d’un disque que tu ne connaissais pas. Avant, tu étais un peu curieux du disque. J’ai cru comprendre que maintenant, il y a toute une jeunesse qui consomme la musique sur téléphone portable, sur PC, sur des supports virtuels où la musique s’écoute et se jette ensuite. Il n’y a peut-être plus le même goût derrière, sur qui travaille sur les albums par exemple.
Nous on chante des chansons à texte, on travaille les paroles, on essaie de raconter des choses, alors peut-être que les gens qui nous écoutent comme ça, par hasard, sur un MP3 copié vite fait à un copain dont on a copié toute la bibliothèque, vont revenir vers nous sur un concert, ou vont aller acheter le CD, parce qu’ils vont comprendre ce qu’on raconte, pourquoi et comment, la démarche derrière, ils vont s’inscrire dans le mouvement. Avec le frangin, on se dit souvent qu’on est assez contents, dans le sens où ça a un coût d’acheter un CD ou d’aller voir un concert, donc de par le coté gratuit on touche des gens, ce qui ne nous empêche pas de faire des albums. On est contents de savoir que nos chansons touchent des gens, et même ceux qui n’ont pas les sous pour acheter un disque. La radio passe des singles, mais nous après dans nos albums on met plein de petites chansons en plus. Tant mieux si à 300km de là, quelqu’un découvre notre premier album et trouve que la 5ème chanson lui parle vraiment.
Sachant que moi je suis assez optimiste, par rapport à notre musique, c’est-à-dire que j’imagine qu’après quelques années, il entend de nouveau parler de Volo, et il se demande « bah tiens qu’est ce qu’ils sont devenus, ils ont 40 ans maintenant, qu’est ce qu’ils racontent ? ». Marc Lavoine qui perd 30 000 disques de part de marché, il doit être dégouté, je ne sais pas ce qu’il raconte aux gens, je ne sais pas ce qu’il raconte aux journalistes… Après, il y a des artistes de variété jetables, les gens achètent les CD parce qu’ils ont entendu un single à la radio, mais ils n’accrochent pas plus que ça à leur musique. Enfin je dis ça, mais Les yeux revolver, j’accroche quand même ! Enfin, Marc Lavoine ne me fait pas trop de peine, s’il s’arrête j’en pleurerais pas. Par contre, si des groupes comme Les Ogres de Barback s’arrêtent de faire des disques ou des concerts parce qu’ils sont trop téléchargés et qu’ils ne peuvent plus en vivre, là ça me ferais chier.

Olivier : Il faut que l’industrie du disque change de manière de contrôler la musique. Peut-être que dans quelques années, faire un disque pour un label ce ne sera pas la même chose que ce qu’on a connu nous, c’est-à-dire un 14titres où il y a une volonté derrière, avec un parcours, où les gens qui l’ont fait se sont posés des questions sur ce qu’on raconte et comment le raconter au mieux. Peut-être que dans 15 ou 20 ans les labels ne produiront que des disques de 3-4titres et ce ne sera pas la même histoire pour produire des albums entiers.

Que pensez-vous des sites comme Deezer ?

Olivier et Frédo : C’est bien, ça permet de se faire connaitre.

Frédo : Sur des sites comme ça, tu peux télécharger légalement, c’est pas mal.

Olivier : C’est une manière de découvrir, et puis si tu vas acheter un disque, au moins sur Deezer tu as pu te renseigner pour savoir ce que tu achètes.

Le mot de la fin ?

Olivier et Frédo : On est très contents d’être à ce festival solidaire, merci encore !

Volo en live aux Vers Solidaires, photo : Isa.

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