Rencontre avec deux des membres du groupe Nouvel R originaire d’Angers, SSeca et Shen Roc qui ont bien voulu répondre aux questions posées par Désinvolt, quelques heures avant le début de leur concert à l’Olympic de Nantes…

La formation date de 2004, Nouvel R, c’est à l’origine deux groupes qui ont fusionné ? Comment s’est passé la rencontre ?

SSeca:
En fait on s’est rencontré pour un concert, on avait l’occasion de jouer 15-20 minutes sur un plateau où les deux groupes se rencontraient. Nous (Les 4 Vérités à l’époque ndlr) on s’est retrouvé à jouer avec l’Ambassade. Et ensuite un bassiste qui est venu, et un beat boxer. On a fait un petit set de 15-20minutes comme ça. On a bien tripé, on avait pas de morceau, on ne s’appelait pas encore Nouvel R, c’était vraiment les débuts.

SSeca:
Ça s’est fait surtout sur scène pendant 3-4 années, avant de sortir un album, on a fait que de la date, des festivals, des cafés-concerts. Et puis c’est là qu’on a appris à se connaitre du coup, musicalement, on voulait se comprendre. Faire des morceaux qui collaient au groupe. Parce que c’est vrai, comme on est 7. Sept c’est beaucoup, il faut se mettre d’accord, en plus on a plein d’influences différentes alors faut arriver à trouver une osmose.

Shen Roc:
On regrette pas du coup, d’avoir attendu avant de faire le premier album. SI on l’avait fait au bout d’un an ça n’aurait pas été pareil, on aurait pu être déçu. Fallait apprendre à se connaitre et une formation comme ça c’est pas facile à mettre en place à la base…

Seca: … C’est vrai que le beat box c’est super chiant!

Shen Roc: Oui c’est ça, c’était le fond de ma pensée! (rire)

Et le nom Nouvel R, d’où ça vient ?

SSeca:
Nouvel R ça vient de David. C’est lui le responsable s’il y a des plaintes faut s’adresser à lui! (rires) Le nom nous paraissait ce qui allait le mieux au groupe, un peu un renouveau au niveau de la musique et un renouveau aussi, humainement.

Quelles sont vos influences à la base ? Sur Hybride on peut entendre de la guitare, du violoncelle (Bout de Tissus ndlr), est-ce qu’à la base vous n’êtes que hip-hop ou bien ouverts à d’autres styles ?

Shen Roc:
A la base on est tous plein de choses. le point commun, c’est qu’on a tous effectivement une influence hip-hop dans la musique qu’on faisait avant, dans nos vies. Après chacun a « Hip-hop », plus des affinités qui vont être autour, du dub, rock, électro… Un grand mélange et c’est aussi ce qui nous plait. Pour nous le hip-hop c’est un peu ça aussi.

SSeca:
Du coup sur le premier album on a pris beaucoup de plaisir à faire venir plein d’instrumentistes.

Shen Roc:
Big Up Lynette d’ailleurs (la violoncelliste du morceau Bout de Tissus).

SSeca:
Ça a toujours été une démarche, même quand on a commencé en 1995, une volonté de faire quelque chose d’original. Tu prends des influences bien sûr de ce que t’écoutes, mais t’essayes de faire ton truc à toi, te créer un univers. Et c’est ce qu’on a fait avec Nouvel R finalement et qui ne soit pas ce que tous les groupes font.

Il y a un clip, Masta, premier extrait du nouvel album Tout Va Bien et réalisé avec Kourtrajmé, là encore, comment s’est monté ce projet ?

Shen Roc:
Un grand coup du hasard et c’est génial! D’abord faut qu’on comence par parler de « Hip-Hop Kanou« . Une formation qu’on à côté de Nouvel R avec trois pote à nous, trois rappeurs maliens. On a monté un set ensemble et on a joué plusieurs fois en France et en région parisienne. Et il se trouve que dans hip-hop Kanou, il y a un des maliens qui connaissait un des réalisateurs de Kourtrajmé « Toumanisangari ». On l’a invité à voir notre concert, c’est là qu’on l’a rencontré, qu’on a pu discuter et finalement ça a déboulé sur le clip de Masta.

Le clip en lui-même est assez sulfureux, est-il représentatif du nouvel album ?

SSeca:
Non pas du tout.

Shen Roc:
Il s’inscrit complètement dans l’album aussi bien le morceau que le clip. Mais ce n’est pas représentatif de l’ensemble du truc. L’image n’est pas vraiment provocatrice mais accroche plus du coup.

SSeca:
Dès qu’on parle de religion, c’est un peu un débat un peu sensible, que ce soit entre potes ou en famille comme la politique. Du coup la mise en avant de ce morceau là, ça nous dans un créneau, un peu « discussion-débat » direct.
On fait ce qu’on aime et quelque chose de sincère. Sur scène, c’est un engagement, faire un album aussi. Pour nous ça nous parait totalement naturel d’aborder ces thèmes là: l’euthanasie, le licenciement, les dérives de internet et des médias en généraux, c’est vraiment important.

D’ailleurs parallèlement à Nouvel R, vous tournez encore avec Hip-Hop Kanou ? Un album de prévu aussi de ce côté là ?

SSeca:
Pas d’album de prévu encore. Par contre une tournée au mois d’août qui est prévu parallèlement à Nouvel R.

Shen Roc:
On a fait un petit maxi de 5 morceaux, mais un album ça serait vraiment intéressant.

Votre façon d’écrire est assez réaliste, on le sent de toute suite à l’écoute de vos morceaux, qu’est-ce qui vous inspire?

Shen Roc:
C’est pas moi qui écris mais je veux bien répondre (rires). Nous mêmes on est un peu comme ça dans notre vie, dans notre façon de bosser, à savoir on est le plus sérieux possible mais on fais ça en s’amusant. Je pense que c’est ça, se faire plaisir.

SSeca:
C’est un peu comme la vie de tout les jours. Un jour t’es énervé t’as un coup de gueule à passer, un coup t’as envie de te marrer et puis voilà…
Oxmo, qui nous a influencé et nous influence toujours encore. C’est des artistes qui sont encore toujours au top et qui sont là depuis des années. C’est vrai que nous on a vraiment été influencé par tout le hip-hop des années 90, français et américain, par exemple: Fléau, Démocrate D, Fabe, Cypress Hill, La Cliqua et plein d’autres!

Plus généralement, comment travaillez-vous vos morceaux ?

SSeca:
Y’a vraiment plusieurs façons. Souvent ça part quand même d’une base instrumentale. Ça nous inspire, ça nous donne une idée d’un thème ou alors ça part d’un seul MC qui va être inspiré, sortir un refrain. Ensuite on en discute.
On voulait un album plus cohérent, on voulais pas faire Hybride 2, surtout au niveau du son: moins de morceaux mais plus cohérents. Là on est quand même plus satisfaits, qu’il y ait une cohérence, une couleur musicale du coup et aussi au niveau des textes, de l’ironie.

Shen Roc:
C’est celui qui ressemble le plus à Nouvel R en ce moment. Ça correspond vachement avec notre évolution. On va pas se dire, on fait ça et on bouge pas de notre truc.

Et le nom de l’album, pourquoi avoir choisi TouT Va Bien ?

Shen Roc:
Tout va bien pourtant, non ? T’allumes les infos à la télé, tout va bien.

SSeca:
On avait fais la moitié des morceaux et on s’est rendu compte qu’il y avait toujours ce petit côté ironique qui ressortait et on a voulu un titre d’album qui soit dans cette veine là en fait.

Vincent de Zenzile est le réalisateur de l’album, quelqu’un venant du dub pour faire un album de hip-hop c’est un choix assez étonnant, qu’a-t-il apporté au projet ?

Shen Roc:
Vincent Erdeven qui est le clavier de Zenzile, ouais. On a réalisé l’album avec lui mais finalement il a eu plus de casquettes que ça. On s’est demandé à un moment si c’était pas plus pertinent d’avoir un regard extérieur qui n’est pas de Nouvel R. Quelqu’un pour nous aider à faire le tri et chercher l’osmose, la cohérence. On avait encore trop de morceaux et du mal à faire le choix… Et puis il y eu la rencontre avec Vincent qui s’est passée. On a travaillé en amont avant le studio pour faire le point sur tous les morceaux avec lui: analyse tout ça, avec sa vision ce qui nous a permis d’arriver au studio plus serein.

SSeca:
Il vient du dub, mais c’est quelqu’un de très ouvert. Il avait ce kiffe pour le hip-hop, c’est clair, qu’il avait mis de côté un petit peu et qu’il a été super content de retrouver.

Shen Roc:
Et c’est tant mieux, parce qu’on aurait pas été chercher un mec qui fait du hip-hop par exemple.

SSeca:
Et il a aussi une expérience qui nous a bien servi.

Shen Roc:
Super rencontre.

Quel est votre regard vis à vis de la scène ?

SSeca:
Pour nous la scène c’est très important, faut que ce soit un minimum travaillé, tu peux pas te permettre de venir les mains dans les poches, tu balances ton texte. Il faut quelque chose à présenter au public et qui soit même autre chose que ce qu’on peut écouter sur l’album.

Shen Roc:
Y’a une grosse partie adaptation, mais on adore faire ça. On repart de zéro. C’est un bon taff aussi à faire.

SSeca:
C’est qu’au bout d’un moment on se lasse un peu du morceau et on a envie de changer. Ça nous éclate et en même temps, ça surprend un petit peu.

Comment on gère une équipe comme Nouvel R : quatre rappeurs, un beat-boxeur, un Dj et un bassiste? Ça demande une vrai organisation.

SSeca:
On est 7 sur scène mais y’a d’autres personnes qui gèrent tout le merdier (rires). Un ingé son et un technicien lumière qui nous suivent depuis le début et font partie du projet depuis le début.

Shen Roc:
Et eux aussi ont une part active, jouent en même temps que nous, que ce soit au son ou en lumière. Ils sont pas là juste pour balancer le truc et puis fumer une clope.

SSeca:
Quoi que j’me demande des fois. (rires)

Il y a aussi une association, l’R De Rien, pouvez-vous m’en parler ?

SSeca:
Les bureaux sont à Angers.

Shen Roc:
Moi, mon métier officiel c’est intervenant pour l’asso. Sinon tout le monde participe à l’asso. Le but c’est que tout le monde transmette son petit savoir-faire dans sa discipline. Les 4 MC vont faire des ateliers d’écriture, les compositeurs des ateliers MAO, notre sonorisateur va faire des ateliers enregistrement… Après on fait un petit morceau avec tout le monde, on couche ça sur un CD, on fais un petit spectacle…

SSeca:

C’est aussi quelque chose que nous on a connu plus jeunes, où on allait faire des ateliers avec des groupes plus avancés.

Vous avez un regard assez critique sur le rap, je pense au morceau A Vendre. Quel image vous en avez aujourd’hui?

SSeca:
On parlait ouais, de vendre la musique comme un produit, de commercialisation, un peu de façon ironique déjà comme Whoops, qui nous ont amené à faire le deuxième album déjà.

Shen Roc:
Le rap a mis des années à s’imposer, à faire que ce soit vraiment quelque chose avec de vraies valeurs et aujourd’hui, on fait des trucs très fabriqués et c’est ce côté qui est un peu décevant.
Au moins ça a donné ça, plein de hip-hop différents pour plein de public différents.

SSeca:
Et si t’es un minimum curieux, t’es pas obligé de boire tout ce qu’on te met à la télé ou ce qu’on veut te faire écouter à la radio.

Un grand merci à SSeca, Shen Roc et tout le groupe Nouvel R pour avoir répondu à nos questions.

Photos : © David Gallard.

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