Avec Disiz The End, Disiz La Peste disait au revoir au rap d’un petit geste de la main et le sourire en coin. A croire que le sale gosse n’attendait que ça pour se jeter à corps perdu dans son nouveau projet.

Virage à 360° pour le rappeur qui ne nous avait pas franchement régalés en tueries ces derniers temps. Entre L’inspecteur Disiz, Ultra Beau Gosse et les interminables suites à Bête de Bombe il était franchement temps de faire quelque chose. « Peter Punk est né il y a 4 ans » raconte-il, un projet qui lui tenait à cœur donc et qu’il a laissé mûrir pour revenir sous une autre forme, comme l’annoncera le premier morceau Mutation.

D’accord ce n’est plus du rap à proprement parler mais c’est en ça que le disque devient intéressant. Comment l’homme va-t-il se débrouiller avec ce projet? Quelle direction va-t-il choisir? Et c’est finalement avec ce pseudonyme parfaitement choisi par ce petit garçon originaire de l’île des enfants perdus, que Serigne (son vrai prénom) devenu Disiz et aujourd’hui Peter Punk nous livre 13 morceaux pop/rock très inspirés, aux sonorités électro.
« Déjà quand j’étais plus jeune, au collège, je me cachais, pour écouter Gun’N’Roses et Nirvana« . Les références se font moins sentir sur cet album, qui d’une certaine façon reste façonné par ses racines hip-hop.

Ne vous attendez pas, donc, à entendre le désormais Peter Punk chanter comme Brian Johnson (quoi que sur le refrain de Jolies Planètes, il nous montre l’étendue des capacités de son organe vocal !). Non, Peter n’oublie pas qu’il a été un jour Disiz et ne laisse pas son public sur le bord de la route (il n’a d’ailleurs pas abandonné son pseudo de Disiz). On retrouve alors son flow de l’époque à peine déguisé sur Dans Le Ventre Du Crocodile, Rien Comme Les Autres, Les Monstres

« Disiz va faire du rock, QUOIIIIIII ? » On entendait déjà crier les fans de Poisson Rouge au scandale avant même d’avoir pu écouter une seule mesure du résultat final.
Et le résultat, est vraiment très prometteur. Disiz introduit son personnage de Peter Punk tout en subtilité avec Mutation, premier titre de l’album qui utilise la bande originale d’un dessin animé asiatique Akira. Pas besoin d’extrapoler, tout est dit dans le titre.

La suite de l’album est plus étonnante, musicalement d’abord. Le disque se révèle très inspiré, on sent que Disiz préparait ce projet depuis longtemps, lui qui citait déjà The Doors sur son dernier opus. Regorgeant d’idées, de subtilités et d’énergies, mariant les riffs bruts de décoffrage aux mélodies plus mélancoliques jouées à la guitare, Peter Punk offre au paysage musical français quelques uns des titres rock les plus frais qu’il ait été donné d’entendre ces derniers temps (Problème XXX ou encore Trans-Mauritania). Même s’il ne fouille pas trop du côté du punk comme pourrait le laisser entendre son nom, Peter Punk s’inspire de très bonnes influences comme Coldplay ou encore Artic Monkeys

Là où Peter Punk nous surprend à nouveau c’est dans ses textes. Elles sont très loin maintenant les rimes adolescentes de J’pète les plombs, on sent que l’homme a muri. Il nous livre une écriture plus poétique et travaillée qui change totalement des mots très crus et réalistes du rap. Je T’aime Mais Je Te Quitte par exemple est un amusant détournement du désormais célèbre « La France tu l’aimes ou tu la quittes ! », ou encore Faire La Mer qui est une autre façon pour Peter de parler de sexe. On est ici dans l’abstrait et le double sens. Dans Le Ventre Du Crocodile et Rien Comme les Autres peuvent être lues à plusieurs niveaux, de sa vie en banlieue à son passage du hip-hop au rock.

Sur la musique et les textes soufflent un vent de liberté agréable, qui nous pousse à nous intéresser un peu plus à ce personnage charismatique.
A se demander si Disiz n’a pas déjà été Peter Punk dans une autre vie.

Et les fans alors? et bien certains hurleront au scandale et l’autre moitié accrochera tout de suite. Ce qui est sûr c’est que Disiz ou plutôt Peter Punk livre aujourd’hui son projet le plus personnel et le plus touchant depuis bien longtemps. Celui qui se cherchait semble s’être enfin trouvé et ce n’est pas pour nous déplaire, en tout cas pas à ceux qui se donneront la peine de tendre l’oreille !

Tracklist :

  1. Mutation (intro)
  2. Dans le ventre du crocodile
  3. Rien comme les autres
  4. Yeah yeah yeah
  5. Je t’aime mais je te quitte
  6. Jolies planètes
  7. Faire la mer
  8. Trans-Mauritania
  9. Problème XXX
  10. Les monstres
  11. Paradoxe
  12. La Luciole

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