Exprimer la façon dont chacun apprécie la musique, revient à donner aux autres une vision très personnelle de soi et de ce que l’on ressent, de ce que l’on est à tel ou tel moment de sa vie. On pourrait presque dire en s’adressant à l’autre : «Dis-moi ce que tu écoutes, je te dirai qui tu es.». Je veux bien sûr parler de ceux qui vivent avec la musique, pour qui celle-ci est porteuse de tant de significations, qu’elle nous parle et avec qui nous échangeons en retour. C’est comme ça que je conçois le rôle utile de la musique. Il doit exister dans le monde des milliers de chansons à ce jour, si ce n’est des millions. Certaines ont traversé les époques et arrivent encore à atteindre nos oreilles aujourd’hui. Il en existe aussi qui sont éphémères, insignifiantes et programmées pour une courte durée de vie. Calibrées pour un succès commercial, qui ne durera sans doute qu’un été ou un hiver. Ce n’est pas de ces chansons dont je veux parler et ce n’est pas à ceux pour qui elles sont destinées que je veux m’adresser non plus.

La musique que j’aime, je l’ai dit plus haut, et j’y crois, porte un sens, une utilité : témoignage d’une époque, engagement social ou politique, vision sur notre monde et sur l’Homme en général… L’art jette un regard sur nous-mêmes, ce qui nous entoure, et nous le renvoie de façon à pouvoir s’interroger et restituer notre propre vision des choses. Et je pense que les chansons sont au centre de ça. Que cet art populaire capable de parler au plus grand nombre, tient aussi bien ce rôle, si ce n’est mieux, que la peinture, la littérature ou le cinéma.

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Mon flirt avec la musique a commencé alors que j’avais entre 12 et 14 ans. Pas vraiment encore passionné, l’intérêt que je lui porte aujourd’hui s’est révélé plus fort autour de mes 18 ans. L’Histoire du Rock, et ses innombrables personnages, a commencé à me fasciner, et plus que la musique en elle-même, c’est le destin de ces artistes qui l’ont créée et influencée jusqu’à aujourd’hui, qui m’a séduit. Des destins souvent tragiques, à l’image de ce que décrivait Dee Dee, le bassiste des Ramones dans son bouquin Mort Aux Ramones. Tout le côté « Sex, Drugs and Rock’n’Roll » un peu clinquant, qui m’a amené vers l’énergie pure que dégageaient les Stones, The Who, Led Zeppelin, Pink Floyd, Hendrix… est arrivé plus tard.

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Mon histoire avec la musique et le rock en particulier a commencé avec ces antihéros, aussi géniaux aux yeux du public que pitoyables dans leur vie privée. Connaître leur histoire, comprendre leur désespoir et leur solitude, c’était ça qui m’intéressait. Bien que je ne sois pas un dépressif chronique ou un loup solitaire (loin de là !), comprendre comment Jim Morrisson, Iggy Pop ou encore Johnny Cash pouvaient être aussi populaires et seuls à la fois, et avec quels moyens ils surmontaient tout ça, je crois bien que c’est ce truc qui a scellé définitivement mon intérêt pour le rock.

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Une seringue pleine d’héroïne trempée dans une cuvette de chiottes, et derrière se fait entendre Blitzkrieg Bop. Un cadavre retrouvé dans une baignoire, c’est This Is The End qui se met en route. Les pieds suspendus dans le vide, une corde autour du cou et Day Of The Lords résonne. Les chansons sont le meilleur moyen de sonder l’âme humaine, capables d’en extirper toutes ses émotions et ses ambiguïtés. Ainsi, elles nous parlent et à notre tour nous pouvons communiquer avec elles. Que vous racontent-elles à vous ?

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