Le Peuple de l’herbe ont répondu présents aux Z’éclectiques le 13 novembre dernier. J’ai eu l’opportunité de poser quelques questions à Sir Jean et Psychostick du groupe, plutôt relaxés, dans leur loge, quelques heures avant leur montée sur scène.

Pouvez-vous me présenter le Peuple de l’herbe ?

Psychostick : C’est un groupe qui s’est formé en 1997, par DJ Pee et DJ Stani. DJ Stani a quitté le groupe en 2005. Ensuite, est arrivé N’Zeng, le trompettiste, en 1999 et moi-même à la batterie. Jessy est arrivé en 2000. Jean nous a rejoint en 2007. Spagg, le bassiste a remplacé DJ Stani, qui s’occupait des machines, et qui fait de la basse également.

Pouvez-vous me parler du dernier album TILT ? Du concept ?

Psychostick : Justement, le concept, c’est qu’il n’y en a pas. Comme l’avant dernier album avait un concept, on souhaitait se démarquer de ce qu’on faisait avant. On souhaitait ne pas avoir de concept et faire des morceaux plus au feeling, plus à la première jetée, plus instinctif, moins réfléchi et plus libre.

On remarque une évolution dans vos différents albums. Comment pouvez-vous expliquer ce changement ?

Sir Jean : Le groupe ne s’est pas posé en tant que tel sur un style au départ. C’est parti à la base de deux DJs, qui ressentent la musique et qui assemblent des choses avec la musique des autres. Avec l’arrivée des autres musiciens, par exemple le trompettiste qui a une formation musicale autre, ainsi que Psychostick à la batterie qui a joué avec d’autres groupes et qui a tourné pas mal, les envies sont autres. Également dans la façon de retranscrire la musique, pas juste de rester aux machines mais de pouvoir faire jouer les instruments. Il n’y a pas une explication en soi. Ce n’est pas un plan tracé de se dire qu’on va évoluer chaque année, mais plutôt que les envies sont là. On se donne les moyens de concrétiser ces envies, et on fait avec ce qu’il y a autour. Le fait que Spagg arrive, par exemple, qui joue des machines mais en même temps de la basse, ça fait que finalement il y a un artiste qui est présent sur scène, et si tu ne l’utilises pas, c’est quand même dommage.

Psychostick : C’est un album où on a exploré le côté rock et les influences punk rock.
On ne considère pas ça comme un changement. On a toujours fait un peu ça, de ne jamais refaire ce qu’on avait fait avant, mais ça reste le peuple de l’herbe, avec des guitares saturées.

Le public a-t-il évolué depuis vos débuts ?

Sir Jean : Le public se rajeunit, il est toujours là ! La tournée arrive à sa fin, et on n’a pas fait de bide, on n’a pas vidé de salles, ni annulés des concerts. Les ventes d’albums sont ce qu’elles sont et les gens sont là.

Quels sont vos projets pour cette fin d’année 2010 et 2011 ?

Psychostick : Finir les 3 dates qu’il nous reste bien comme il faut, sur 110. Ça fait un an et trois mois qu’on est sur la route. On va se reposer et on commence à penser à l’autre album en novembre.

Vous avez des idées pour le prochain album ?

Sir Jean : On n’a pas d’idée vraiment précise, mais il faut toujours en parler en regardant les envies de chacun pour pouvoir synthétiser tout ça.

Quels artistes vous inspirent ?

Sir Jean : Nos voisins de gauche qui s’appellent Public Enemy, ils font partie des inspirations. Sinon, elles sont vastes : blues, rock…

Psychostick : D’Alain Souchon à Bob Marley, en passant par les Beasties Boys. On écoute de tout : hip hop, blues, rock, reggae…

Sir Jean : Quand tu prends les Ipods des mecs du groupe, c’est des références musicales en tous genres. Il y a des discothèques dans le groupe, je ne sais pas comment ils compartimentent les trucs dans leurs têtes, mais c’est assez large.

On vous prend pour exemple comme un groupe expérimenté, qu’est ce que vous en pensez ?

Psychostick : On s’est pris en mains et on a mené notre petit bonhomme de chemin sans faire trop de concessions, en s’entourant d’amis. Le côté humain ressort beaucoup. On fait vivre 12 familles, c’est important. On est assez fiers de ce qu’on est arrivé à faire, mais on ne se disait pas qu’on ferait ça pour 10 ou 15 ans. On fait un album, c’est bien, et si dans 10 ans on joue toujours et qu’il y a du monde, tant mieux.

Sir Jean : Le plus important est d’avoir pu conserver une certaine liberté, de faire les choses comme on avait envie de les faire. Au final, c’est ça qui compte le plus ! C’est plus un plan de vie, qu’une carrière que tu construis pour gagner des millions au bout de temps de production parce que t’auras sorti tel ou tel album. Bien sûr, on s’inquiète de comment ça marche parce que l’industrie du disque est ce qu’elle est aujourd’hui. Il y a moins de vente de disques, ça galère pour tourner. On se demande comment on peut rendre le truc pérenne et viable. On ne pense pas juste au mec qui joue mais à toute la famille dernière. C’est notre boulot, et c’est un boulot qu’on crée nous même quelque part. Faut qu’on soit carrés et sérieux. On a appris de nos erreurs, on a construit. Et plus tu gagnes de la liberté, plus tu te rends compte qu’elle est importante. Tu traces ton petit chemin…


Un dernier p’tit mot ?

Psychostick : On va les écraser les ricains de Public Enemy !

Sir Jean : Ils sont ennemis publics mais amis du peuple !

Psychostick : J’aurais dû faire une sieste. Hier soir, on a croisé des amis normands et on a bien fêté ça !