Le jeudi 29 novembre était un jour très spécial. Non seulement, car j’assistais à La Pietà Party organisée au sein de la boutique Ulule mais en plus, c’est en plein préparatifs de cette dite soirée, en début d’après-midi, que j’ai eu la chance de pouvoir poser quelques questions à La Pietà.

Comment tu te sens pour cette soirée ?

Bien contente d’être là et en même temps stressée, parce que c’est la date parisienne, la date où on invite beaucoup de professionnels, comme c’était organisé par la SACEM. La SACEM qui invite beaucoup de professionnels, donc forcément c’est plus stressant de jouer devant un public comme ça. Et puis en plus comme tu peux le voir, on joue dans un lieu atypique. C’est pas une vraie salle de concert, ça demande une organisation deux fois plus grosse que quand on fait un concert dans une salle classique, car là on s’est occupés d’amener la sono nous-mêmes, on l’a installée, de tout installer. On est tous sur le pont, donc à la fois contents et stressés.

Qu’est ce que ça représente pour toi ?

Justement c’est un peu une fête, ce qu’on appelle une release party, une fête pour la sortie du dernier EP c’est un peu comme les baby shower, on est contents de présenter le travail qu’on a fait pendant des mois. Et puis, en plus la particularité de ce concert, c’est dans l’enceinte de la boutique Ulule, parce qu’on avait fait un financement participatif sur Ulule et du coup les fans qui ont participé étaient invités aussi, c’est chouette de les rencontrer, leur faire découvrir les morceaux et tout ça.

La chanson « La Salle d’Attente« , tu dis qu’elle est très importante pour toi, tu peux nous en dire plus ?

Elle est très importante parce que le texte est particulièrement marquant, identifiant pour moi. Il y a des moments on se dit « J’ai réussi à dire exactement ce que j’avais envie de dire ». Ce genre de chanson où j’étais fière de moi. Et puis, c’est important pour moi, car c’était une volonté de marquer un tournant dans ce projet aussi. J’avais un peu peur de m’enfermer dans le carcan que je m’étais formée moi-même dans La Pietà, parce que je m’étais fait toute une mise en scène au début, avec l’histoire d’avoir un masque, de tout faire en noir et blanc etc. ça me plaisait vachement d’avoir ce concept-là. Mais en fait, je me suis rendue compte que les gens autour m’imposaient un peu le concept : « bah oui La Pietà faut que ça soit comme ça, faut pas qu’on voit ton visage… » et je me suis dit : « Oula, je suis en train de m’enfermer moi-même, je rentre dans mon propre piège » et j’avais envie de casser ça. Sortir un titre piano-voix comme ça, c’était finalement le plus punk que je pouvais faire, c’était d’aller à l’opposé de là où on m’attendait.

Les projets 2019, à part l’album ?

L’album justement, le gros projet 2019. C’est un projet que j’ai appelé La Boite Noire, c’est pas juste un album. C’est un objet dans lequel je veux mettre à la fois le nouvel album et une place pour pouvoir ranger les anciens EP, en plus il y aura à l’intérieur des sérigraphies, un extrait de mon roman. Il y aura pas mal de choses. Tout un projet qui va être assez lourd à faire, il y a beaucoup de choses à faire. Et puis en parallèle, on travaille le spectacle qui accompagnera la sortie de l’album. La nouveauté sur ce spectacle-là, c’est qu’on va commencer à intégrer beaucoup plus d’imagerie, de vidéos, etc. Pareil, c’est tout un travail qu’on va faire en 2019 et en parallèle j’ai l’idée aussi de faire une deuxième formule de spectacle. D’avoir deux formules de spectacles. Il y aura donc le spectacle électrique, énergique, tel qu’il existe déjà, qui sera accentué avec les vidéos et tout ça, et un spectacle plus petit pour des salles plus petites, qui sera plus en format piano-voix, qui sera plus centré autour des textes et plus proche de ce qu’on voit dans le clip de La Salle d’Attente.

La Pietà dans 1 an, 2 ans… ?

C’est toujours difficile de voir si loin, car c’est déjà beaucoup de travail de faire ce qu’on est en train de faire. Après des chansons j’en ai plein, j’ai mon roman que je continue et que j’aimerais bien sortir un moment donné. Donc il y a cette idée de faire un spectacle qui soit plus chanson, plus axé sur les textes, ça c’est pour 2019-2020. Et puis, j’ai en tête de faire aussi un spectacle pour enfants, ça sera plus pour 2020-2021, ça me tient beaucoup à cœur, donc je commence à y réfléchir sérieusement.

Et puis en parallèle aussi, c’est une partie importante du projet La Pietà, je fais aussi pas mal d’actions culturelles, des actions dans des collèges, dans des maisons de retraites, des hôpitaux etc. L’idée c’est d’aller mettre de la musique et des mots là où les gens ne peuvent pas forcément aller écouter de la musique etc. Ce sont des choses qui sont importantes pour moi aussi, ce genre d’ateliers d’écritures. Il y a pas mal de projets là-dessus dans les mois et années à venir.

Si tu ne devais pas faire de la musique ? (vis-à-vis notamment du clip Imbécile Heureux)

Cette expérience m’a vachement plu, j’adore être avec des gamins. Il y a 4 ans, quand j’ai déménagé dans le sud, je pensais complètement arrêter la musique et la seule chose qui me venait en tête c’était de devenir instit’. Et puis justement, il y a des projets qui se mettent en place d’actions culturelles avec des associations de gamins en milieux difficiles, ce sont des choses qui me parlent. Ça permet de lier le côté social et le milieu culturel, parce que c’est toujours autour d’ateliers d’écriture.

Je fais une action en EHPAD depuis la rentrée, ils sont contents d’écouter de la musique, parler de leurs histoires, écrire des chansons à partir de leurs histoires.

Si tu devais collaborer avec quelqu’un ?

C’est toujours difficile cette question. Pour l’instant j’en suis à chercher un réalisateur pour l’album, pour réussir à trouver le bon son donc c’est surtout ça ma recherche.

La collab’ avec un artiste connu ça vient un peu dans un deuxième temps, car il faut déjà trouver l’équipe technique avec qui ont fait l’album. Par exemple,  j’adore Orelsan, (il est tellement occupé que voilà). J’adore Cabdazi, j’aimerais bien, j’ai fait une petite formation avec eux, c’était Lulu, le chanteur du groupe, qui présentait leur parcours etc. ce qui est super intéressant. Ce sont des gens avec qui j’aimerais bien travailler.

Après, y’en a sûrement plein, toutes les collabs sont intéressantes, là j’ai cité deux artistes en français, quelque chose de cohérent. Mais faire une collab avec quelqu’un qui vient plus de l’électro ou qui chante en anglais au contraire ça peut être super intéressant de mélanger. Ou sinon, une ptite collab artistique qui pourrait être cool, faire un clip avec David Fincher ou Tarantino.

Ton rapport avec ton public ?

C’est super important les concerts car ça permet de voir les gens. Pour l’instant, on a pas un public énorme, une petite fanbase qui se fait au fur et à mesure, mais on est surtout un artiste en développement, donc la plupart du temps quand on fait des concerts les gens nous découvrent. C’est super intéressant de voir leurs retours après les concerts, quand ils viennent nous voir au stand merchandising et qu’ils discutent avec nous. J’ai remarqué que c’est un projet assez extrême dans ce que ça dit, dans la manière de faire percuter les choses aussi. Du coup, les réactions du public elles sont pas mal comme ça aussi. Y’a pas mal de personnes qui m’écrivent des messages enflammés parce que ça les touche énormément, car ça les fait pleurer, ça leur rappelle des choses, y’en a qui me pleurent dans les bras, qui me racontent des histoires à eux très dures. Y’a ce lien-là qui fait que ça touche les gens et qu’ils viennent me parler de leur vie à eux.

Comment arrives-tu à mettre une frontière entre toi-même et La Pietà ?

C’est pour ça que c’était important cette histoire de masque au début. Parce que dans mes précédents projets je trouvais que c’était très dangereux ce mélange qu’il y a souvent dans la musique entre l’interprète et l’auteur, entre l’auteur et le narrateur. Les gens s’approprient l’artiste en ayant l’impression de le connaitre par cœur, car ils ont lu les paroles et qu’ils se reconnaissent dedans. Et c’est dangereux car quand les gens nous disent qu’ils nous aiment, qu’ils nous adorent ou quand ils disent qu’on fait de la merde et qu’on est qu’une merde, ben c’est difficile de dire que c’est pas nous, que c’est le projet. Même si ce mot n’est pas forcément très beau. Mais j’avais envie que ce soit un projet pluridisciplinaire avec plusieurs média artistiques dedans. Que ce soit mon moyen d’expression, que je puisse jouer avec mais qu’il y ait cette distance par rapport à tout ça et justement La Pietà, ça a son aspect sombre assez désabusé etc. mais c’est une partie de moi, c’est pas qui je suis moi derrière le masque.

Le masque, c’était pour beaucoup me protéger, pour mettre cette frontière-là. Parce que j’avais besoin de me protéger à ce moment là, car j’avais souffert de mes précédentes histoires artistiques en maison de disque etc. Et là je pense que j’ai repris confiance, j’ai repris un peu mes épaules et que j’assume plus de pouvoir retirer le masque.

« Manger ta Douleur » est assez personnelle…

En fait toutes mes chansons partent de quelque chose de personnel mais après j’extrapole. Ça part souvent d’un bout d’histoire à moi dans cette chanson, mais après j’en fais un texte et je vais réfléchir à d’autres histoires. Mais c’est pas du début à la fin mon histoire. Je raconte mes émotions en fait mais pas mon histoire.

Ton rêve artistique le plus fou ?

J’avais un projet avec La Pietà au départ. C’était de faire un concert dans cinq lieux différents en même temps. L’idée c’était de jouer avec la notion de masque, d’identité, et que dans ces cinq salles, il y ait des figurants avec des masques qui jouent la musique et qu’on ne sache pas où est la “vraie” La Pietà. L’idée c’était qu’à un moment donné du spectacle avec des vidéos etc., la vraie La Pietà qui est dans une des salles, soit en direct dans les cinq salles. Mais ça c’est un projet qui réalisable, j’en ai parlé avec plusieurs personnes qui travaillent dans le numérique. Mais ça demande un vrai travail numérique, faudrait trouver des vraies équipes motivées car ça demande beaucoup d’argent. C’est quelque chose que j’ai toujours en tête et je pense que ça se fera d’une manière ou d’une autre mais beaucoup plus réduit que ce que j’avais envie de faire. Ce genre de choses.

Comme mon idée de La Pietà au départ c’était vraiment pluridisciplinaire (j’adore dessiner, peindre, la photo, la vidéo) et j’avais envie qu’il y ait tout ces aspects.

Et puis finalement comme j’ai été contactée rapidement par un tourneur, on a fait plein de concerts très vite et je suis super contente, mais ça n’intègre pas du tout le côté pluridisciplinaire.

Mon projet vraiment pour les mois et années à venir, c’est de réussir à faire un spectacle où il y ait de la vidéo, du dessin, pourquoi pas imaginer un dessin en direct par rapport à une musique, ce genre de choses, que ce soit mêlé à de la performance artistique.

Une pièce La Pietà !

Ouais, par exemple déjà la boîte que je vais sortir l’année prochaine s’appelle La Boite Noire. Une espèce de petite pièce, rendre ça en spectacle.

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